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Re: Vos achats récents
Janéthefuckinjurist a écrit:
Je ne sais pas où tu as vu que le jazz n'avait à l'époque que des prétentions techniques ou intellectuelles. C'est terriblement réducteur comme vision et en raisonnant de la sorte, tu passes à côté de plein de bons albums des 60's et d'après. Même aux Etats-Unis, où la bataille a fait rage entre Coltrane, Art Blakey, Tatum, Monk ou Ornette Coleman pour savoir qui allait encore repousser les limites, Chet Baker, par exemple, n'a jamais recherché la complexité. Pas plus Miles Davis lorsqu'il inventait le cool, même si tu préfères mettre en avant "Sketches of Spain". Dans les années 60, il y a encore une poignée de jazzmen qui nagent à contre-courant. Et heureusement ! Avec Getz et Gilberto, on est dans un minimalisme suranné, nostalgique et qui, comme chez Chet Baker, séduit instantanément sans tomber pour autant dans la facilité.
Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit. C'est le genre lui même qui porte les germes de cette complexité depuis le début des années 40's, c'est ainsi et je n'y suis pour rien, depuis la révolution Parker/Monk/Gillespie. L'idée de base de Be-Bop, c'est bien que le public aille dorénavant retrouver l'artiste dans des petits Clubs enfumés (qui sentent le mégot froid et la vieille chaussette) pour écouter de la musique, pour analyser une performance, et plus pour danser comme avant. C'est le moment où on passe des big bands aux quartets ou aux quintets (dominés par un soliste) A partir de là, le but de la démarche n'est plus de plaire instantanément, mais bien de s'exprimer et de revendiquer sur le devant de la scène. C'est de là que tout cet aspect cérébral, intellectuel, froid provient. Le Hard-Bop, la Fusion, le Free-Jazz, le Post-Bop, les écoles scandinaves, le Jazz Modal... tout vient de ça. Même le Cool et toutes les autres formes de Jazz plus relâchées...
Et qu'il existe des formes plus abordables de Jazz (comme sur "Birth of the Cool", ou "Out of the Cool" qui lui fait écho), de la même manière qu'il existe des formes moins complexes de Musique Classique (ou moins violentes de Metal), ne me semble pas contredire cette idée. Ce sont simplement des formes qui ont réussi à intégrer d'autres éléments, d'autres influences, d'autres harmonies, peut-être plus à même d'attirer et de capter l'attention du public. Et ça ne les rend pas moins intéressantes ou plus mauvaises pour autant (enfin, Melody Gardot, Norah Jones et ce genre de saloperies si, mais c'est un autre débat).
Mais à chaque fois c'est pareil: dans un courant (quel qu'il soit), lorsqu'une frange de ce courant se radicalise et recherche à repousser les limites, une autre plus douce (ou "soft", comme tu voudras) apparaît pour contrebalancer son hégémonie. C'est bien en réaction au Be-Bop frénétique, intense et engagé que le Cool s'organise: soit un Jazz calme, nettement moins tendu, élégant, plus du tout conçu comme un instrument de révolte, etc...
Et si tu veux mon avis, je n'ai aucune préférence entre les deux écoles, seul le résultat final compte à mes yeux...
Janéthefuckinjurist a écrit:
Mais d'où tires-tu que Getz et Gilberto ont composé ce disque pour en faire délibérément quelque chose d'accessible ? Ce n'est pas parce qu'un disque a connu le succès qu'il a été créé dans ce seul but. Sinon Nirvana, les White Stripes ou même Hendrix, pour rester dans le rock, sont de dangereux opportunistes, qui ont sacrifié la complexité sur l'autel de l'appât du gain ! Là, on a deux artistes qui collaborent, qui tirent le meilleur de jam sessions improvisées sans se prendre la tête, et qui récoltent un succès monstre, de par la simplicité et la lisibilité de leur oeuvre.
Le Jazz West-Coast et la Bossa Nova sont deux courants musicaux extrêmement populaires et vendeurs (et accessibles, on y revient) à l'époque. Normal que leur rencontre, qui n'a rien d'une alliance contre-nature, ait attiré l'attention du grand public et que le succès commercial ait suivi derrière. Et puis il y a cette esthétique toute en rondeur, ce côté décontracté, ces titres simples qui chantent déjà dans l'oreille avant même qu'on ait posé le saphir sur la platine. C'est cela son accessibilité... Et je n'ai jamais taxé nulle part ces deux artistes d'opportunistes parce qu'ils ne proposent en rien une musique complexe et aventureuse, il me semble même avoir affirmé que leur succès était largement justifié et mérité (d'un point de vue commercial du moins). Ce n'est pas une tare; preuve en est, tu sais à quel point j'aime Marillion (qui n'est pas réputé pour être un groupe qui défriche, qui expérimente) à la folie...
