
BLACK SABBATH: Never Say Die
En 1978, Black Sabbath faisait déjà figure de dinosaure… Les deux albums précédents (Sabotage et Technical Ecstasy) ne s’étaient pas aussi bien vendus que les cinq premiers. Des tensions étaient apparues au sein du groupe, notamment entre l’ambitieux Tony Iommi et le plus terre à terre Ozzy Osbourne. Le 1er souhaitait s’orienter vers un heavy plus sophistiqué, voire progressif tandis qu’Ozzy ne voulait rien tant que revenir au style basique des vieux Black Sabbath.
Fin 77, Ozzy quitta une première fois le groupe et fut remplacé par Dave Walker, ex-chanteur de Savoy Brown. Il réintégra cependant le Sabbath Noir (dont les membres se trouvaient alors au Canada, afin d’échapper au fisc britannique) pour l’enregistrement de ce qui devait devenir Never Say Die. La pochette retenue a un je ne sais quoi d’inquiétant avec ces pilotes qui semblent s’apprêter à décoller pour un vol sans retour (un peu comme Ozzy qui réalisa là son dernier album studio avec le Sab).
N.S.D. est l’album maudit du Black Sabbath 1ère période (avec Technical Ecstasy). Il n’est pas très connu et traîne une sale réputation pas très justifiée. On ne trouve certes pas ici les riffs lourds et pesants des débuts. Le son des guitares est plus léger et mélodique. L’ambiance est globalement moins oppressante.
La première face, constituée de quatre titres, forme un ensemble cohérent ; si quelques nouveautés y apparaissent, on sent cependant une volonté de ne pas complètement déconcerter l’auditeur. La face deux va permettre au groupe de s’aventurer dans de nouveaux territoires, quitte à provoquer l’ire des fans les moins tolérants.
Le morceau d’ouverture est celui qui donne son nom à l’oeuvre. Never Say Die, au son sec et tranchant, se révèle assez incisif et entraînant. C’est la chanson la plus connue du lot, sortie en 45t avant la parution de l’album et succès mineur (le single le plus populaire du groupe depuis Paranoid, quand même). A ma connaissance, c’est le seul extrait de N.S.D. a avoir été repris sur scène par Ozzy au cours de sa carrière solo. La fin de Never Say Die, avec le solo typique de Iommi et ce « Never say die… » final, prononcé par cette voix inquiétante m’a toujours particulièrement plu.
Johnny Blade, morceau de métal futuriste, introduit par les synthés inquiétants de Don Airey, est certainement la plus grande réussite du disque.
C’est le récit des « exploits » de Johnny, « the meanest guy around his town », qui finira dans le caniveau. Les solos de Iommi sont ici particulièrement inspirés. Il est franchement regrettable que ce petit chef-d’œuvre ne soit pas plus connu.
Junior Eyes est un autre titre bizarroïde. Plusieurs écoutes sont nécessaires pour l’appréhender correctement. Le refrain, avec sa montée en puissance, est bien amené.
Enfin, Hard Road (l’autre single, qui se classera N°33) , une sorte de boogie, termine la 1ère partie de N.S.D. La particularité de Hard Road, c’est que l’on peut y entendre Tony Iommi (dans les chœurs avec G.Butler) pour la seule fois de toute la carrière du Sab.
Nous arrivons maintenant à la deuxième face d’origine, plus variée mais aussi plus inégale. On commence par Shock Wave, heavy metal efficace et contenant un fantastique solo de Iommi (c’est l’époque où il a commencé à soigner davantage ses solos que ses riffs). Le son léché nous éloigne de l’esprit des classiques du groupe. Mais les paroles sont inquiétantes à souhait : « You can’t escape the fate of the chosen ones… This time you realize that you’re gonna die.”
Air Dance et Over To You sont des compositions plus soft, proches du progressif, avec des arrangements extrêmement fouillés, de piano notamment. Sur Air Dance, l’atmosphère est sereine et romantique, « aérienne » même : « The days grow lonely for the dancing queen and now she dances only in her dreams .» Le groupe est absolument méconnaissable. Ecoutez en particulier le solo.
Break Out est un court instrumental jazzy ( !!!) très controversé, avec sa section de cuivres.Suit le relativement violent Swinging The Chain, qui a la particularité d’être chanté par Bill Ward. Cela n’en fait pas pour autant un morceau impérissable malgré un sympathique harmonica.
L’album NEVER SAY DIE ne profitera aucunement du succès (relatif) du single. Il se vendra assez mal. Le groupe tourna cette année-là pour fêter ses 10 ans d’existence. Mais l’ambiance n’était pas à la fête. D’ailleurs, le jeune groupe de 1ère partie n’eut pas de mal à voler la vedette aux vétérans du Sabbath Noir. Son nom ? Van Halen... Quelque temps après, Ozzy Osbourne allait être viré du groupe.
