
BLACK SABBATH - Dehumanizer (1992)
Pour ma première chronique sur ce site, je pense que je ne vais pas me faire que des amis.
En effet, plutôt que de donner dans le consensuel, j'ai choisi un album que beaucoup détestent, mais que certains, dont moi, apprécient beaucoup.
Tout commence en 1992. J'errais dans les rayons d'un grand magasin culturel du centre de Paris, quand mon regard s'arrêta sur un disque. "Tiens, il y a un nouveau BLACK SABBATH?". Je m'empare de l'objet en question et un large sourire fend mon visage alors que je découvre la photo du groupe: Iommi, Butler, mais aussi Appice et Dio, le line-up du
Live evil est de retour dix ans après son split!
Mais on n'apprécie pas un album uniquement pour son casting, aussi vais-je vous parler plus en détail de
Dehumanizer.
D'abord, la pochette: horrible, immonde, probablement le pire artwork d'un disque de BLACK SABBATH. Celle de
Born again à coté, c'est de l'art. C'est pour vous dire! S'ils comptaient vendre cet album grâce à son visuel, le moins qu'on puisse dire c'est que c'est raté!
Ensuite, le contenu: c'est du lourd!! Cet album est certainement le plus heavy du Sab'. Le quatuor semble avoir tout misé sur la puissance, au détriment de la vitesse d'exécution qu'on lui connaissait sur des titres comme "Die young", voire même parfois de la mélodie. Cette volonté délibérée de coller l'auditeur sur son siège est particulièrement marquée dans les vocaux de Ronnie James Dio, où le lyrisme semble avoir disparu derrière une agressivité qu'on ne lui connaissait pas. La production de Mack (longtemps producteur quasi-attitré de QUEEN), quasi-live, renforce le coté tellurique des titres, avec une batterie très en avant et surtout la frappe néandertalienne de Vinny Appice.
Les morceaux sont plutôt lents et s'incrustent dans votre tête comme si chaque riff était un coup de masse destiné à les faire pénétrer un peu plus profondément au fond de votre être, mais on n'a jamais l'impression de lourdeur. En effet, un peu à l'instar d'un RAMMSTEIN, il y a toujours un break ou un solo qui arrive au moment opportun pour empêcher ces titres de s'enliser et de n'être que des coulées de plomb.
Mais ne vous effrayez pas à la lecture de ce qui précède, ces titres lourds et puissant portent la griffe inimitable de BLACK SABBATH, et on retrouve tous les ingrédients qui ont fait du quatuor un monument du heavy-métal. Tony Iommi est en grande forme, alternant riffs plombés et soli cristallins avec la maestria qu'on lui connaît. Quand à Geezer Butler, il confirme une fois de plus qu'il est la colonne vertébrale du groupe, celui sans qui l'édifice s'écroulerait. Deux titres semblent être des clins d'œil au passé du Sab', notamment "Sins of the father" avec ses lignes vocales très typées Ozzy, et le morceau de fin "Burried alive" qui n'aurait pas dépareillé sur
Heaven and hell. A noter également la présence d'un titre beaucoup plus cool (difficile de parler de "ballade"): le somptueux "Too late".
Le concert qui eu lieu à l'Elysée-Montmartre le 15/09/92 reste une des plus grosses claques que j'ai reçues d'un groupe sur scène. La première impression était pourtant assez étrange, un peu comme si on avait congelé le groupe à la fin de la tournée 82 et qu'on venait juste de les sortir de leur hibernation pour celle là. La set-list était d'ailleurs un mélange du
Live evil et de
Dehumaniser, autant vous dire que j'étais aux anges! Ce soir là, BLACK SABBATH a assuré de façon incroyable, laissant le public bouche bée, K.O debout.
A ce propos, je me permets de vous conseiller l'excellent bootleg
Black bloody black enregistré le 09/08/92 à Boston.
Pour conclure, je dirai que
Dehumanizer est un album qui mérite vraiment une réhabilitation. Honni par les "puristes", il n'en est pas moins un excellent album de BLACK SABBATH, bien meilleur en tous cas que beaucoup de ceux qui ont jalonné le parcours erratique de ce groupe depuis le milieu des eighties.