Janéthefuckinjurist a écrit:
Donc au final, on se retrouve avec un album ovni, novateur dans la démarche (le premier à mêler jazz américain et bossa brésilienne), l'association, sûrement pas dans la technique ou l'instrumentation, mais qui près de cinquante ans après, demeure un classique intemporel. Justement parce qu'il n'a pas cherché à suivre un mouvement. Juste à exister, dans toute sa singularité. Après, on peut toujours dire que le succès de "Girl from Ipanema" a dopé celui d'un album peut-être pas excellent de la première à la dernière minute. Mais ceci vaut pour tous les albums de rock ou de jazz qui ont accouché de singles monstrueux. Même le "Time Out" de Dave Brubeck, avec ses incontournables "Blue Rondo à la Turk" et "Take Five" a fait couler beaucoup d'encre, notamment chez les puristes qui lui reprochaient un certain manque d'académisme jazz. Il était juste différent. Plus aventureux que ce Getz/Gilberto, certes, mais pas intrinsèquement plus homogène en termes de qualité.
Là aussi, je n'ai pas nié l'impact historique de cet album. "Dark Side of the Moon", aussi surestimé soit-il est historique: ce disque est rentré dans le patrimoine, et son succès l'à placé naturellement dans la catégorie des albums universels (connus et reconnus de tous, même de ma voisine de palier), quoi que j'en en pense. Et nos enfants (enfin les votre, moi j'en veux pas) continueront à l'écouter de la même manière que nous tous l'avons fait. Et c'est pareil pour "Getz/Gilberto". Je sais pertinemment qu'il a initié une vague, qu'il est majeur, tout ça (même si on pourrait finasser en affirmant qu'il n'est pas le premier à avoir inclus des éléments de musiques sud-américaines, merci Mr Gillespie !). Il est définitivement historique, nous en conviendrons tous, et il faudrait être fou pour avancer le contraire. Seulement, je cherche à savoir s'il réussit réellement dans son entreprise, voire même si d'autres albums peut-être plus tardifs ne réussissent pas mieux que lui. Et c'est là que nos avis divergent...
Sinon, je suis désolé mais le Brubeck est non seulement audacieux (ah, parvenir à faire swinger sur du Mozart!), mais en plus il est parfait, du début à la fin, quoi qu'aient pu lui reprocher les puristes...
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30 Juil 2012 11:30
Morgor
Crimson Idol
Inscription: 01 Mai 2005 18:11 Messages: 2591
ça me fait toujours marrer de lire que Dark side of the moon est surestimé. Par qui, pourquoi ?
_________________ J'ai compris qu'un amour platonique peut exister entre 2 hommes adultes et responsables. Les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables
Dernière édition par Morgor le 30 Juil 2012 15:53, édité 1 fois.
30 Juil 2012 12:23
Monsieur de Rastignac
Creature de la Nuit
Inscription: 10 Nov 2010 4:14 Messages: 656 Localisation: Metz
Par la presse Rock et les fans du groupe en général qui voient en cet album l'incarnation du génie humain, alors que son contenu reste relativement gentil et lisse. Par les détracteurs du groupe et tous ceux qui plus généralement s'agacent du succès de Pink Floyd, alors que le disque possède bien d'autres qualités (bon travail sonore d'Alan Parsons, une atmosphère unique, une certaine unité parmi les compositions, etc...)
Bref, un disque surestimé (en bien ou en mal) qui suscite forcément des réactions opposées, passionnées et extrêmes selon les individus depuis près de 40 ans.
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30 Juil 2012 12:47
Morgor
Crimson Idol
Inscription: 01 Mai 2005 18:11 Messages: 2591
Mouais, pas convaincu.
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30 Juil 2012 12:54
Janéthefuckinjurist
Long Distance Runner
Inscription: 15 Mar 2004 17:04 Messages: 3541
Idem. J'ai pensé ça dans mes jeunes années, lorsque j'étais dans un trip technico-Dreamtheateresque-crimsonien (c'est joli hein ?). Je ne comprenais pas cet intérêt démesuré pour Pink Floyd et ses mélodies évidentes. Alors que ce groupe, et Dark Side en tête, c'est un travail exceptionnel sur les textures sonores, les progressions harmoniques, les mélodies et ambiances, qui en fait oublier toute la technique qu'il y a derrière : travail sur le son des instruments, intégration de nouveaux bidules technologiques dans le processus de composition (séquenceur, nouveaux claviers, amplis et pédales dernier cri), mise en place chirurgicale, production audacieuse, en avance de plusieurs années, etc. Pink Floyd, c'est de la musique "d'intellos" qui séduit le "bas peuple", en masse. Et c'est loin d'être anecdotique. Peu l'ont fait.
