La sortie
d’Inferno m’a réconcilié avec Motörhead, et après ma "monomaniaquerie" sur Bad Religion, c’est autour du groupe anglais d’être décortiqué. J’ai donc exhumé mes K7 poussiéreuses, téléchargés certaines choses (toutes achetées depuis d’ailleurs LOL)
Première analyse perso, il existe deux périodes essentielles dans la carrière du groupe. Avec ou sans Phil Campbell. D’autres changements sont intervenus dans le line-up du groupe mais il semble que ce soit Campbell qui ait fait évoluer Motörhead de manière plus forte encore que les allers et venues de Phil Animal Taylor.
Première période :
Je ne suis pas fan de la première période, même si c’est celle qui a rendu le groupe légendaire (et celle où il a peut être vendu le plus de disques). Fast Eddie Clarke a un jeu très "seventies", assez peu mélodique que je n’ai jamais aimé. C’est tout à fait subjectif mais ses interventions solos m’écorchent assez systématiquement les oreilles. Quant à ses riffs ils sont assez pénibles dans l’ensemble. C’est une hérésie, je le sais bien, mais bon… Au final on se retrouve avec des riffs pas terribles (pour la plupart) et des chansons quelconque.
On parole / Motörhead (1977)
L’album existe avec les deux titres mais proposent les mêmes chansons. Le groupe ne balaye pas tout sur son passage : encore ancré dans la décennie précédente, Motörhead est, pour la seule fois de sa carrière, purement rock’n’roll. Le disque a son charme et les chansons sont sympas. Lemmy rocaille déjà comme un primate. Le disque sonne évidemment daté mais c’est largement écoutable (même plus). Mais ce n’est pas vraiment représentatif de la carrière du groupe.
Overkill (1978)
Ce disque est une référence. Le style Motörhead est défini ici, les fondations posées. Et globalement (à part l’apport de Campbell), l’essence du groupe ne changera pas fondamentalement par la suite. On a donc droit à ce déluge de feu, cet ouragan qui emporte tout sur son passage : basse saturée et épileptique, double grosse caisse et up-tempo (l’intro de "Overkill" reste légendaire et reconnaissable entre 1000), grattes "tout à fond", solos bordéliques et chant éructé. "
Motörhead si c’est trop fort, t’es trop vieux" : le groupe est le combo le plus violent et le plus rapide du moment (il restera longtemps une référence dans ces domaines) et propose sur
Overkill quelques classiques : "Overkill", "Damage case", "Tear ya down", "No class"… Riffs qui tuent et "gueuleries" du meilleur effet quand le refrain arrive !
Bomber (1979) / Iron Fist (1982)

J’ai regroupé ces disques parce que je n’ai pas grand chose à en dire. Linéaires, ennuyeux, je n’ai retenu aucun titre vraiment fort par leurs riffs ou leur mélodie.
Ace of spade (1980)
Peut-être l’album le plus connu du groupe. Plus intéressant que
Bomber ou
Iron Fist, sans pourtant (à mon goût) être révolutionnaire. Quelques bons titres : Ace of spade, (We are) The road crew, "Love me like a reptile"...
Another perfect day (1983)
Ce disque voit l’arrivée de Brian Robertson (ex-Thin Lizzy) à la guitare (et donc le départ d’Eddie Clarke). Album mal aimé de la première période, certains lui trouvent beaucoup de qualité eu égard à la finesse de jeu de Robertson, un peu "à côté de la plaque" dans cet univers. Je n’ai rien entendu de tout ça. A part "Dancing on your grave", véritablement novateur (avec "Shine" peut-être) je n’entends que du Motörhead quelconque et pas très inspiré, Robertson ou pas.
A noter tout de même que "Dancing on your grave" influencera tout une scène punk UK (Snuff, Leatherface…), le titre mélangeant le mur du son habituel avec quelques arpèges saturés inhabituels dans ce genre. J’ai déjà parlé de ces groupes donc je vous laisse fureter sur le net ou vous souvenir des topics
Deuxième période :
Lemmy se retrouve tout seul après
Another perfect day. Il recrute deux guitaristes pour remplacer Fast Eddie : Phil Campbell et Würzel. Quant à Philthy Taylor, il est remplacé par Pete Gill (ex-Saxon). Entre deux albums le groupe sort
No remorse, un best-of qui peut permettre de découvrir la première période du groupe en étant assuré d’avoir vraiment les classiques sans se taper les daubes (je suis plutôt "contre" les compils d’ordinaire mais là ça peut fonctionner).
