
DEATH - The Sound Of Perseverance (1998)
Il y a des albums qui vous attrapent par les noix et qui ne vous lâchent plus. Celui dont au sujet duquel que je vais vous causer est de ceux-là.
J'imagine que vous connaissez tous Death. Chuck Schuldiner, Death-metal, cancer, toussa...
A l'époque, le bougre s'investissait sur son projet parallèle, Control Denied, et Death, c'était plus ou moins terminé. Jusqu'à ce que Nuclear Blast vienne le tanner pour qu'il ponde un dernier album de Death.
Rappellons que pépère sa savait gravement malade à l'époque, et qu'en plus, il se devait de succéder dignement à
Symbolic, considéré par beaucoup comme ZE chef d'oeuvre de Death. Tout ça combiné, on peut se douter que l'album a une saveur particulière.
Et c'est le cas. Chuck y met toutes ses tripes, toute son âme, toute sa passion pour la musique au sens large.
On peut considérer TSOP comme un album-concept. Concept résumé dans le livret : "
To all those you keep drowning in negativity : you will go down alone. Worry about your own life instead of criticizing other people's. Then you'll know what it is to live, rather than merely exist."
Et tous les textes sont à l'avenant : ce disque n'est qu'un majeur dressé aux critiques, à ceux qui passent leur temps à baver partout, à ceux qui lui ont chié dessus sous prétexte qu'il aurait trahi la cause du Death à force de mettre de plus en plus de mélodie dans sa musique (
Human at sight/Monster at heart - Spirit Crusher - Shallow are words from those who starve/For a dream not their own to slash and scar - Scavenger of Human Sorrow, et j'en passe).
Et il se lâche comme jamais : écoutez son chant ! On reconnait son timbre, mais il n'a jamais été aussi habité, aussi écorché... Il vit ce qu'il couine comme pour bien nous signifier que ce sera là le testament de Death.
Et on sent une volonté de faire passer un message positif : Profitez, faites des choses, découvrez, apprenez... Bref, faites en sorte de ne pas avoir de regret une fois sur votre lit de mort (
To forgive is to suffer/Once or twice is kind/ Three of four is blind/ It is not the end yet a way to begin - To Forgive is to Suffer, I am past, a story to tell/Tell it - Story to Tell).
Mais il n'a pas besoin de mots pour faire passer son message. L'instru
Voice of the Soul le montre bien. On démarre doucement sur une arpège acoustique suivie dun riff flamenco, puis une gratte électrique arrive, puis 2, puis 3, puis 4... Elles se superposent, se chevauchent, s'affrontent, se répondent, puis on termine en douceur, comme on a commençé. C'est d'une puissance d'évocation, d'une noirceur et d'une beauté absolument indescriptibles. Un voyage de 4 minutes. Et quand on sait comment Chuck a fini, impossible de ne pas l'écouter sans avoir la gorge qui se serre.
Pour ce qui est des titres les plus classiques, Schuldiner, sans doute conscient que
Symbolic est indépassable, s'est attaché non pas à faire mieux, mais à faire plus ; plus violent, plus technique, plus mélodique, plus tout.
Ainsi, quand ça bourrine, c'est d'une agressivité sans nom : écoutez donc les accélérations barbares de
Spirit Crusher, Scavenger of Human Sorrow et
Flesh and the Power it Holds.
Les passages lents sont littéralements écrasants de lourdeur, tels le riff rouleau-compresseur de
To Forgive is to Suffer et le refrain harmonisé de
A Moment of Clarity.
Les titres n'ont jamais été aussi complexes. Les changements de rythme sont légion, les mesures asymétriques n'hésitent pas à se manifester et Chuck nous balançe ses fameux riffs dissonnants dont il a le secret. Attendez, partez pas, c'est pas du prog non plus !
Ca reste accrocheur. Les mélodies sont encore plus travaillées que sur
Symbolic.
Voice of the Soul, évidemment, mais également le refrain Maidenien de
To Forgive, l'intro sombre de
Bite the Pain et les solos, qui sont tous de véritables chefs d'oeuvre de mélodie, de technique et de construction.
Intense... Un très grand disque, témoin du talent d'un zicos trop tôt disparu. Enfoiré de destin.