Getz/Gilberto, j'y reviens, c'est un peu ça. Quitte à me répéter, j'y trouve de la simplicité, pas du simplisme. Ce dépouillement est mangnifiquement et poétiquement agencé. C'est tout simplement séduisant. Et sans doute plus abouti que tu ne le penses, si on en croit l'immense majorité de la critique jazz, qui voit en ce disque "un incontournable". A moins que celle-ci se soit liguée pour surestimer ce disque. ;-)
_________________ "So the choice is often between a well made master that used less than today's best gear or a very poorly made master that was captured accurately by more modern gear." Barry Diament
30 Juil 2012 14:51
Monsieur de Rastignac
Creature de la Nuit
Inscription: 10 Nov 2010 4:14 Messages: 656 Localisation: Metz
Janéthefuckinjurist a écrit:
Alors que ce groupe, et Dark Side en tête, c'est un travail exceptionnel sur les textures sonores, les progressions harmoniques, les mélodies et ambiances, qui en fait oublier toute la technique qu'il y a derrière : travail sur le son des instruments, intégration de nouveaux bidules technologiques dans le processus de composition (séquenceur, nouveaux claviers, amplis et pédales dernier cri), mise en place chirurgicale, production audacieuse, en avance de plusieurs années, etc.
C'est amusant de constater qu'à chaque fois que l'on parle du Floyd, et en particulier de "Dark Side of the Moon", le premier argument qui témoigne en faveur de la grandeur de ce disque soit celui de la production, tellement "futuriste" et en avance (si l'on en croit les fans), sur ce son qui lisse tout. Les aficionados mettent toujours en avant les mêmes ficelles. Ce sens unique de la "mise en ambiances" fait office d'écran de fumée, il permet de masquer habilement les carences en termes de composition du groupe, d'ordinaire peu habile dans ce domaine ("The Wall" et ses interludes d'ascenseur ou "Animals"). Si le groupe lui-même désavoue ses propres "chefs d’œuvre" (Waters et "Atom Heart Mother"), ce n'est peut-être pas le fruit du hasard.
Personnellement, je ne trouve pas la production de cet album infiniment supérieure à celle de "Relayer" ou de "Mysterious Traveller", si l'on souhaite prendre des albums qui datent de 1974. Des albums aussi bien produits à l'époque, ce n'est pourtant pas ce qui manque. Mais j'oubliais qu'une bonne production suffit amplement à transformer un bon disque en chef d’œuvre. Sinon, personne pour parler de la production de "Ummagumma" ? A moins que ce disque ne soit exclusivement constitué de vide...
Et très franchement, tous les groupes affiliés de plus ou moins près au Prog' avaient exactement le même rapport à la technologie. C'est à la fois une des caractéristiques inhérentes au genre (l'intégration d'instruments à la pointe du modernisme) et une de ses contradictions internes les plus vives: un grand intérêt porté à modernité et et la technologie (Wakeman devenu VRP pour le Birotron en 1978), et en même temps la crainte de progrès technologiques destructeurs (cf. "Karn Evil 9", et sa vision d'un monde dystopique où les ordinateurs prennent contrôle de l'humanité entière) doublée d'une glorification d'un passé lointain idéalisé (Genesis, et sa fameuse esthétique romantico-victorienne à partir de "Trespass") Et pour revenir au sujet initial, absolument tout le monde à l'époque (Yes, ELP, Frank Zappa, Herbie Hancock, Jean-Michel Jarre, etc) utilisait des synthés Moog, des ARP 2600 et/ou des VCS3. Le fait est que Pink Floyd, comme à peu près tous les grands groupes de son temps a également bénéficié de cette technologie. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il n'y a pas le "son et lumière" Pink Floyd d'un côté, et le reste du monde de l'autre côté: il convient de remettre un peu les choses en perspective, voilà tout...
Janéthefuckinjurist a écrit:
Getz/Gilberto, j'y reviens, c'est un peu ça. Quitte à me répéter, j'y trouve de la simplicité, pas du simplisme. Ce dépouillement est magnifiquement et poétiquement agencé. C'est tout simplement séduisant. Et sans doute plus abouti que tu ne le penses, si on en croit l'immense majorité de la critique jazz, qui voit en ce disque "un incontournable". A moins que celle-ci se soit liguée pour surestimer ce disque. ;-)
L'avis de la critique, on sait ce qu'il vaut depuis bien longtemps, comme leur crédibilité d'ailleurs. Moi, il me désintéresse totalement en tout cas. Cet avis qui consiste à définir la qualité d'une œuvre selon les lumière de la toute puissante critique me laisse perplexe. La critique aime se créer une hagiographie avec des bouts de ficelle et des miettes de pain, ce n'est pourtant pas d'aujourd'hui. A nous donc, de faire preuve d'esprit critique, puisqu'elle a renoncé à en faire preuve depuis bien longtemps (toujours ?)...
