HEAVEN AND HELL
http://www.heavenandhell.fr/

Metallica - Master of puppets
http://www.heavenandhell.fr/viewtopic.php?f=15&t=3733
Page 1 sur 3

Auteur:  Heavy REM [ 15 Déc 2005 22:39 ]
Sujet du message:  Metallica - Master of puppets

Image
Metallica - Master of puppets (1986)

Je me souviens précisément de ma "rencontre" avec Metallica. Quelques mois plutôt je m'étais jeté sur le hard rock comme un chien affamé, ingurgitant tout ce qu'il trouve, jetant des regards inquiets autour de lui de peur qu'on ne vienne lui arracher la pitance de sa gamelle. La foudre avait frappé et j'en resterai marqué à vie. D'ailleurs, malgré mes ricanements, je comprends les jeunes affamés d'aujourd'hui, téléchargeant à qui mieux mieux pour "rattraper le temps perdu". Malheureusement le téléchargement a un revers de la médaille, mais c'est un autre sujet.

Metallica donc… Tout a commencé avec "Phantom lord", enregistré sur une "radio libre" locale. La radio s'appelait "Fréquence verte" et deux gars, Rémi et heu… je ne me souviens plus, présentaient un émission de hard rock hebdomadaire intitulée "Cocktail rock". Le générique est resté longtemps un délicieux mystère. J'ai découvert, des années plus tard qu'il s'agissait de "Foreplay" de Boston, instrumental génial que je vous conseille, extrait du premier album éponyme de ce sympathique groupe.

Pendant ces soirées (les mardis je crois) j'écoutais le poste (un gros transistor à cassettes) deux doigts sur "Play" et "Rec", la main droite griffonnant les noms des groupes et les titres de chansons sur un bloc-notes.
Le problème avec cette méthode c'est que vous êtes certains de rater deux choses : le début de chaque chanson (pour peu que les types finissent leur phrase sur l'intro en plus…) et l'orthographe des groupes. Je ne vous raconte pas le jour où l'un des deux animateurs a annoncé un titre de Une gouine mal estime… (c'était l'excellent et terrifiant "Disciple of hell" extrait de Marching out). J'ai d'ailleurs cru un moment que Manowar c'était Manoir... Ahahaha...
Au fil des semaines je composais donc des cassettes sobrement intitulées "Cocktails rock", véritables best of du moment (Judas Priest, Sortilège, Wasp, Mama's Boys, ADX, Iron Maiden…) Voilà comment j'ai commencé. Venait ensuite "l'enquête" auprès des potes.
— T'as des albums de… hum… Une gouine mal estime ?
— Bien sûr…
Les K7 vierges s'échangeaient alors à la dérobée.
— Sur la face B tu pourras me mettre un truc de WASP ?
— On verra, ironisait le clouté... (salaud de bourgeois qui a une platine vinyle ou un double magnéto K7 !!!)
Et puis comme j'étais un putain de maniaque je précisais toujours :
— Ecris les titres sur un papier à part, je les recopierai moi-même sur la jaquette.
Un mec qui m'aurait copié les titres au feutre sur la jaquette de la cassette pouvait me gâcher ma journée. Enfoiré.

C'est donc lors d'une de ces innombrables et enthousiasmantes soirées "radio" que j'ai découvert Metallica. "Phantom Lord". Quelle claque dans la gueule. C'était à la limite du "too much". Je veux dire… j'étais pas un mickey, j'écoutais AC/DC, Motörhead ou Accept, autant dire des groupes de durs à cuire qui sentent sous les bras. Mais là, heu… c'était le tabassage en règle. Sur Kill'em all le groupe avait (pour la seule fois de sa carrière en fait) le son qu'évoquait son nom. "Métallique" à mort. Plus tranchant qu'une lame de rasoir, aussi délicat qu'une tronçonneuse. Je me souviens avoir écouté et rembobiné "Phantom lord" des dizaines de fois, augmentant le volume à chaque passage (et provoquant la fermeture de toutes les portes communicantes dans le petit appartement familial), habité par cette sensation jubilatoire de défoulement total et adolescent.

L'écoute intégrale de l'album m'avait un peu déçu (et me déçoit encore en fait), les autres titres n'étant pas à la hauteur de "Phantom lord" (j'ai un peu retrouvé la sensation provoqué par ce titre et son intensité avec certaines chansons du Hatebreeder de Children of Bodom).

