La tournée Virtual XI s’est achevée en Argentine dans une ambiance très lourde, Blaze Bayley, malgré des efforts incontestables, n’a toujours pas réellement convaincu, l’album ne s’est guère vendu hors d’Europe et sur scène il alterne le bon et le moins bon. Au sein du groupe, il ne fait d’ailleurs plus guère l’unanimité, on apprendra récemment que Blaze avait de sérieux problèmes de tout ordres, la pression qu’entraîne un groupe comme Iron Maiden exige un mental à toute épreuve, et celui-ci n’avait pas les épaules assez solides, le temps du changement est arrivé. Car de son côté Bruce Dickinson ne voit pas la vie en rose, ces albums solos, même si ils sont excellents, ne se vendent pas et le chanteur se voit cantonné à des petites salles voire à des premières parties, celle de Lynyrd Skynyrd par exemple. C’est le manager historique du groupe, Rod Smalwood, qui va mettre en œuvre la tant attendue réunion. Celle-ci est annoncée en février 1999, soit deux mois à peine après le dernier concert avec Blaze, cette annonce met fin a de très nombreuses rumeurs, il faut bien dire que c’était devenu un secret de polichinelle, et d’ailleurs la seule solution pour remettre Iron Maiden à sa vraie place dans le heavy métal.
Et outre le retour de Bruce au bercail, Adrian Smith est lui aussi de retour, la surprise est un peu plus grande pour ce retour là, Smith avait quitté le groupe depuis 10 ans et il ne semblait pas volontaire pour un retour, l’argent fait des miracles ?, ce retour est semble-t-il une idée de Dickinson, et vu que Gers reste, de justesse il semblerait et grâce au même Dickinson, Iron Maiden compte en son sein 3 guitaristes.
Si cette reformation a fait beaucoup d’enthousiastes, elle laisse aussi des sceptiques, l’argent paraît être la motivation principale au premier abord et Blaze comptait de nombreux supporters, ceux-ci voient en cette reformation une trahison et une compromission du groupe aux sirènes du business. En y repensant avec le recul, c’est sans doute un peu vrai, mais Maiden est un groupe comme les autres avec ses forces et ses faiblesses.
De plus, la tournée Ed Huntour, intercalée entre les séances de studios, donne vraiment l’impression que le groupe cherche à capitaliser au maximum sur cette reformation.
Mais les doutes vont être balayés en très peu de temps, la tournée en premier lieu est un succès et le groupe semble heureux d’être ensemble. Ce qui rassure aussi vient du fait qu’un producteur extérieur est engagé, Kevin Shirley (Aerosmith, Silverchair), car il faut reconnaître que les productions des albums précédents étaient très faibles. L’album sort le 30 mai 2000 et met fin à une attente insupportable, oui on va parler musique rassurez vous, attente entrecoupée par une promo très efficace, articles à foison, pré écoutes par ci par là.
Et le suspens prend fin, Iron Maiden retrouve toute son énergie et nous sort un album digne des grandes productions des années 80. Point de vue compositions, on remarquera que chacun met la main à la patte, Mac Brain excepté bien sur, et cela est très bénéfique, le talent de Dickinson et de Smith conjugué à ceux de Harris, bien sur, mais aussi de Janick Gers, grand vainqueur de l’album, et de Murray ne pouvait que donner du très bon.
L’album commence avec un morceau typique de début d’album, The Wicker man s’inscrit dans la droite lignée d’un Aces High ou d’un Man on the edge, celui-ci s’inspire du film du même nom, avec Christopher Lee (1973), c’est un titre rapide, avec un superbe solo de Adrian Smith, très efficace, le titre est idéal pour ouvrir l’album.
Ghost of the navigator est le 1er temps fort de l’album, il rappelle un peu les ambiances de Seventh son, il débute par une intro acoustique avant de s’énerver quelque peu, on pense à Infinite dreams par instant, le morceau évoque une épopée maritime, la partie instrumentale retranscrit à merveille les paroles, un morceau quasiment progressif.