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30 Juil 2012 16:44
Janéthefuckinjurist
Long Distance Runner
Inscription: 15 Mar 2004 17:04 Messages: 3541
Je te trouve bien sûr de toi. As-tu au moins pu comparer les productions de 74 et celle de Dark Side sur un système décent ? Parler de son qui lisse tout à propos de ce disque est soit un fanfaronnade, soit une réelle méconnaissance du sujet. Sur ce disque, tout est en relief. Les sons fusent de part en part, tu peux sentir la texture de l'instrument, presque la toucher. Ce niveau de présence, de matière et de propreté est inédit à cette époque. "Atom Heart Mother" est une exception. "Ummagumma", c'est encore l'époque des expérimentations psychédéliques. Parle-moi plutôt de "Wish you Were Here" ou "Animals" si tu cherches des éléments de comparaison prog. Là on touche à ce qui se fait de mieux en matière de son dans les années 70. Même si j'en conviens, cette décennie est sans doute la plus riche en matière d'excellentes productions. Si "DSOTM" a été utilisé pendant tant d'années par les hi-fistes pour tester du matériel, ce n'est certainement pas un hasard.
Dès lors, il est bien trop facile de faire passer tous les fans du Floyd pour des "idiophiles". La ficelle est trop grosse. Le son n'est pas un prétexte destiné à masquer la vacuité d'une oeuvre. Il la couronne. Ne pas voir l'innovation sur Dark Side, ne pas entendre ce travail sur l'agencement des sons (car c'est là que réside le génie de ce disque, dans l'harmonie des textures, des couleurs, c'en est presque symphonique), refuser de percevoir l'utilisation de la technologie au service de la musique, c'est commettre une grossière erreur d'appréciation. Quant à la nouvelle technologie, tu as raison de souligner que c'est une caractéristique majeure, à la base même de la définition du rock progressif. Mais où d'autres n'en ont fait que des joujoux garantissant l'esbroufe (Keith Emerson en tête), la technologie n'a servi au Floyd que dans la recherche perpétuelle d'une musicalité exacerbée. Et aujourd'hui, là où certains passages de Yes (tu évoquais "Relayer", c'est un bon exemple), Genesis, Renaissance, Camel ou Gong ont sacrément vieilli (ou pris un charme suranné, c'est selon), la musique de Pink Floyd sonne encore actuelle.
Enfin, si tant de (bons) groupes les citent en exemple, comme influence ou comme source d'inspiration, si toute cette critique que tu mets dans le même panier et conchies continue à y voir 40 ans après un groupe exceptionnel, et si leur musique parvient à toucher autant le métalleux que le jazzeux comme le fan de musique classique, bref, si Pink Floyd continue de faire l'unanimité (ou presque !) après toutes ces années, il faudrait peut-être que tu penses à relativiser ton jugement. Ou si c'est si difficile, au moins à insuffler un peu de doute au milieu de ta pensée, qui me semble bien envahie de certitudes, surtout - et malgré tout le respect que je te dois, ainsi qu'à ta culture musicale - pour un jeune homme de ton âge. Le doute, c'est le préalable nécessaire à cet esprit critique dont tu te fais le défenseur... et qui n'exclut pas de se rallier à un paradigme !
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30 Juil 2012 17:24
Dark Schtroumph
Skeleton In The Forum
Inscription: 14 Mar 2004 23:12 Messages: 9025 Localisation: Savigny sur orge (91)
(c'est très intéressant votre débat, du coup je pense que ça serait bien qu'un modo déplace ça ailleurs)
Pas grand chose à dire car ça me dépasse, mais un point où je rejoins jané : je ne suis pas particulièrement fan de Pink Floyd mais en tout cas je trouve qu'en terme de son et tout simplement de zic des albums comme DSOTM ou WYWH vieillissent super bien. Je n'en dirais pas autant des meilleurs Yes qui ont souvent une composante un peu kitch (rien que le chant déjà...).
30 Juil 2012 18:39
Monsieur de Rastignac
Creature de la Nuit
Inscription: 10 Nov 2010 4:14 Messages: 656 Localisation: Metz
J'ignorais que l'on parlait de son, et non pas de musique. Visiblement, je me suis trompé de discussion, voire même de forum. Avons-nous conclu un partenariat avec Audio Fanzine récemment ?
Malheureusement pour ma pauvre pomme, je n'ai pas poussé le vice jusqu'à écouter toutes les tentatives de remasterisation de leur discographie entreprises depuis 25ans; néanmoins, je crois avoir écouté, analysé et lu (en particulier l'excellente biographie qu'Aymeric Leroy a consacré au groupe) suffisamment de choses à propos du contenu de leur discographie pour pouvoir me fendre d'un avis aussi clair et affuté que possible, quitte à écorner au passage l’idolâtrie béate que suscite ce groupe depuis 40 ans.
Janéthefuckinjurist a écrit:
Je te trouve bien sûr de toi. As-tu au moins pu comparer les productions de 74 et celle de Dark Side sur un système décent ? Parler de son qui lisse tout à propos de ce disque est soit un fanfaronnade, soit une réelle méconnaissance du sujet. Sur ce disque, tout est en relief. Les sons fusent de part en part, tu peux sentir la texture de l'instrument, presque la toucher. Ce niveau de présence, de matière et de propreté est inédit à cette époque. "Atom Heart Mother" est une exception. "Ummagumma", c'est encore l'époque des expérimentations psychédéliques. Parle-moi plutôt de "Wish you Were Here" ou "Animals" si tu cherches des éléments de comparaison prog. Là on touche à ce qui se fait de mieux en matière de son dans les années 70. Même si j'en conviens, cette décennie est sans doute la plus riche en matière d'excellentes productions. Si "DSOTM" a été utilisé pendant tant d'années par les hi-fistes pour tester du matériel, ce n'est certainement pas un hasard!
