MANOWAR – Hail to England (1984)
On fait du Heavy, poil au zizi.
Si les deux premiers albums de MANOWAR pouvaient donner l’impression de se chercher, coincés entre un Rock primaire et un Heavy assez sombre, Hail to England marque le début de l’affirmation artistique du groupe.
MANOWAR bascule donc assez nettement du coté Heavy de la force. Et quand MANOWAR bascule, c’est pas un glissement rikiki mais bel et bien un revirement bruyant, un tremblement de terre en marche, la foudre et le tonnerre sur mes pectoraux nus un soir de pleine lune. MANOWAR gaffe c’est pas des tapettes.
La direction est prise. Cap sur un Heavy guerrier et orageux. Hail to England est sans doute l’album le plus belliqueux du groupe. Tout dans cet album respire la bataille, le combat et le courage. Projetés aux milieux de combats fantastiques (assez dans l’esprit de TOLKIEN), ADAMS profite de ce basculement du groupe pour revêtir sa plus belle tenue de gladiateur pour harranguer la foule des fans sanguinaires. Les chansons se succèdent à la vitesse de l’éclair et les messages sont martelés avec une force peu commune (No voice of mercy, I laugh as I die, Suicide don't you know , We come to kill and kill again, Give the False ones death, In our eyes you emmortal- In our hearts you'll live forever...). De petites maximes hurlées avec une rage et une conviction peu communes. Le temps d’un album, nous voilà fin prêts à rejoindre dans des univers parallèles Joey et sa bande pour combattre des hordes de monstres fantastiques.
Evidemment, pour le premier hérétique venu, cet album sera taxé de basique, primaire et préhistorique. MANOWAR est ridicule. Oui mais ils jouent avec leurs couilles sur la table. C’est un style.
Pourtant derrière ces riffs monolithiques et totalitaires, derrière ces paroles immatures et à l’imagerie imprécise, derrière cette débauche d’émotions digne du premier adolescent venu... il est un formidable souffle épique. MANOWAR divise la planète en deux : ceux qui ne percoivent pas ce souffle martial vibrant (les Falses) et ceux qui l’ont capté. La mystique Manowarienne est ici ébauchée sur le fond comme sur la forme. Par delà la volonté du groupe, il faut creuser cette épaisse production brouillon, massive et inesthétique pour en apprécier le coeur des chansons.
On aurait tort de conceptualiser outre mesure la galette. MANOWAR se veut avant tout un groupe léger aux refrains volontairement bestiaux (suffit d’écouter celui de Kill with Power avec ADAMS qui hurle avec toute la conviction du monde « Die Die » pour comprendre). Hail to England est aussi un album de Heavy lourdingue doublé d’une trop courte durée et de paroles aux frontières du grotesque. Tout est question d’appréciation et de mesure. Reste « Bridge of Death » pour mettre tout le monde d’accord. La perle de l’album conclut de la plus belle manière qui soit cet album, donnant une ampleur et une cohérence insoupçonnée à l’ensemble.
Ceux qui feront l’effort de gratter un peu l’épaisse couche de sueur et de sang qui recouvre cet album découvriront un Heavy Metal unique et impitoyable. Pour les autres, pas la peine de gratter, MANOWAR est déjà parti loin devant, brandissant une hache ensanglantée d’une main et un crâne de False de l’autre.
Note : 4/5
Focus Canardien : Army of the Immortal.
Le morceau qui m'a fait adhérer à MANOWAR.
Le riff d’intro aspire tout. Même Eric ADAMS a du mal rebondir. Et la batterie suit en saccade à distance respectueuse ce terrible grondement bass / guitare. Le refrain arrive et ADAMS reprend des couleurs. L’émotion naïve vous prend à la gorge d’entrée de jeu. La métaphore du morceau est assez bien vue : les True Metalleux defendant la juste cause du Metal sont semblables à la valeureuse garde personnelle du Roi de Perse (les Immortels). Il est question de dévouement (You stood beside us the false ones / Cried.-Your love is judgment / You gave us life), de passion et surtout d’intégrité (In our eyes you emmortal In our hearts you'll live forever In our eyes you emmortal In our hearts you'll live forever). Cette fureur et cet amour excessif sont le fondement de MANOWAR. Alors le riff se répète encore un peu et ADAMS martèle son refrain avec un peu plus d'emphase. Et ça se termine comme ça a commencé.