Metallica c'était donc "sans plus" pour moi jusqu'à un samedi après-midi d'errance urbaine. Nous fréquentions régulièrement une salle de jeux vidéos ("La tortue" pour les deux autres perpignanais du forum) dans laquelle on croisait souvent des "hardos". Là, nous nous jaugions du regard, embrassant d'un seul coup d'œil la somme de notre bon (ou mauvais) goût, arboré à grands renforts de badges, patches, dossards et autres rangées de clous. J'arborai pour ma part un magnifique Live after death dans le dos, un Manowar sur le cœur, une rangée de clous (pyramidaux) sur les épaules, un bracelet clouté et un bon pesant de badges sur l'avant de ma fidèle veste en jean).
Entre deux rangées de jeux d'arcade (un Rastan Saga et un Bubble Bobble), un pote s'arrête pour saluer un type. Tignasse de cheveux frisés, mitaine cloutée (trop la classe !) et casque de walkman autour du cou, le gus sort une cassette : Master of puppets. Vision de cimetière apocalyptique. Le souvenir de la dernière émission de Cocktail Rock remonte en une demi seconde ("Le chanteur, James Hetfield a réalisé d'étonnants progrès et chante vraiment de mieux en mieux….") Pendant ce temps le hardos à la main gainé de cuir et de clous acquiesce, l'air connaisseur, nous assurant de la qualité de l'album.

Ce n'est que quelques semaines plus tard qu'un de mes fidèles compagnons de trainâge de baskets me file une BASF avec Ride the lightning (face A) et Master of puppets (face B).
J'arrive chez moi et glisse la cassette dans mon walkman (un truc rouge en plastique tout naze sans touche Rewind, obligeant à tourner la face pour rembobiner… les plus jeunes lecteurs doivent me prendre pour un mythomane et pourtant c'est vrai, et je n'étais pas le seul à posséder ce genre de trucs !)

"Fight fire with fire". Autant vous le dire, je voulais me tirer. Aller loin de cette furie, de cet abattage en règle, de ce pilonnage systématique sur lesquels Hetfield (ou était ce Hammet ? Je les confondais toujours ces deux là) aboyait, oubliant toute notion de chant, de note et de heu… Mélodie ? (oui j'étais déjà chiant à l'époque sur l'idée de mélodie). Je me souviens de cette chanson comme d'une épreuve, un mur du son infranchissable. Je ne pensais pas pouvoir supporter l'album dans son entier si ça commençait comme ça.

Heureusement la suite allait me permettre d'entrer dans le cercle, grâce à "Fade to black" bien entendu et "The call of Ktulu" ('tain ces mecs lisent Lovecraft comme Steve Harris et moi !!!)
J'ai écouté des tas de fois Ride the lightning, mais pas autant que Master of puppets.
Master of puppets est probablement moins novateur ou moins ceci ou moins cela que Ride the lightning. Mais Master a le son. Ce son incroyable, unique et iconoclaste. Pensez un groupe dont les guitares, au contraire de s'affiner, s'aiguiser, s'épaississent, assomment et arrachent plus qu'elles ne découpent… Faut dire que l'on pouvait difficilement faire plus "fil du rasoir" que sur Kill'em all. Du coup c'est maousse. A chaque coup de médiator (vers le bas) c'est une montagne qui s'écroule, du granit et parfois à "grande vitesse" (je mets des guillemets en pensant à tous les groupes 220 km/h actuel). Même en son clair les six cordes restent épaisses, tissant une toile arachnéenne d'arpèges pour mieux enserrer une proie promise à la morsure de solos venimeux. Hammet tente d'être à la hauteur de la folie ambiante, poussant ses interventions au bord de la rupture (phrasé schizo en écho déglingué au "in madness you dwell" de Hetfield, tirés de cordes hystériques "vais-je mourir ?"). Mais Kirk n'oublie pas de relever le défi de la mélodie. Sur les rythmiques moissonneuses batteuses et les intervalles tendus à l'extrême de son patron, il se faufile et glisse son feeling unique. Phrasé bouillonnant, sweep et wah wah ("Battery")… La classe.