C'est donc ce que je croyais, merci de le confirmer. Pink Floyd a donc bel et bien cessé de faire de la musique en 1973 pour produire du son, conçu uniquement dans le but de tester des chaînes hifi ? Tu omets de dire que la production d'un disque n'est qu'une somme de moyens (techniques, technologiques, financiers, etc...) destinés à mettre en valeur le discours de celui-ci. Parfois, le vernis qui le recouvre a beau ne pas être très esthétique, comme c'est le cas chez Can (dont le travail sur un grotesque 2 pistes doit te faire hérisser le poil), mais la matière qui se cache en dessous fait montre de qualités pourtant insoupçonnées au premier coup d'oreille/œil.
Après, que la production de cet album te donne l'épiderme de gallinacée à chaque écoute, grand bien t'en fasse. C'est ton goût et je le respecte, je n'en discute pas. Mais j'ai tenté d'expliquer et de montrer, en des termes aussi clairs que possible, les limites de cet album. Et toujours tu relances le tapis sur ce fichu son ("qu'on peut presque toucher", la belle affaire !), sur des considérations externes et contingentes qui n'influent en rien sur les qualités intrinsèques à un album. En revanche, pas une ligne sur l'aspect trop conventionnel, sur le manque de rigueur de cet album, sur l'ennui que ses chansons procure, sur ses innombrables défauts, etc... C'est exactement ce que j'entendais par "ce son qui lisse tout". C'est là-dessus que je voulais que tu me répondes...
Et oui, au risque de te décevoir davantage et d'apporter de l'eau ton moulin (afin de que tu puisses blâmer mon "jeune âge" et mes "certitudes" tout à ta guise), c'est un travail de bonne facture mené par Parsons sur un multipiste analogique, ni plus ni moins. Ai-je émis une quelconque critique sur sa qualité ? Je ne le crois pas... Mais peut-être eut-il fallu que je m'esbaudisse comme tu le fais de cette production colossale pour paraître crédible à tes yeux. Merci, mais non, je préfère davantage les productions avec plus de caractère et de relief (Alan Parsons n'arrive pas à la cheville de Rudy Van Gelder ou Teo Macero)...
Et que la production d'un disque comme "Relayer" ait vieilli me semble normal, dans la mesure où ce disque a près de 40 ans de bouteille, il n'a pas été enregistré hier. Et pourtant à l'époque, il représentait ce qui se faisait de mieux. Pour un vieillard, ce disque tient encore bien le coup...
Janéthefuckinjurist a écrit:
Enfin, si tant de (bons) groupes les citent en exemple, comme influence ou comme source d'inspiration, si toute cette critique que tu mets dans le même panier et conchies continue à y voir 40 ans après un groupe exceptionnel, et si leur musique parvient à toucher autant le métalleux que le jazzeux comme le fan de musique classique, bref, si Pink Floyd continue de faire l'unanimité (ou presque !) après toutes ces années, il faudrait peut-être que tu penses à relativiser ton jugement.
Avec un tel sens du raccourci, tu remporterais des courses d'orientation. Donc, si la musique de Pink Floyd est aussi géniale, c'est parce qu'elle est universelle et touche tout le monde ? A ce train-là, j'en déduis que ni Frank Zappa, ni King Crimson, ni Naked City, ni Mr. Bungle, ni Dream Theater, ni même le Mahavishnu Orchestra (je prends les premiers exemples qui me viennent en tête) ne le sont, puisqu'ils ne touchent pas le grand public. Ou peut-être parce leur rigueur, leurs personnalités respectives ne sont en aucun cas conciliables avec une diffusion de masse ? Ou bien alors parce que les maquignons du 33 tours n'y trouvent aucun intérêt financier et que le reste du monde s'en fiche (ils ne savent même pas qu'ils existent) ?
Je crois intimement qu'on peut être un artiste très influent et à la fois médiocre, les deux propositions ne sont pas non plus incompatibles. On peut tout à fait parler de la carrière de Madonna, si tu le souhaites...
Mais encore une fois, tu oublies que le simple fait que Pink Floyd ait eu l'opportunité de connaître un tel succès de masse dépend en partie : -De son système de financement unique et (pour la seule fois dans leur histoire) novateur, dans la mesure où le groupe a fait appel au mécénat ainsi qu'au financement de sponsors, doublé d'un contrat plus que juteux chez EMI (dont je sais deux où trois choses sur les méthodes de fonctionnement) -Du succès relatif à la sortie de cet album, qui a permis à Pink Floyd de se faire un nom parmi le grand public. Album avant lequel il n'était ni plus, ni moins populaire que sa concurrence directe...
