
MANOWAR - Fighting the World (1987)
MANOWAR – Fighting the World (1987)
Si on devait coller un adjectif aux précédents albums de MANOWAR, ça donnerait quoi ?
En un mot :
Battle Hymns : épique.
Into Glory Ride : identitaire.
Hail to England : sanguinaire.
Sign of the Hammer : majestueux.
Qu’en est-il pour ce « Fighting the World » ?
Parmi la pléthore d’adjectifs qui me vient d’emblée à l’esprit (courageux, énergique, hargneux…), j’en isolerais un : révolutionnaire. « Fighting the World » véhicule suffisamment de révolte pour donner envie de renverser un gouvernement. Jamais MANOWAR n’enverra à la gueule de ses fans de maximes aussi fortes. Toujours relever la tète avec courage, accomplir sa mission, vouer sa vie au Metal, boycotter les médias… Les métaphores ne sont pas non plus en reste… D’un guerrier immortel assoiffé de sang en passant par une horde de combattants aux poings levés (« semblables à des marteaux » : "
Fists like hammers fill the air" sur « Holy War »), MANOWAR esquisse à travers des images simple une rébellion en marche.
Renouant avec ses premiers amours (époque « Battle Hymns »), MANOWAR rock et Heavymetalise à la vitesse de la lumière une musique intrinsèquement contestataire avec une fureur grandiloquente unique. Fighting the World est un majeur dressé à la face de la société. Envers et surtout contre tous. Un album totalitaire duquel transpire une passion, une rage et une audace qui surpasse la musique. MANOWAR, ce n’est décidément pas que de la musique.
A la lecture des paroles, on pourrait s’attendre à écouter un Metal de brutes, massif et impitoyable. Il n’en est rien. MANOWAR se veut avant tout « aérien ». En 9 titres et moins de 35 minutes pour le dire, le groupe a synthétisé les acquis des 4 précédents albums. Alternant les refrains instantanés, les riffs imparables et les mélodies audacieuses. Jamais MANOWAR ne mouillera autant sa culotte. On les attendait au tournant encore plus forts (encore plus « lourds » si je puis dire), ils surgissent trois ans après avec une légèreté désarçonnante.
Ce manque de « pêche » apparente détournera de cet album bon nombre des fans. Mauvaise raison. Pourtant, MANOWAR tape fort, très fort, mais à des registres différents. Comment comparer « Holy War », « Carry On », « Defender » ou « Fighting the World » ? L’énergie que dégage par exemple un titre comme « Carry On » est proprement indescriptible. Il y a suffisamment de courage et de force là-dedans pour partir mener tous les combats du monde. Le sourire aux lèvres.
Note : un petit 4/5
Morceau préféré du Canard : Carry on
Morceaux dispensables : Master of Revenge & Drums of Doom
Focus canardien : Defenders
Sans doute la perle de l’album. Pour la seconde fois, Orson WELLES prête sa voix pour introduire l’un des morceaux les plus épiques du groupe. Une mélodie brumeuse accompagne la narration lente, puis la batterie vient donner un nouveau souffle au morceau. Les paroles évoquent une transmission, une mission donnée de père en fils. Protéger la veuve et l’orphelin, défendre les siens. C’est naïf comme pas possible, mais on se prend au jeu. La voix de WELLES donnant une dimension mystique supplémentaire, ses dernières paroles tombent comme une charge céleste («
Defender Ride like the wind / Fight proud, my son / You're the defender / God has sent »). La réponse du fils ne se fait pas attendre («
Father, father, father / I look up to you and heed thy call »). Eric ADAMS est pour l’occasion transfiguré. Avec à la clé, peut être l’un des plus beaux passages du groupe. C’est en plein milieu de cet album contesté qu’Eric ADAMS choisit d’insuffler dans son chant toute la conviction du monde. Et jamais le Heavy Metal ne sera aussi flamboyant.