J'avais écrit un papier sur Les Shériff et je l'ai retrouvé sur un CD d'archives. J'espère que certains partageront mon goût pour ce groupe...
Les Shériff, le meilleur groupe français
Les Téléphone étaient les premiers, les Shériff seront les meilleurs. Issu de la scène alternative des années 80 (Mano Negra, Garçons Bouchers…), le groupe montpelliérain trouve ses racines dans le punk rock américain. Plus Stooges que Sex Pistols, plus Ramones que Clash. Riffs tronçonneuse, accords barrés plaqués ad lib, acharnement, obstination et mélodies évidentes.
Prêts à en découdre
Mais la foi, l'énergie juvénile sont là. En ces années 80 où la pop électronique rassemble les suffrages, les Shériff fourbissent les Gibson, prêts à en découdre. Au fil d'innombrables concerts et d'une poignée d'albums, ils affinent leur style et un deuxième guitariste vient renforcer la bande. Les chœurs, marque de fabrique du groupe, deviennent plus subtils. Porteur supplémentaire de mélodies, on est souvent tenté de les brailler plus que les refrains !
Car si le groupe est speed et branché sur le 220, il n'en demeure pas moins mélodique. Pas au sens «pop américaine» du terme mais dans le sens «chantant», «immédiat». Jamais les Shériff ne cèdent à la facilité du punk oï, parfumé à la Valstar, éructé sur quatre mauvais accords. Sans conteste les pistoleros ont trouvé les quatre bons : les hymnes s'alignent («Panik à Daytona Beach», «J'aime jouer avec le feu», «Condamné à brûler»…).
Côté guitares, l'association des deux malfaiteurs de la six-cordes provoque des étincelles : les riffs se combinent et explosent. Une efficacité très australienne… Les gratteux incorporent désormais des solos, taillés dans le vif, hyper mélodiques. Véritables chansons dans la chanson, ils enrichissent l'ensemble.
Ouanetoutrifor
En concert, fidèles à la tradition Ramones (encore eux !), le groupe enchaîne les morceaux jusqu'à l'essoufflement, le KO technique… A peine le temps d'hurler «1, 2, 3, 4» ou le titre de la suivante. Le tout avec l'accent car jamais les Shériff ne tenteront de cacher leurs origines : les yankees n'ont qu'à bien se tenir. Mais ils n'exploiteront pas pour autant les clichés du genre (alors que le moindre rappeur se demande comment bien prononcer «Marseilleucong»). Témoignage de cette authenticité sudiste, le live
Les deux doigts dans la prise, enregistré «dans un bar breton un vendredi 13» (sic). Cette phrase à elle seule résume la philosophie du groupe : simplicité, modestie, normalité. Ils sont proches de nous, mais aussi intouchables.
Poésie naive
Intouchables parce que purs, touchants de naïveté et finalement, de grâce. La rencontre de ces guitares abrasives, brutes de décoffrage et de ses textes légers, improbables de «normalité», parfois si crétins (toujours dans la veine des quatre New-yorkais cités plus haut) et à d'autres moments si émouvants. Poésie naïve, colères adolescentes, sentiments vrais, limpides. Olivier Tena, chanteur et parolier du groupe, raconte son quotidien, ancré dans la même réalité que celle de ses auditeurs.
A partir de
Soleil de plomb, une certaine mélancolie s'installe, et le chanteur s'essaye à des métaphores plutôt réussies — une première chez les Shériff («C'est pour bientôt», «Génération atomique», «Marteaux piqueurs»)
On s’étonnera de trouver de la beauté et de l’émotion dans un groupe alterno-punk français. Pourtant, croyez-moi, les Shériff valent le détour, pour peu que l’on passe outre les clichés qui collent au genre. L’émotion n’est pas une propriété exclusive de quelque «artiste» intello.…
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Discographie :
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Pan (3/5 pour le son)
Premier album. Le son est assez horrible et les paroles incompréhensibles. Tout le reste est déjà là. Avec le classique des classiques "Panik à Daytona Beach"
3, 2, 1, zéro (4/5)
"Fanatik de télé", "Jouer avec le feu", le naïf et magnifique "Plus de bombes"... Meilleur son, paroles compréhensibles ! Ouf.
Le grand, le maigre, le petit et le gros (4/5)
Très bon EP, avec "De toutes les couleurs" très poignantes même si stupide.
Du goudron et des plumes (3/5)
Le style s'affine, un deuxième gratteux arrive, les choeurs sont plus riches.
Les deux doigts dans la prise
Pour ceux qui ne voient pas de différence entre le live et le studio... Un des lives les plus intenses que je connaisse... Une synthèse des premiers albums... une sorte de best of idéal de la première période.
Soleil de plomb
Très gros son pour cet album enregistré en Angleterre. Et des perles ("A la chaleur des missiles", "N'insiste pas", "C'est pour bientôt"
Allegro turbo
Clairement l'album de la maturité. Mélodies super, textes plus travaillés, super son, et de l'émotion... ("Génération atomique", "Marteaux-piqueurs", "Tant de temps"...)
Pagaille générale
Un petit live enregistré en 8 pistes (il en faut pas plus aux Shériff pour casser la baraque). Une dizaine de titres seulement.
Electrochoc
La déception. Dernier disque du groupe qui a essayé de survivre au départ de Manu, batteur et compositeur unique.
Electrochoc c'est pareil que d'habitude mais en pas bien. Un seul titre accrocheur... Je l'ai revendu pour ne pas entacher cette série magnifique.