Point. Pas de considérations musicales là-dedans, seulement du marketing. Remarque, je n'ai absolument rien contre le marketing et je ne vais pas passer pour un gauchiste en guimauve outré; la musique reste la chose primordiale, qu'elle soit écoutée par dix personnes ou un million. J'aurais simplement espéré plus de fond, et moins de forme de la part du plus grand groupe du monde...
Dark Schtroumph a écrit:
(c'est très intéressant votre débat, du coup je pense que ça serait bien qu'un modo déplace ça ailleurs)
Pas grand chose à dire car ça me dépasse, mais un point où je rejoins jané : je ne suis pas particulièrement fan de Pink Floyd mais en tout cas je trouve qu'en terme de son et tout simplement de zic des albums comme DSOTM ou WYWH vieillissent super bien.
C'est logique, ces disques sont remasterisés environ tous les deux ans. Normal que tu n'aies pas l'impression qu'ils vieillissent... Dommage que tu n'aies que le son, mais pas la musique (contrairement aux Yes).
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Pink Floyd, c'est joli mais c'est chiant. D'ailleurs, si on veut relancer le débat sur 10 pages, Pink Floyd c'est du prog ou du rock psyché??
Les débats sur la prod c'est quand même un poil vain, à partir du moment où il faudrait tous se mettre d'accord sur la version et partager le même matériel pour démarrer un semblant de discussion Si on parle d'un album de la même année (il me semble), Close to the Edge a bénéficié d'un putain de remaster qui le rend pour le coup très actuel (clarté, définition des guitares et que sais je encore). Idem pour Crimson et Red (sorti un an plus tard ceci dit). Mais faut il réellement parler des remasters?
Bref, je ne suis vraiment pas certain qu'il y ait eu un avant et un après DSOTM en terme de prod, cela serait un poil trop manichéen et serait négliger l'impact tout bonnement commercial de l'album.
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Je fais parti de ces gens qui vouent une idolatrie béate au Floyd. Lors de la cérémonie des JO il y 'a eu Eclipse à l'issue de la montée de la vasque j'ai eu des frissons.
J'ai longtemps laissé de côté Dark Side, parce que je le considérait trop connu (quelque part pas assez "Underground") pour être honnête, ce que je pense toujours pour the Wall.
Et puis j'ai vu en 2006 Water à magny cours et j'ai changé d'avis.
Il n'est pas trop trop sophistiqué comme Atom Heart mother, ce qui le rendait injouable en live. Il n'est pas pédant comme Ummaguma qui n'est qu'un exercice de style individuel Il n'a pas de morceau plus faibles comme Meddle ou Atom Il ne tient pas sa cohérence du son ou du style comme Saucerful ou Piper at the Gates of Dawn Et surtout il est un effort collectif comme l'atteste le documentaire du Live à Pompei.
Les mecs avait 27 ans, ils étaient au sommet de leur art, à une époque où à défaut de défricher de nouveaux terrains musicaux, ce à quoi il avait participé précédemment, ils avaient la possibilité d'aller plus loins dans la production, l'image des Beatles précédemment.
Je ne te comprends pas lorsque tu évoques la faiblesse des compositions. Si on excepte Money que je trouve lourdaud, son statut de single n'y étant pas étranger, les morceaux sont fluide contiennent des passages aussi fort au niveau du sens que de la musique. The Great Gig in the sky est tout simplement magique. On peut pinailler en disant que c'est une chute d'un autre disque ou que la gonzesse a été payé des clopinettes, mais c'est être à côté de la plaque.
Pink Floyd était déjà bien installé en Europe, en particulier en France et bien sur en Angleterre où il avaient déjà atteint les premiéres places de charts, et c'est donc aux USA que DSOTM a leur a permis de cartonner.
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30 Juil 2012 21:18
Janéthefuckinjurist
Long Distance Runner
Inscription: 15 Mar 2004 17:04 Messages: 3541
Tu dérives Rastignac. Finalement, tu corresponds assez à ton pseudo, jeune ambitieux prêt à toutes les fanfaronnades pour emporter l'adhésion. Tu réduis mes interventions à la production quand je te parle de composition, de manière de construire une chanson par rapport à des sons. Et tu oses me parler de Madonna pour essayer de ridiculiser mon argumentaire. Tu es à côté de la plaque. Dommage que ton égo t'aveugle. J'espère que dans quelques années, tu reconsidéreras la question et feras preuve d'un peu plus d'humilité par rapport à la musique, la critique et tes interlocuteurs. Fin du débat pour moi.
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30 Juil 2012 21:25
Monsieur de Rastignac
Creature de la Nuit
Inscription: 10 Nov 2010 4:14 Messages: 656 Localisation: Metz
Ah, tu vois bien que j'ai choisi ce pseudo à dessein. Je suis prêt à tout pour éliminer les gêneurs...
