Métal progressif
Awake pourrait résumer à lui seul tout le métal progressif: sombre, tourmenté, lyrique, émotionnel, technique, atmosphérique, enivrant...
En fait, ce disque est une descente dans les abimes de la folie: de la routine déprimante et grise (6:00) à l'amour impossible (Space-Dye Vest) en passant par le mensonge (The Mirror, Lie), tout y passe.
Et ça commence très fort avec 6:00 : groove implacable, riff énorme, production claire et tranchante, chant éraillé... On est là un cran au dessus de Images and Words, malgré ce qu'en disent certains. Le solo de clavier au milieu du morceau est vraiment excellent et groove fichtrement bien. Bref, on tient là une intro tout simplement énorme.
Et quand on sait que le reste de l'album est de cet acabit, on ne peut que ce dire: comment font ces gars-là? Sont-ils humains??
Si Caught in a web et Innocence Faded, assez "classiques" pour du Dream Theater tendraient à le laisser prouver, la longue suite progressive A Mind Beside Itself finit d'achever de convaincre l'auditeur que non, ces gars-là ne sont pas humains. Comment font-ils pour gérer tous ces changements de tempo, mesures asymétriques?? Comment font-ils surtout pour nous proposer une musique aussi émotionelle malgré tous ces passages techniques?? La classe, tout simplement...
Ce morceau commence par un instrumental inhumain mais avec des passages beaux à pleurer (le thème de The Silent Man joué au clavier puis à la guitare). On enchaine ensuite sur le plat de résistance, Voices, qui alterne avec maestria passages atmosphériques chant/piano et grandes envolées lyriques, et arrive, vers la 8ème minute à un solo jouissif joué avec une Wha Wha. Après ces 9 minutes de bonheur, A Mind Beside Itself s'achève sur The Silent Man, magnifique ballade acoustique. En 20 minutes, Dream Theater réussit ainsi à nous transporter d'un bout à l'autre du spectre émotionnel, de la tristesse à la joie, puis enfin à la mélancolie.
La suite descend quelque peu en terme d'intensité émotionelle. Les deux morceaux suivants, The Mirror et Lie, s'enchainent et sont les morceaux les plus heavy du Dream Theater période Kevin Moore. Si The Mirror est une chanson agressive et expressive, Lie, quant à elle, est sublimée par ses 2 solos de guitare inhumains de l'ami Petrucci.
Mais Dream Theater, c'est aussi des ballades magnifiques et plus originales que la moyenne des ballades heavy, comme nous le prouve l'excellent Lifting Shadows off a Dream, typée U2 et dotée d'un solo plein de classe (et pas démonstratif, comme quoi Petrucci n'est pas le branleur de manche que certains pensent qu'il est...).
Le dernier morceau épique de l'album, Scarred, est assez classique mais vraiment très bon, avec une très belle intro.
Enfin, comment évoquer Awake sans parler de Space-Dye Vest, véritable joyau atmosphérique qui ferait pleurer le plus endurci des fans de Manowar si celui-ci faisait l'effort de l'écouter? Je ne développerai pas plus sur ce morceau, il suffit de l'écouter pour comprendre.
Bon, je pense que tout le monde le sait, tous les musiciens sont (ou étaient pour James LaBrie qui depuis a beaucoup perdu niveau vocal) des bêtes de technique, pas besoin d'être un spécialiste pour le remarquer.
Pour l'anecdote, c'est TheKorner, grand fan de prog' devant l'éternel, qui m'a fait découvrir Dream Theater

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5/5