
ARCH ENEMY - Doomsday Machine
N'en déplaise aux frangins Amott et à leur bande,
Arch Enemy n'aurait jamais connu le succès dont il jouit aujourd'hui si la fort charismatique Angela Gossow n'avait pas rejoint le groupe en 2001 pour l'album
Wages of Sin. Comment un petit bout de femme comme elle peut-elle pousser des vocaux aussi absolument inhumains et faire la nique à pas mal de mecs en la matière ? Toujours est-il que ce détail a attisé la curiosité de pas mal de metalleux qui, passé l'effet de surprise, ont pu juger par la même occasion de la très bonne qualité musicale proposée par la formation.
En ce qui me concerne, je n'étais pas spécialement fan du groupe. J'ai découvert celui-ci avec
Anthems of Rebellion, le précédent album, et je dois bien avouer que c'est la voix qui m'a rebuté. Beaucoup trop typée black metal à mon goût, malgré une hargne franchement étonnante qui aurait pu convaincre.
Puis est arrivé ce
Doomsday Machine, que j'ai écouté là encore par curiosité... Et là, sans être absolument conquis, il y a du mieux ! Angela Gossow a en effet vocalement évolué vers mes préférences, à savoir un chant un poil moins furieux, mais beaucoup plus orienté death metal, et donc bien plus agréable pour mes petites cages à miel fragiles. Et musicalement alors ? Hé bien, rien à redire, le groupe propose des morceaux très orientés thrash/death metal avec franchement beaucoup de bonheur et de variété. "Taking Back My Soul", "Nemesis", "Carry the Cross", "I Am Legend/Out for Blood", "Skeleton Dance", "Hybreeds of Steel", "Matchkampf" ou encore "Slaves of Yesterday" s'avèrent aussi intéressants et mélodiques que ravageurs, et font preuve d'une technique instrumentale absolument époustouflante, sur laquelle vient se greffer de manière fort naturelle la voix d'Angela, sans que cette dernière ne monopolise pour autant l'intégralité des morceaux.
Au menu des bonnes surprises, il est très réjouissant de constater que les Suédois (hé oui, encore des Scandinaves) commencent à empiéter sérieusement sur le terrain jusque-là réservé aux Finnois de
Children of Bodom, dans cette capacité à marier le rock n'roll et le death metal sur pratiquement tous les morceaux, ce qui confère à l'ensemble une fraîcheur bienvenue et un parfum d'intemporalité bien présent. On peut même dire que l'élève surpasse le maître, surtout lorsqu'on compare ce disque au décevant
Hate Crew Deathroll de
Children of Bodom.
D'ailleurs, et histoire de montrer qu'ils existent eux aussi, les musiciens se sont autorisé une petite fantaisie instrumentale aux forts relents jazzy, "Hybrids of Steel", qui ne fait que confirmer l'orientation musicale choisie par les Suédois. Un parti-pris certes risqué mais qui témoigne d'une certaine audace et montre bien à quel point
Arch Enemy est en train de se forger une identité bien à lui, qui va bien au-delà de l'intégration réussie d'une femme en son sein (

).
Reste toutefois pour le groupe à aller jusqu'au bout de sa démarche, car l'ensemble ne propose malgré tout pas grand-chose de neuf par rapport à tout ce qui s'est fait jusqu'alors en la matière. On a souvent l'impression d'avoir entendu tel ou tel passage quelque part, et c'est par moment un peu frustrant, d'autant plus que le groupe a du potentiel à revendre, on n'en doute pas une seconde !
Peut-être pour le prochain album ?