Sinon, c'est dommage, je prenais du plaisir à échanger et notre discussion avait pourtant bien commencé. Vous m'en voyez le premier désolé de tout ça...
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30 Juil 2012 21:34
Behemoth
Long Distance Runner
Inscription: 22 Mar 2004 11:13 Messages: 4606
Janet, ma connaissance sur le sujet ne me permet pas de vraiment m'installer dans le débat, mais certains de tes arguments sont exempts de toute objectivité.
Sincèrement, les arguments de ce type ne donnent pas énormément de crédit à ta cause : "Si "DSOTM" a été utilisé pendant tant d'années par les hi-fistes pour tester du matériel, ce n'est certainement pas un hasard."
Et pourquoi pas? Et pourquoi cela ne serait pas un peu aussi pour caresser l'auditeur dans le sens du poil, car le but, ça reste de vendre. Vendre du matos en passant Zappa, Magma ou que sais-je, c'est tout de suite moins facile.
Pourquoi utiliser ce putain d'argument facile qu'est le consensus??? Celui-là même qu'on tente d'éradiquer depuis de nombreuses années sur ce forum.
Franchement tu renchéris sur : "et si leur musique parvient à toucher autant le métalleux que le jazzeux comme le fan de musique classique, bref, si Pink Floyd continue de faire l'unanimité (ou presque !) "
Mais merde quoi !!! Non, il ne fait pas l'unanimité, il n'émeut pas tout le monde, n'impressionne pas tout le monde, en fait chier de nombreux. Mais un peu noyés dans la masse des fans ceci dit.
A ce niveau là, on va bientôt me faire croire que Maiden est le meilleur groupe de métal du monde (ah, on me fait signe dans l'oreillette que si, car ils plaisent au black metalleux comme au fan de metal indus )
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30 Juil 2012 22:13
Monsieur de Rastignac
Creature de la Nuit
Inscription: 10 Nov 2010 4:14 Messages: 656 Localisation: Metz
Morgor a écrit:
Je ne te comprends pas lorsque tu évoques la faiblesse des compositions. Si on excepte Money que je trouve lourdaud, son statut de single n'y étant pas étranger, les morceaux sont fluide contiennent des passages aussi fort au niveau du sens que de la musique. The Great Gig in the sky est tout simplement magique. On peut pinailler en disant que c'est une chute d'un autre disque ou que la gonzesse a été payé des clopinettes, mais c'est être à côté de la plaque.
Je réponds brièvement à ça, histoire de clore le débat. Béhé a bien résumé, ça ne sert à plus rien d'en rajouter après lui...
Une simple comparaison avec "Firth of Fifth", "Starless" ou "Awaken" suffit amplement pour que le Floyd fasse "pschitt'", comme le dit le slogan bien connu. Et je ne me place pas sur le terrain personnel du ressenti, puisque les émotions de chacun sont de l'ordre de l'intime et ne se comparent pas (je comprends tout à fait que tu puisses être ému par ce morceau, même s'il ne me fait rien à titre personnel). Tous ces morceaux allient finesse d'écriture (le passage d'une quinte ou d'une sixte vers une autre dans "Awaken", sans l'air d'y toucher, fantastique), accroche mélodique, personnalité vocale, sinuosité, émotion, etc...
Je trouve les quelques notes de piano de Rick Wright au tout début très bien choisies pourtant, juste quelques petites notes suffisantes à créer un climat, pas besoin d'y ajouter quelque chose en plus. Mais Clare Torry vient tout gâcher avec ces hurlements à gorge déployée, elle en fait des tonnes, encore et encore, alors que c'est de retenue et d'introspection dont a besoin la chanson. C'est proprement insupportable, ce chant qui couvre complètement le reste des instruments, affreux. La chanson aurait clairement pu se suffire à elle même, et ils gâchent tout...
En ce qui concerne le reste, je n'y reviens pas, j'en ai déjà copieusement parlé précédemment...
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31 Juil 2012 4:30
Janéthefuckinjurist
Long Distance Runner
Inscription: 15 Mar 2004 17:04 Messages: 3541
Citation:
Pourquoi utiliser ce putain d'argument facile qu'est le consensus??? Celui-là même qu'on tente d'éradiquer depuis de nombreuses années sur ce forum.
C'est trop facile de faire passer mon intervention pour une ode au commercial, tu agis comme Rastignac. Que Madonna, Beyonce ou Justin Bieber vendent des caisses de disques, je m'en balance. Il n'y a pas de critique qui vaille, dans ce registre, tu le sais comme moi. Leurs albums ne supportent pas le poids des ans. Je ne défends pas ici le consensus temporaire mais un universalisme qui s'inscrit dans la durée. Maiden plaît aux métalleux en général. Le Floyd à à peu près tout le monde : du critique pointu de jazz au babache fan de Sheila qui n'écoute que de la musique que lorsqu'il conduit. Il y a très peu d'exemples de groupes/albums parvenant à transcender les clivages et familles de la sorte.
