
Nostromo - Hysteron . Proteron (2004)
NOSTROMO - HYSTERON . PROTERON (2004)
A la vue de ce vieux micro typé 60ies, vous vous dites peut-être que je vais me mettre à vous parler d'un bon vieux disque de Hard Bluesy, genre voix lumineuse, solo bourré de feeling et mélodies à peine nappées d'un voile de saturation, avec de la patate, beaucoup de patate, une ou deux balades pour faire style on n'est pas que des brutes et hop, le tour est joué...
Non, pas du tout, Nostromo est un groupe de Grindcore.
Attendez, ne partez pas, moi non plus j’aime pas ça! Le Grind c'est moche, c'est pas mélodique (enfin pas au sens où l'entendent le commun des mortels), au mieux c'est drôle (personne n'a oublié le fantastique "viens faire la vaisselle sale morue" de ces chers Grosnibards) au pire c'est inaudible. Mais alors pourquoi vous parlerais-je d'un groupe de Grind? Parcequ'un gars a eu la fantastique idée de bourrer la tête de ces petits-suisses (rien à voir avec le décès en direct d'Alain Chabat) de faire un concert acoustique.
Oui, acoustique, à des mecs qui ne jurent que par le bourrin, le bourdonnement qui défoule, la voix qui écorche, le bruit. Six jours (peut-être huit, ma mémoire me fait défaut) de répétition sur des guitares sèches, sur divers instruments de percussions, le chanteur ayant logiquement la partie la plus facile ont été nécessaires à ce petit miracle, et ils en ont bavé. Quelques arrangements ont été ligotés au tout, histoire de faire tenir la sauce, car il s’agit à la base de titres provenant du répertoire Grind de Nostromo et non de nouvelles compositions.
La question est donc, qu’est ce que ça donne ? du Grind acoustique? Ce disque, Proteron (Hysteron est le nom du DVD documentaire fourni dans le packaging) formé de six petits titres incisifs d'un Grindcore tout en retenue, assuré par des cordes sèches, grattées, entremêlées. Il est assez difficile de retranscrire par écrit les impressions que procure ce disque. C'est comme si vous aviez enfin entre vos mains le disque que vous allez pouvoir faire écouter à tout le monde, mêmes vos collègues anti-métal, votre grand-mère qui vous regarde à chaque fois d'un oeil de plus en plus ahuri avec vos t-shirt de Metallica, Sepultura ou Cannibal Corpse, et même, même, votre petite amie qui ne jure que par Céline Dion (c'est franchement pas de bol pour vous)
Bien sûr, c'est facile, cet album n'a rien de métal, c'est de la gratte acoustique. Tu nous as déjà fait le coup avec Damnation d’Opeth, Chips, on n'est pas dupes, c'est un vague rock, peut-être progressif...Ca ne va rien changer du tout!
Faux, archi-faux, ce disque c'est du métal en barres, la démarche de Nostromo est plus à comparer avec celle d'Apocalyptica à ce titre, sauf qu'on en reste aux grattes, qu'il y a toujours des percussions (pas toujours de la batterie) et qu'en plus les mecs de Nostromo savent composer des tubes. Ce disque transpire le métal, il n'y a qu'à écouter "Selfish blues", c'est du Thrash. Du Thrash acoustique, peut-être, mais du Thrash, avec un T qui tue et un H qui tranche, avec sa base rythmique rapide assurée par les power chords et son chanteur braillard. Il murmure et il vocifère, tout ceci est juste légèrement atténué pour coller à l'ambiance, mais tout est là pour vous faire headbanguer, sauf qu’on n’y va pas totalement à fond, on se retient, on savoure, c'est…beau! Sauf peut-être sur "End’s eve", où pour nous changer les idées (quelle idée saugrenue), le gratteux a décidé de nous assurer un superbe solo bien bluesy. Pas très hardcore comme démarche, mais quand c’est bon comme ça, on en redemande et plutôt deux fois qu’une.
Alors, de la guitare acoustique et un chant hardcore, voilà qui convient en général difficilement au fan de heavy métal traditionnel. Je n'aime pas plus le chant Hardcore que vous et pourtant Nostromo m'a mis une claque avec ce Proteron. Le groupe qui jusque là ne s’était qu’exclusivement consacré à une musique extrême de chez extrême (et qui ne m’a franchement pas emballée) n’en s’est d’ailleurs pas remis, puisqu’ils ont splitté à peine 6 mois après l’enregistrement de ce disque (on sent comme une « révélation » chez eux lors des interviews du documentaire) pour s’adonner à divers projets moins métal…
Nostromo signe pourtant là un chef d'oeuvre. C'est en quelque sorte le "métal pour les nuls", un disque où on expliquerait tout à des néophytes, avec clarté, avec brio. On enlève juste la saturation pour que ce soit plus clair, plus facile à comprendre, pour qu'il ne nous reste plus qu'à apprécier.
5/5 bien entendu.
NB: Je précise pour ceux qui seraient encore en train de se poser la question que le Nostromo est le vaisseau du premier Alien...