Le plus incroyable avec cet album, c'est le sentiment d'étouffement général. Le son évidemment, la compression extrême des guitares et de la batterie (la claire de Ulrich sonne comme la grosse caisse de certains groupes !). Même la voix est systématiquement doublée, à la respiration près, pour augmenter l'effet rouleau compresseur.

Hetfield, moins criard que sur les disques précédents nous cause de la guerre, de la manipulation, du lavage de cerveau. Et quand accalmie il y a, Lovecraft et ses créatures innommables sont de retour ("La chose qui ne devait pas être"), menant à camisole ("Bienvenue au sanatorium"). Master of puppets est un album d'angoisses, angoisse de la folie, de la guerre, de la religion opium ("Leper messiah") et chaque instrument contribue au cauchemar, asphyxiant l'auditeur, rouleau compresseur laminant l'esprit pour le laisser vidé, lobotomisé face à la triste réalité de ce monde, un cimetière, un ciel apocalyptique et les mains rouges sang du marionnettiste.

Auteur:  Caza [ 15 Déc 2005 22:59 ]
Sujet du message: 

Excellente chronique, affublée de souvenirs.

Je confirmerais pour Master, cet album a un son fabuleux...et plus encore tout les riffs de l'album sont électrisants, grisants, c'est fabuleux comme on peut écouter Master of Puppets (la chanson) et garder le riff d'intro en tête toute la journée. C'est probablement son côté usine à riffs qui me fascine le plus, de véritables bûcherons les gars !

Auteur:  noise [ 16 Déc 2005 7:39 ]
Sujet du message: 

très belle et émouvante chronique, c'était une époque que j'aurais aimé plus connaitre, les K7 et tout ça, mais a lire ces souvenirs on s'y croirait presque, ça rend nostalgique tout ça

Auteur:  Bertrand [ 16 Déc 2005 9:59 ]
Sujet du message: 

chouette histoire, ou comment rattacher la description d'un album à son histoire personelle.
T'as des photos de cette époque à nous montrer?

Auteur:  Heavy REM [ 16 Déc 2005 17:33 ]
Sujet du message: 

Non, je n'ai aucune photo. Je n'aime pas les photos donc je n'en ai aucune de l'époque. Mais il suffit d'ouvrir de vieux HRM ou Enfer Mag aux rubriques concert pour imaginer tout ce joli petit monde.

Auteur:  Julien 77 [ 16 Déc 2005 23:25 ]
Sujet du message: 

Ce qui me fait un peu chier, c'est que j'ai connu également les salles de jeu, les cassettes, les Walkmans qui n'ont que la touche "Avance rapide", ce qui veut dire que je suis un vieux croulant...
Mais putain quelle époque!!!

Auteur:  Axel [ 16 Déc 2005 23:54 ]
Sujet du message: 

J'en suis aussi nostalgique...

Auteur:  Dark Knight [ 17 Déc 2005 13:25 ]
Sujet du message:  hehe

Rien à dire sinon que c'est mon Metallica préféré (avec Ride the Lightning tout près).

Une vraie montagne de riff ravageur et des compos à me rendre fou! (Battery, Master of Puppet) et plus calme (Welcome home sanitarium) et une bonne instrumental (Orion).

Auteur:  Dark Schtroumph [ 17 Déc 2005 13:31 ]
Sujet du message: 

Pour les compos rien à dire c'est excellent, sauf "the thing that shouldn't be" (beurk).
Par contre j'ai jamais aimé le son synthétique de cet album, et c'est à cause de ça que je l'ai finalement pas tant écouté que ça.

Auteur:  Axel [ 17 Déc 2005 13:37 ]
Sujet du message: 

Je ne comprendrais jamais comment on peut vomir sur The Thing That Should Not Be.

Auteur:  Muscu [ 17 Déc 2005 13:44 ]
Sujet du message: 

Je vais blasphémer, mais perso je trouve cet album moyen, je lui préfère 100 fois Ride.
J'aime beaucoup les 4 1ers titres (dont The Thing etc), mais alors putain, qu'est-ce que la 2ème moitié de cet album peut m'emmerder :?
(par contre la chronique est vraiment cool)

Auteur:  Axel [ 17 Déc 2005 13:46 ]
Sujet du message: 

Moi tant que tu ne chies pas sur The Thing et que tu ne dis pas que la 2ème moitié est mauvaise, ça me va :D

Auteur:  Axel [ 17 Déc 2005 13:51 ]
Sujet du message: 

Pour ma part si je ne devais retenir qu'un album metal de cette décennie ce serait celui-là.
Très sympa la chronique.