Pour ce qui est de la hi-fi, le public "audiophile" est en général plutôt éduqué à la musique. Il ne vient pas chercher du matos pour écouter des daubes sirupeuses, mais plus pour se repaître de classique, de jazz ou de rock de qualité. Si Magma ou Zappa ne sont pas écoutés dans les démos de matos, c'est aussi et surtout parce que le son de leurs albums (surtout Magma) est indigne du niveau du groupe. Mon intervention que tu cites portait pour le coup uniquement sur la production de Dark Side, "en avance" sur son époque en 74. J'en fais la démonstration à n'importe qui sur tout système sonore qui se respecte (et pour qu'il n'y ait pas de nouvelle méprise, je ne parle pas de remaster, mais d'édition originelle).
Fin de la parenthèse.
J'en arrive au coeur du sujet, Dark Side et la critique. En matière de rock, on a un corpus vieux de près de 60 ans, édifié par des générations de critiques, journalistes, musicologues et musiciens eux-mêmes. N'importe quel consensus basé sur des raisons uniquement ataviques aurait depuis volé en éclat. Je considère donc qu'ici on est au-dessus de ces considérations. Ce corpus a largement de quoi remettre en question n'importe quel disque, surtout avec le recul des années. L'intérêt pour Maiden est d'ailleurs tout relatif à ses yeux, ce que mon égo de fan peut tout à fait entendre, merci. Je sais encore dissocier "amour pour un groupe" et "portée de son oeuvre".
Le problème dans cette histoire, c'est que tout ce corpus a fait, continue de faire et fera sans aucun doute dans les prochaines années de Dark Side, un album incontournable, un sommet du rock (je ne parle pas de prog), un disque intemporel, sur des critères objectifs. Et ce, pas seulement en raison de sa production. Car c'est trop facile de faire passer l'ensemble des fans de Pink Floyd pour des "idiophiles", même s'il y en a. Et "Dark Side", que vous l'aimiez ou non, continue d'influencer de nombreux groupes, qui s'en réclament ouvertement (Radiohead, Pure Reason Revolution, Porcupine Tree et Steven Wilson, The Flaming Lips, Godspeed you Black Emperor et j'en passe).
Donc quand un jeune loup débarque et balaie d'un revers de main l'ensemble de ce corpus, en prétendant avec véhémence apporter la vérité sur ce groupe "qui ne sait pas composer", il y a deux solutions : soit on se marre devant cette forfaiture, soit on se dit que le type a un carafon qui ne passe pas les portes, se plaçant dans la posture de l'über-mensch qui apportera la lumière à la masse des moutons.
Ce qui ressort des interventions de Rastignac, mais aussi de la tienne, c'est que vous vous ennuyez en écoutant Pink Floyd. Sans doute pas pour les mêmes raisons (histoire de goûts, de perception de que doit être la musique, etc.). Mais vous faites de cette impression, de ce constat on ne peut plus subjectif, un contre-feu. Attention, on est là, on n'aime pas Pink Floyd. J'ai envie de dire : "et alors ?" Il y a bien des gens qui détestent Bach, chient sur Mozart, vomissent Coltrane ou gerbent sur Hendrix, etc. Certains nient même l'importance des Beatles sur la musique du XXe siècle. Que faire ? Reconsidérer la portée de ces oeuvres ? Remettre en cause le talent de compositeurs de leurs auteurs ? Réécrire la critique, sinon l'histoire ? J'ai moi aussi des goûts, des préférences. Il y a des choses réputées "essentielles" et "intouchables" qui me laissent froid. Ce n'est pas pour autant que j'ai l'outrecuidance de remettre en cause leurs qualités et toute la littérature qui y est associée.
EDIT : Pour finir, je ne résiste pas à citer ici Christophe Pirenne, dont la thèse de musicologie sur le rock prog fait autorité : "A partir de ce cadre technologique banal, Pink Floyd réussit à imposer une couleur propre. Celle-ci n'est pas obtenue par un recours à l'électronique, mais bien grâce à des manipulations inhabituelles d'instruments communs [...]." Ou : "En fait, ni les membres de Pink Floyd ni leurs admirateurs ne semblent se soucier de virtuosité. De tous les paramètres musicaux, c'est le timbre qui importe le plus [...]. L'essentiel de leur démarche est centré sur la création de climats [...]."
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Dernière édition par Janéthefuckinjurist le 31 Juil 2012 9:46, édité 1 fois.
31 Juil 2012 7:04
Morgor
Crimson Idol
Inscription: 01 Mai 2005 18:11 Messages: 2591
Pitain ce que j'aimerai savoir écrire comme ça !
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31 Juil 2012 8:39
Janéthefuckinjurist
Long Distance Runner
Inscription: 15 Mar 2004 17:04 Messages: 3541
Je cite Christophe Pirenne, mais tu peux aussi lire Aymeric Leroy (sur le prog ET sur les Pink Floyd), c'est très bien torché aussi.
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