Line-up :
King Diamond : vocaux et claviers (avec le producteur Roberto Falcao pour les claviers additionnels)
Andy La Rocque : guitares
Pete Blakk : guitares
Hal Patino : basse
Snowy Shaw : batterie
Après un premier album convaincant et trois autres que beaucoup considèrent comme des chefs-d'oeuvre, King Diamond remet le couvert avec "The Eye", qui reste à ce jour l'album le plus "accessible" de sa carrière, le moins "rentre-dedans" avec ses morceaux plutôt courts et pour la plupart ultra-mélodiques, incontestablement l'album qu'il vous faudra si vous désirez initier quelqu'un au Metal en douceur tout en commençant par du KD
Sur 11 morceaux, seuls 4 franchissent la barre des 4 minutes, le tout est donc très "digeste", sans aucune longueur superflue, cet album est l'un des plus équilibrés de KD avec "Abigail"
Comme toujours avec KD, nous sommes en présence d'un concept album, sauf que cette fois, il ne raconte pas une, mais deux histoires distinctes, et, pour la première fois, deux histoires vraies et qui prennent place dans notre glorieuse patrie
La première histoire est le procès de Jeanne Dibasson (dont je n'ai pas réussi à trouvé de trace de l'existence, mais on peut sans peine considèrer qu'il y a eu bien des femmes ayant connu le même sort), supposée sorcière qui sera condamnée (d'avance) au bûcher par Nicolas De La Reynie, le premier lieutenant de l'histoire de la police française...
La seconde histoire est celle de Madeleine Bavent, une none qui entra à 18 ans au couvent de Louviers (en 1625), le Père en fonction, David, mourra peu après et sera remplacé par le Père Mathurin Picard qui droguera (voire plus si affinité

) les nones et se livrera à des rites sataniques tous plus horribles les uns que les autres... Madeleine réussira à dénoncer le Père Picard, qui finira sur un bûcher, ainsi que son complice Thomas Boullé (il est sûrement l'un des prêtre évoqués dans l'album, mais son nom n'y apparaît pas), quant à Madeleine, devenue complètement folle, elle sera condamnée à la prison à perpétuité, elle y mourra en 1647 d'après KD, mais j'ai aussi trouvé la date de 1653...
King Diamond inclut dans ces histoires un pendentif en forme d'oeil, qui ne joue pas vraiment de rôle, mais qui se trouve mystérieusement sur les lieux des différents drames.
Voilà en gros pour le "background" de l'album
Musicalement, cet album est le moins Heavy du groupe, le plus "FM" (attention, ça reste quand-même très largement du KD), avec (de mémoire) plus de claviers que la moyenne...
Les morceaux :
- Eye Of The Witch : un mid-tempo Heavy "à la Mercyful Fate", avec en plus un "riff" de clavier entêtant qui s'incruste dans notre tête et nous fait partir dans une atmosphère particulière, KD y raconte comment l'Oeil (et le vin

) le font petit à petit sombrer dans ses visions, de même que l'artefact fait partir le narrateur dans ces funestes visions, ce morceau nous place dans une sorte d'état hypnotique pour mieux nous faire vivre l'histoire, comme d'habitude avec KD (et MF), le morceau alternera passages Heavy et accélérations pour en revenir au rythme initial, un bon morceau d'ouverture qui nous plonge directement dans l'atmosphère de l'album, on notera que les passages aigus du chant de KD s'annoncent plus lyriques, plus emplis d'émotion qu'à l'accoutumée (ce qui sera définitivement confirmé dans "Behind These Wall"), moins criards, moins stridents ;
- The Trial (Chambre Ardente) : le procès de Jeanne Dibasson, KD y incarne tour à tour le juge (voix grave, ton solennel et accusateur) et l'accusée (voix aigüe), le tout donnant un côté grotesque à ce procès qui l'est tout autant, c'est un mid-tempo Heavy de chez Heavy avec un riff bien tranchant et divers changements de rythmes et de voix, un excellent morceau plutôt théâtral, ce morceau pourrait servir de bonne réponse à la question "ça ressemble à koi du King Diamond ?"

