Introduce Yourself occupe un statut particulier dans la discographie de Faith No More, un album oublié à cause de l'absence de Mike Patton. Mais en se replaçant dans le contexte de sa sortie, il représentait une grosse baffe, le style Faith No More était déjà en place. Un buzz commencera à se créer autour d'eux aux USA et même d'autres groupes américains n'hésiteront pas à reconnaître leur talent et leur originalité, Metallica en tête.
Si We Care A Lot est le hit qu'on se plait à retenir, Introduce Yourself ne se limite pas à ça. Faith No More inaugure un cocktail explosif entre funk, pop 80's, hip hop et gros riffs heavy, bien que ces derniers soient tout de même moins présents que sur The Real Thing. Avec un son énorme (impressionnant pour un premier album !), de l'énergie à revendre et une aisance pour composer des hits au kilomètre, le groupe s'était préparé au succès, ça leur semblait tellement évident !
Il ne manquait qu'une seule chose finalement : un chanteur ! Même si il convient parfaitement à l'esprit Faith No More, Chuck Mosely chante super faux ce qui peut vite devenir insupportable, surtout quand il a le culot de doubler ses voix comme sur le refrain de Faster Disco. Une erreur de jeunesse sans doute, mais ils ne sont pas les seuls, Anthony Kiedis sur le premier album des Red Hot Chili Peppers ne vaut guère mieux, mais bon là c'est fait exprès.
Pour le look, on repassera également : survêtements verts fluo, casquettes à l'envers, chaussettes montées jusqu'aux genoux et trois paires de lunette pour Jim Martin. Enfin, ils ne mettaient pas leurs abdos en avant à toutes les occasions contrairement au groupe cité avant, c'est déjà ça !
On nage en plein dans les années 80 et ça s'entend, entre les grosses rythmiques pop 80's à la Simple Minds (Faster Disco, Chinese Arithmetic), les synthés colorés, presque enfantins et la basse en slap (Anne's Song, We Care A Lot), sans oublier les choeurs façon "fête de la bière", avec des "Oh oh oh" en pagaille.
Introduce Yourself est une de ces décharges qu'on n'a pas le temps de voir venir, heavy et catchy, un hymne d'une minute 30 qui sera présent jusqu'aux dernières années du groupe dans la set-list, avec We Care A Lot. Pas de doute, on tient là un produit typiquement américain, pas très fut fut et aussi beauf que le Licensed To Ill des Beastie Boys : un régal !
Mais il ne faut pas se leurrer, les versions live avec Mike Patton ont une toute autre gueule et des perles comme Chinese Arithmetic et The Crab Song ont fière allure sous cette forme ; elles n'ont pas à rougir face aux classiques de Real Thing. Dommage qu'ils n'aient pas eu l'idée lumineuse de réenregistrer cet album avec Mike Patton et des arrangements plus contemporains (un peu comme pour la version Patton de As The Worm Turns), d'autres groupes ne se seraient pas gênés pour le faire.
Certains titres apparaissent moins marquants : l'oppressant Death March et son riff bateau, Spirit et R n'R, sorte de Woodpecker From Mars mais avec du chant. Sans Mike Patton, il va de soi que Faith No More n'aurait jamais atteint le même succès. Mais Introduce Yourself pose toutes les bases, le mérite incombe au groupe. Tout le boulot était déjà fait et Mike Patton n'avait plus qu'à reprendre le chant à son compte.
Note : 3/5
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) Personellement, la voix de Mike Patton ne me dérange pas sur cet album, mais bon... Sur les albums suivants (Angel Duste et King for a Day...), la voix de Mike Patton est nettement plus maîtrisée et "adulte", et devrait plus te convenir. Par contre, la musique est nettement plus barrée et moins mélodique que sur the Real Thing.