Dernière chronique concernant les albums qui m'ont troué le cul depuis le début de l'année
Démarrant par un "The Illusionnist" dans la droite continuité de ce qu'était Symmetric in Design, le précédent effort des Suédois, on se rend compte que les progrès sont immenses. En à peine un an, Christian Älvestam a travaillé intensément son chant, cela se ressent par l'assurance dont il fait preuve dans tous les registres: les parties vocales claires sont en effet somptueuses et gorgées d'émotion, tandis que les parties death sont tout simplement monstrueuses ! C'est littéralement incroyable qu'un seul chanteur puisse faire preuve d'un contraste aussi saisissant au niveau vocal, tant on a l'impression que ce sont bel et bien deux chanteurs qui se relaient à tour de rôle au travers des morceaux qui parsèment ce disque !
Et les morceaux, parlons-en ! Beaucoup plus sombres, plus "dark" dans l'esprit que ceux de Symmetric in Design, les titres proposés ici font toutefois preuve d'une verve mélodique et d'une variété sans précédent, dans un style où l'on croyait que tout avait déjà été fait ! Musicalement au top, les musiciens font preuve ici d'une technique sans faille et d'une puissance rythmique éblouissante au service de compositions absolument irréprochables en terme de qualité. Tous les titres ont bénéficié d'un travail de composition de titan (comme le pur diamant "Slaves to the Subliminal", qui porte à merveille son titre), et l'enchaînement entre l'agressivité et la mélodie n'a sûrement jamais aussi bien fonctionné dans ce genre musical, les titres les plus accessibles de l'album ("Dreaming 24/7" et "Oscillation Point", aux refrains forts et prenants) s'insérant parfaitement au côté des plus brutaux mais toujours aussi excellents "Calculate the Apocalypse" (Raaah, ces rythmiques de furie, ces runs de guitares durant les refrains, ces... ces... !!!) et le très efficace "Abstracted".
Le groupe se paye même le luxe d'enchaîner le titre le plus mélodique de l'album ("Mind Machine", uniquement chanté en voix claire) et le plus sombre ("Pitch Black Progress", où le vocaliste assure uniquement des vocaux death proprement impressionnants au cours d'un break parfaitement maîtrisé) de manière si naturelle que cela ne choque jamais l'auditeur.
Bénéficiant d'une intensité qui ne fait que croître au fil de l'écoute, l'album atteint des sommets avec l'époustouflant "The Kaleidoscopic God". Enorme moment de bravoure, ce monument de plus de 7 minutes démarre par une rythmique aussi délicieusement malsaine que géniale, avant de s'aventurer dans un enchaînement symphonie-speederie intense, bourrée de blast-beats de furie supportant des riffs de tueurs ! Même pas le temps de reprendre ses esprits que déboule le dévastateur "Retaliator", véritable hystérie sonore où Christian devient totalement incontrôlable durant les couplets, à travers des vocaux se rapprochant de la folie furieuse, l'auditeur étant définitivement assommé par des soli de guitare tant déchaînés qu'empreints d'une véritable grâce !
L'album se clôt sur un "The Path of Least Resistance" où le groupe, frisant avec l'insolence en faisant semblant de se contrefoutre de la révolution sonore qu'il vient de créer, s'aventure discrètement, tout en restant foncièrement metal dans l'âme, dans les contrées électro.
Les frissons derrière nous mais complètement hagards, c'est bouche-bée que l'on tente fébrilement d'appuyer sur la touche "Play" de notre lecteur.
Que dire de plus ? Que Scar Symmetry vient non pas de révolutionner, mais de transcender le genre metal avec ce monument ? Que tout ce qui sortira aura désormais un goût bien fade après l'écoute de ce chef-d'oeuvre absolu (Kataklysm vient d'ailleurs d'en faire les frais avec son dernier opus) ? Que les Suédois ont accompli en l'espace de deux albums ce que d'autres auraient réalisé en quatre, voire cinq ? Que je recommande ce disque à TOUT LE MONDE, y compris Sylvain Coumoul*, qui serait bien capable de trouver un quelconque défaut à ce disque ("Le monsieur, il crie trop fort dans son micro !") ? Que vous pouvez vous foutre de ma gueule à la lecture de ma chronique du premier album des Suédois (surtout les dernières lignes ) ? Que Scar Symmetry, avec cet opus, vient de surpasser le Natural Born Chaos de Soilwork ???
Car oui, avec Pitch Black Progress, Scar Symmetry a atomisé les derniers éclats des limites déjà pulvérisées par Soilwork, s'aventurant dans les sphères célestes... Et tutoyant les Dieux !
Verdict: 5/5
Vidéoclip de The Illusionist
* rédacteur des Cahiers du Cinéma, pour qui "le metal est à l'Art ce qu'une vaginette est à l'Origine du Monde", pour reprendre ses termes