Auteur:  Chipstouille [ 17 Déc 2005 14:09 ]
Sujet du message: 

The thing that should not be est quand même un des titres les plus lourd sur cet album. La lourdeur ne me dérange pas personnellement, mais quand tu ajoutes le fait que le titre est très long et plutot répétitif, au bout de 500 écoutes, c'est le titre qui gonfle en premier alors que les autres sont proprement inusables.

Bien sûr, mieux vaut 15 "The thing that should not be" qu'un "Where the wild things are" (j'espère avoir pris un titre de Load/Reload sur lequel est tout le monde est plus ou moins d'accord... :) ) mais sur Master of puppets, il fait tache, et c'est bien dommage.

Ceci dit, j'ai un live pirate de 87 (je l'avais passé à quelqu'un de hnh via msn je crois, je sais plus qui par contre) sur lequel le titre figure dans un version légèrement bosstée, et ça passe beaucoup mieux en légèrement plus rapide. Comme quoi, desfois ça ne tient vraiment pas à grand chose...

Ceci dit, même si je ne suis pas ultra fan de the thing that should not be, je préfère quand même largement Master of puppets à Ride the lightning.


Par contre, même si je l'ai découvert à peu près au même age qu'REM, j'ai pas vraiment le même type de souvenirs qui y sont associés. Moi je l'associe plus au premier disque qui m'a fait tracer une limite entre mes gouts musicaux et ceux des autres...Le premier disque que je me suis senti seul à apprécier, le premier disque avec déclic "à retardement", le premier disque sur lequel j'avais une attente particulière avant de l'écouter, etc. Le premier disque qui a dépassé le simple statut d'objet en fait...

Auteur:  Heavy REM [ 17 Déc 2005 15:58 ]
Sujet du message: 

Pour "The thing that should not be" ça dépend des jours. C'est un titre un peu "malsain" et très sombre, des fois oui, des fois non.
Par contre ceux qu n'aiment pas du tout ce titre apprécient-ils "Sad but true" ?

Auteur:  Dark Schtroumph [ 18 Déc 2005 16:16 ]
Sujet du message: 

Je n'aime pas du tout "sad but true" non plus. Le seul single du black album que je trouve franchement mauvais (et ça n'engage que moi bien sur).

Auteur:  TallicA [ 18 Déc 2005 19:26 ]
Sujet du message: 

j'aime bcp les morceau très lourd de metalloche, some kind of monster plus réçament m'a bien botté le cul!!!

sinon bien master c'est master, parfait quoi! 8-)


h.s: oui DS j'écoute Stormwitch, je viens même d'acheter un skeud à cause du morceau qu'il y a à télécharger dans ton lien web!!! bonne découverte! :clin:

Auteur:  Joc [ 19 Déc 2005 8:47 ]
Sujet du message: 

J'adore cet album même si (comme pour Ride et Kill) on y trouve un morceau particulièrement faible. De mon point de vue, il ne s'agit pas de "The Things" (que j'adore) mais de "Lepper Messiah" qui est quand même particulièrement raté en comparaison des autres.

J'avoue ne jamais savoir si mon préféré du groupe est celu-ci ou Ride. Ils sont tous les 2 tellement réussis!

Auteur:  Canard WC the Slayer [ 19 Déc 2005 10:36 ]
Sujet du message: 

Je préfère MASTER à RIDE. Et je crois qu'objectivement il n'y a aucun morceau faible sur MASTER. Je trouve que "The Thing" est peut être la moins bien dans l'excellence (maintenant c'est vrai que j'aime bien ce genre de morceau et que je suis assez fan de "Sad But True"), mais "Lepper Messiah"... merde quoi ! C'est un putain de morceau : bien thrashy, bien sombre, haineux, avec une ryhtmique du tonnerre. "Lepper Messiah" est au poil : sur les millions de fois où j'ai écouté "MoP" je ne l'ai jamais zappé.

Auteur:  Axel [ 19 Déc 2005 11:02 ]
Sujet du message: 

Si ça continue ainsi, c'est master le prochain morceau merdique :hmm:

Page 1 sur 3 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
http://www.phpbb.com/