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- Burn : un des trois morceaux speed de l'album, il raconte évidemment la triste fin de Jeanne sur le bûcher, comme dans "Eye Of The Witch", le fil rouge musical de ce morceau est un "riff" de clavier (qui sur ce morceau simule un violon) répétitif et entêtant, rien de bien particulier à dire, on passe en mid-tempo sur un passage pour revenir ensuite au rythme initial, c'est à mon goût le morceau faible et anécdotique l'album, pas mauvais, mais pas transcendant ;
- Two Little Girls : court interlude de moins de 3 minutes qui ressemble à une contine macabre avec pour seul fond sonore des claviers, mettant en scène deux petites filles qui trouvent l'Oeil dans les cendres du bûcher où Jeanne a brûlé, ne se doutant ni d'où elles se trouvent, ni de la nature de l'objet qu'elle viennent de ramasser, un morceau doux et joli, mais qui met mal à l'aise ;
- Into The Convent : ce morceau introduit la seconde histoire de l'album, racontant l'arrivée de Madeleine au couvent de Louviers où elle est accueillie à bras ouvert par le Père David, qui mourra peu de temps après, le lendemain d'une nuit où Madeleine se réveilla pour trouver l'Oeil sur le sol, et le mit à son coup, sans même savoir pourquoi, un mid-tempo plutôt intense qui réussit à nous faire ressentir la tension des évènements, un très bon morceau ;
- Father Picard : encore un mid-tempo, probablement l'un des morceaux les plus mélodiques de l'album, avec un refrain plutôt lyrique, presque planant, probablement le meilleur de l'album, cette chanson raconte l'arrivée du Père Picard, et comment, très vite il drogue les nones, le morceau retranscrit parfaitement la dualité de ce personnages, avec des couplets plutôts tendus, et un refrain presque magique, exactement comme un homme inquiètant qui sait très bien nous rassurer à son sujet... pour mieux nous tromper
- Behind These Walls : je le dis sans détour, ce morceau est pour moi le chef-d'oeuvre de cet album, et une de mes chansons préfèrées du King, c'est un morceau plutôt rapide basé encore une fois sur un riff de clavier (du clavecin cette fois) répétitf et obsessionnel, les couplets sont emplis de désespoir, les passages aigus du chant sont poignants d'émotion, c'est la descente aux Enfers de Madeleine, elle se détache petit à petit de la réalité sous l'influence des drogues, le solo final est magnifique, ultra mélodique et plein d'émotion (avec une basse qui suit admirablement), une très grande chanson ;
- The Meetings : encore un mid-tempo plein de tension lors des couplets, et très mélodique en ce qui concerne le refrain et les solos, avec une accélération pour le solo final, le morceau raconte une des sombres cérémonies auxquelles s'adonnent les prêtres fous et les nones droguées, un morceau assez sombre ;
- Insanity : morceau instrumental composé par le guitarise Andy La Rocque, pièce maîtresse du groupe avec le King, et, aussi étonnant que celà puisse paraître, surtout venant de KD, ce titre n'a absolument rien de Metal, c'est un morceau plutôt doux, mêlant guitare accoustique et électrique, l'ambiance est plutôt onirique et mélancolique, presque "New Age", il me fait un peu penser à l'instrumental de Pink Floyd "Terminal Frost", sur l'album "A Momentary Lapse Of Reason" (1987), me demandez pas pourquoi, j'en sais fichtre rien

, un très bon instru tout de même
- 1642, Imprisonment : le dernier morceau rapide de l'album, qui raconte le dénouement de l'histoire, le Père Picard et sa clique sont démasqués et Madeleine enfermée pour le restant de ses jours, un morceau bien dynamique, peut-être pas transcendant, mais ça bouge bien, ça fait bien headbanger
- The Curse : l'épilogue, King se tape un délire sur le pouvoir qu'il a maintenant entre les mains avec l'Oeil

, le morceau alterne mid-tempo bien Heavy pour les couplets, avec un timbre de voix dérangé (et dérangeant

), un peu genre "savant fou", et des accélérations pour les refrains avec chant suraigu et désespéré, je dirais que c'est le meilleur morceau de l'album avec "The Trial" et "Behind These Walls"
Pour terminer, je dirais que je me trompe peut-être, mais il me semble que c'est un peu l'album "oublié" de KD, j'en entends rarement parler et il me semble plutôt sous-estimé, en tout cas, je prends plus de plaisir à l'écouter que certains classiques, comme "Them" ou "Conspiracy", qui certes ont un grain de folie unique, mais qui peuvent facilement gaver sur la longueur, "The Eye" est beaucoup moins "gavant", on peut y revenir à n'importe quel moment avec toujours le même plaisir, en tout cas, c'est mon album préfèré de KD avec "The Puppet Master", "The Graveyard" et "Abigail".
Ma note : 7/10