Orgasmatron (1986)
Premier album de la nouvelle formation. Et on entend le changement. Le son et le style sont devenus plus "metal", en s’éloignant du hard rock seventies distillé jusque là. Les mid-tempos s’alourdissent (heavy…) et les titres plus rapides se durcissent (metal). Au niveau chant, c’est toujours caillasse et papier de verre, mais on a droit a des lignes de chant un poil plus mélodique qu’à l’acoutumée.
Orgasmatron n’est pas le meilleur disque du monde, le groupe se met en place mais rien que pour "Deaf forever"…
Rock’n’roll (1987)
Ce disque a longtemps été mon préféré et c’est avec une pointe de déception que j’ai découvert dans le livre de Lemmy qu’il le trouvait un peu raté. Allez comprendre !

Pourtant il y a vraiment des chansons cartons là-dessus : "Rock’n’roll" dont la batterie d’ouverture renoue avec la tradition (cf.
Overkill), "Blackheart" (j’adore les chœurs), "Boggeyman", le colérique "Traitor"… Et puis… le tube… "All for you", la première chanson d’amour de Motörhead, un joyau pop passé dans un mixer overdrivé… C’est ce côté-là du groupe que j’adore en fait : proposer de l’émotion ou une 'tite mélodie noyés dans le maëlstrom, le volcan, les flammes du hard rock le plus implacable, décochés par des guitares barbelées…
La production de ce disque est très brute, très live, le son est beaucoup moins compressé que sur les disques suivants par exemple…
1916 (1991)
J’adore ce disque. Il démarre sur les chapeaux de roue avec "The one to sing the blues" et "I’m so bad (baby I don’t care )", deux titres qui tirent sur le rock 60ies relifté metal. On enchaîne avec "No voices in the sky", un tube puis "Going to Brazil", un autre gros rock’n’roll bien fun (paroles et musiques)… Changement complet d’atmosphère avec la doublette "Nightmare – The dreamtime" / "Love me forever", vrais fausses ballades et titres d’amabiance. Pas forcément écoutable à chaque fois, mais intéressant et vraiment expérimentaux pour Motörhead, réputé pour ne jamais changer d’albums en albums. Puis "Angel city", dans la veine de "Voices in the sky" ou "Going to Brazil", fun , très US (vu le sujet c’est normal) et super accrocheur. "Make my day" assez classique, "Ramones" le titre hommage (qui pourrait être un titre des Ramones), "Shut you down", classique lui aussi, et "1916", une sorte de ballade avec clavier et violoncelle et… pas de batterie ni de grattes saturées.
1916 est donc le disque où Motörhead a vraiment pris des risques, 4 titres proposant du jamais entendu, 3 autres suivant la voie ouverte par "All for you".
Terminons par un mot sur la production, résolument metal, chromé et chatoyante, plutôt sophistiquée pour le groupe. Peut-être l’album le plus accessible pour ceux qui veulent découvrir le gang. Le plus américain à mon avis.
March or die (1992)
Taylor se barre et c’est Mickey Dee (ex-King Diamond) qui le remplace. On retrouve sur ce disque le son assez "moderne" (et énorme) de 1916 avec plaisir. Motörhead mélange à loisir ses nouvelles voies musicales : gros titres qui tachent, chansons plus accrocheuses ("Stand", le super tube "Too good to be true", "Asylum choir"…) et à nouveau des choses "expérimentales". "I ain’t no nice guy" en premier lieu : vrai ballade, acoustique cette fois, avec la participation d’Ozzy Osbourne. Je n’aime pas trop ce titre mais reconnaissons qu’il fallait oser. Aussi osé (mais malheureusement moins réussi) que le "Nothing else matters" de Metallica, c’est dire ! Deuxième expérimentation (assez moyenne là aussi…) "March or die", sorte de titre pachydermique noyé de réverb clôturant l’album… Globalement un bon cru.
