Odin a écrit:
Développe, Rockwood, please.
Première précision : Hetfield a été mon Dieu pendant des années. C'est vraiment un mec qui m'a toujours impressionné, une sorte de héros metal que j'avais placé dans mon panthéon personnel sur l'une des trois premières marches.
Les errements de Metallica depuis
Load m'ont quand même bien secoué et Hetfield a un peu baissé dans mon estime. Je le trouvais très auto-satisfait alors que ces deux albums étaient quand même bien merdiques.
Puis
St Anger est arrivé. Et l'incompréhension générale vis à vis du disque. Perso je pense avoir capté la "moitié" de
St Anger. C'est à dire que j'ai ressenti cette colère (probablement parce que je l'ai / l'avais en moi). Mais à moitié seulement, parce qu'un coup de colère est par définition court, intense. Et là on a un album qui se traîne en longeur et dont la colère se mue en lourdeur. Je sauve quelques titres et une démarche. Ce n'est pas le cas de tout le monde.
En tout cas j'ai réentendu sur ce disque "mon" héros. The almighty Hetfield.
Et puis il y a
Some kind of monster.
Le premier visionnage m'a aterré. Je me suis senti gêné, comme on peut l'être quand on regarde une émission de témoignage où les gens se "confessent". Ou un reality show où les personnages se ridiculisent. On a envie de crier "
mais putain te déboutonne pas comme ça devant la caméra, c'est naze, c'est impudique, c'est pas l'endroit...."
On voit des enfants s'agiter autour d'un disque fantôme, des enfants à l'égo boursouflé, qui dilapident des millions en conneries : un coach qui ne vaut rien, un temps de studio infini, un producteur (qui dans ce cas les enfonce plus qu'autre chose)... Bref de vrais connards.
Et pour le fan de Hetfield que je suis / j'étais, découvrir mon héros comme un vrai gros connard ce n'est pas facile. J'avais évidemment des soupçons depuis la vidéo "Half life and a year" où Jamz chasse comme le premier beauf venu... M'enfin, il restait musicalement irréprochable. The ATTITUDE en plus.
J'ai ensuite rematé le film en essayant de me mettre à leur place. Ces types ont conquis le monde. A la force de leur volonté, en appliquant une "stratégie" (le "on fait ce qu'on veut") que tout le monde leur reprochait. Ils ont tout gagné. Ils sont devenus les plus grands. Les plus respectés. Ils ont écrits des titres et des disques qui sont devenus des classiques. Ils ont vécu des années sur les routes durant lesquelles tous les soirs des gens, partout sur la planète, hommes et femmes leur ont dit "
vous êtes les meilleurs, je veux être comme VOUS, vous êtes des DIEUX".
Je me suis vu à leur place et je me suis dit que sans le moindre doute, moi aussi, et à peu près n'importe qui probablement, serait devenu le plus grand connard que la terre ait porté (oui j'aurais été en plus un gros con que maintenant, comme quoi on peut progresser dans tous les domaines).
Et quand on comprend ce point de vue là, le film est moins dérangeant. On les "plaint" un peu. Ils cherchent des solutions, ils cherchent leur jeunesse passée. Ils essayent de retrouver des sensations oubliées, de recréer la recette, l'alchimie... On est entre le pathétique et le magnifique.
J'ai fait partie de quelques groupes et je côtoie des musiciens amateurs depuis 15 ans. Et tout ça se passe aussi à des échelles microscopiques. L'équilibre d'un groupe, avec les grosses têtes, les gars cools et discrets, etc.
Bref, ce film renvoie à plein de choses et montre ces mecs comme on ne les a jamais vu et comme on aurait probablement jamais voulu les voir. Ça renvoit aussi à soi même je trouve. Enfin en tout cas, moi ça me fait réfléchir.