Brave New World le morceau titre est plus classique, très maidenien si on peut dire, c’est un titre taillé pour la scène avec refrain facile à reprendre à la Fear of the dark, il s’inspire du roman de Aldous Huxley, le meilleur des mondes, 1932, mais son côté classique n’enlève rien à la qualité du titre, il a tout d’un futur classique.
Blood Brothers est l’un des deux ou trois chefs d’oeuvres de l’album, Steve Harris prouve encore une fois l’étendu de son talent de compositeur, le titre mid tempo, évoque la relation père fils et aussi est une vue sur l’état du monde actuel, la musique retranscrit parfaitement la gravité des paroles et les influences celtiques très présentes renforcent le côté nostalgique du titre, le refrain est tout aussi splendide, encore un must pour le live.
Entre deux titres mémorables, on trouve The Mercenary, assez rapide, il redonne du rythme à l’album, il sert plus de récréation qu’autre chose, c’est un titre comme maiden en a écrit des masses, ni excellent, ni mauvais, il se laisse écouter mais n’a pas la qualité de la pluaprt des titres de l’album.
Le niveau remonte d’un cran avec Dream of mirrors, 2ème chef d’œuvre de ce Brave New World, le titre, le titre est écrit en partie par Janick gers, celui-ci fait ainsi taire les critiques à son égard, sur cet album, la plupart des ses compositions sont remarquables. Le titre, qui parle des rêves prémonitoires, commence à la guitare acoustique sur la voix de Dickinson, ce passage est absolument magnifique, le morceau, assez long mais jamais répétitif, s’endiable ensuite, il faut noter la performance de Nicko Mac Brain sur tout le morceau, et le titre possède l’un des meilleurs refrains qu’ai écrit Harris.
The fallen angel est plus légère, une sorte de nouvelle récréation avant le pavé qui s’annonce, mais elle est plus réussie que Mercenary grâce à un chant bien puissant et à un bon refrain, malgré tout il reste en deçà de la qualité générale de l’album.
Nomad arrive ensuite, 3ème chef d’œuvre de l’album même si elle n’a jamais connu les honneurs de la scène. Le morceau parle des tribus guerrières du désert et évoque Lawrence d’Arabie, c’est un très long titre à ambiance qui peut rappeler To tame a land, les ambiances développés légèrement arabisantes et la voix de Dickinson adaptée à l’ambiance sur le refrain en font un très grand morceau, il faut aussi noter le rôle important des claviers tout au long de l’album et sur ce titre notamment.
Les deux derniers titres sont passés un peu plus inaperçus au départ, mais ils valent la peine de s’y attarder, Out of the silent planet n’a qu’un défaut, elle est un poil trop longue, sinon c’est un très bon mid tempo qui trouve une bonne accélération en son milieu, elle a tout du bon single, elle sortira d’ailleurs sous un format plus court comme 2ème single de l’album, un titre à redécouvrir.
The thin line between love and hate clôt de fort belle manière, c’est un morceau assez différent au niveau du chant, plus hard rock dans les intonations, musicalement assez heavy avec une fin tout en douceur, elle traite d’un thème récurent chez Steve Harris, les relations entre bien et mal.
Au final, on a un très bon album de Iron Maiden, tout à fait digne de la grande époque et doté d’un son en béton, Maiden mélange le meilleur de ses différentes époques, écoutez bien on retrouve un peu de chaque album. Ce n’est certes pas l’album absolu que certains attendaient, d’ailleurs ça serait quoi l’album parfait ?, mais le groupe prouve qu’il faut bel et bien compter avec lui en ce début des années 2000. Une excellente tournée suivra, avec quelques moments mémorables, bercy bien sur et le show du Rock in rio devant 250.000 brésiliens déchaînés, la chose sortira d’ailleurs en dvd.
La pochette en plus retrouve un peu de l’aura d’antan, avec une partie dessinée par Derek Riggs et une partie plus futuriste très réussie.