Bastards (1993)
Le quatuor reste dans la veine des deux précédents disques. L’ouverture du disque est cataclysmique : deux titres quasi punks ("On your feet" et "Burner") oscillant autour des 2’30 de speed. Mur du son trépidant, tout s’écroule autour de vous, c’est normal c’est
Bastards. Mention ultra spéciale (j’ai bloqué dessus 25 fois à la première écoute !) à "I am the sword", le genre de chanson du groupe que j’adore, mixant habilement émotion et missile sonique. Côté nouveauté heu… pas grand-chose. Enfin un peu… puisque cette fois deux ballades aèrent le disque, pour un résultat mitigé : "Don’t let daddy kiss me" est vraiment passable (voire mauvaise selon la tournure d’esprit du moment) et « Lost in the ozone » plus classique mais plus réussie.
Sur l’édition que j’ai chopé, j’ai eu droit à un bonus, la reprise de "Jumpin’ jack flash". Nullissime. Je ne comprends pas comment Motörhead peut sonner si plat et si "eau tiède" sur un titre de ce genre (rien à voir avec la reprise surpuissante du "Cat scratch fever" de Ted Nugent sur
March or die).
Sacrifice (1995)
Pas écouté. Le dernier disque à 4 avec Wurzel.
Overnight sensation (1996)
Le retour au power trio, Campbell se chargeant de toutes les guitares
Snake bite love (1998)
Pas écouté.
We are Motörhead (2000)
Pas écouté.
Hammered (2002)
Difficile de comparer pour le moment avec les albums qui précèdent, mais j’ai le souvenir que
Sacrifice était drôlement heavy. Tout comme ce
Hammered. On retrouve ce son métallique apparu avec Campbell, mais en moins US. On a quelque chose de plus fort, plus sale, plus "méchant". Le titre d’ouverture est excellent ("Walk a crooked mile") : harmonies vocales sur le refrain (jamais entendu ça avant), solo à rallonge et à ambiance sur le final (pour un total de 5’53), encore une expérimentation (et réussie cette fois) pour le groupe. Le reste est désormais classique et mélange à loisir riffs rock’n’roll / metal vraiment accrocheurs et réussis avec passages heavy parfois tendus. L’ensemble est assez tourmentée et sombre…
Inferno (2004)
J’avais déjà chroniqué ce disque. Je l’adore. Il ne comporte pas de « tubes » dans la lignée de "All for you" / "Too good to be true" etc. mais propose une série de titres heavy rock puissant aux riffs accrocheurs ("Killers" l’évidence même !!!). Et toujours ce "wall of sound" incroyable. Un des albums de l’année pour moi.
Après ce rapide tour d’horizon et cette "redécouverte" du groupe, je pense donc que Campbell est bien le dépositaire du style "moderne" de Motörhead, puisque c’est avec son arrivée (et celle de Wurzel) que tout a changé… et que tout est resté en place après le départ de Wurzel. En définitive c’est bien cet aspect du groupe que j’apprécie le plus, ce mélange très réussi de heavy sombre, de heavy rock avec cette touche mélodique, parfois quasi pop, qui vient éclairer tout ça. Ces quelques axes donnent au groupe toute son épaisseur, et font de Motörhead un groupe multi-facettes, beaucoup moins linéaire qu’il n’y parait et beaucoup plus riche que le monolithe bruitiste que l’on décrit souvent (par facilité ou méconnaissance il semble).
Enfin, Motörhead reste (pour moi) le groupe "le plus violent", car la colère de son leader, son cynisme ou son regard acide sur le monde, explosent dans nombres de titres (la lecture des paroles est assez intéressante dans l’ensemble), renforçant ainsi la violence intrinsèque du répertoire. En outre, il y a une morgue et une désinvolture dans la manière de riffer de Campbell, un truc un peu hautain et typiquement anglais que n’auront jamais les peinturlurés black, les démembreurs death ou les jumpers néo, trop occupés à savoir s’ils sont "true", vraiment "underground" ou "hype".
Voilà ! Je complèterai ce topic lorsque j’aurais « bouché » les trous qui restent dans ma discothèque. Voici un petit récap de mes appréciations. Bonne écoute.
On parole 3/5
Overkill 4/5
Bomber 2/5
Ace of spade 3/5
Iron fist 1/5
Another perfect day 1/5
Orgasmatron 3/5
Rock’n’roll 4/5
1916 5/5
March or die 4/5
Bastards 4/5
Sacrifice -
Overnight sensation –
Snake bite love –
We are Motörhead –
Hammered 4/5
Inferno 5/5