La terre de contraste ça implique aussi que ce qui fait rêver et la réalité, non seulement sont différents, mais ne doivent jamais se rapprocher. La drogue, le sexe, tout ça, ça fait rêver au cinéma, dans la réalité c'est le mal. C'est une grande vérité du siècle de l'image que celle du spectateur qui vit par procuration et avec un plaisir délectable des choses qu'il ne supporterait pas une seconde dans la réalité.
Ca marche aussi avec le rock, je crois que c'est Lester Bangs qui s'amusait de voir des jeunes gens branchés se pâmer d'admiration devant la réputation sulfureuse de Jim Morrison alors qu'ils ne toléreraient pas qu'un ivrogne leur adresse la parole. C'est non seulement la même Amérique, mais aussi le même monde moderne. A des degrés différents, nos rapports aux arts populaires sont semblables.

edit : Pour revenir à mon début, je dirai qu'aux USA plus qu'ailleurs, il y a des choses qu'on ne montre pas, et d'autres qu'on ne fait pas. Se droguer, on ne le fait pas. La pauvreté et la détresse, ça ne se montre pas*. Selon moi, c'est un enchâssement assez complexe entre le puritanisme moral et la capitalisme commercial. Toujours est il que le résultat est ce décalage entre fiction et réalité, avec le culte de l'apparence comme cause commune évidente.

* J'aime beaucoup l'exemple du film A Tombeaux Ouverts de Scorsese, que la critique américaine avait accusé d'être fantaisiste à sa sortie alors qu'il montrait une facette totalement masquée mais bien réelle de la pauvreté à NY. Et tant que j'y suis, même chose pour la Porte du Paradis, descendu en flammes comme une diffamation de l'Amérique des frontières alors qu'il reposait sur des faits réels, et qu'il reste l'un des rares western historiquement rigoureux.

Oui.

Ce qui est étonnant, c'est que le curseur "moral" qui est assez visible pour des sujets comme la pauvreté, la drogue ou le sexe (comme tu l'as très justement signalé) perd tout sens sur certains petits détails "quotidiens" qu'on peut remarquer dans les séries par exemple ou même dans certains films.

Par exemple, dans la série Friends il est admis que Ross et Phoebe aient fumé des joints par contre tout le monde emmerde Chandler parce qu'il fume des clopes. D'un point de vue général, la clope c'est mal. Fumer des joints c'est différent. Autre exemple : dans les films et séries soi-disant "trash" on baise avec les soutifs. C'est intéressant ça comme concept. Tu citais SCORCESE et sa vision cohérente de la pauvreté (critique de fond juste), dans les Affranchis Léonardo di Caprio et la Blonde font l'amour tout habillés. Pourtant le film était "Rated R" dès sa sortie. Il me semble aussi que les putes sont toutes habillées dans le bordel de D. LEWIS dans "Gang of NY".

Des "conventions" qui me surprennent et qui me semblent assez décalés parfois avec les messages de fond. Un peu comme si il y avait tout le temps un petit "Jimini Cricket" US pour rappeler/ censurer certains points précis.

Pour la partie putes habillées comme pour la clope, je pense qu'on à cette fois affaire à une vrai et simple différence culturelle. Ce qui choque et marque quelque part est naturel ailleurs. Même si c'est lié à ce que l'on disait avant, je pense que ce sont des détails beaucoup plus "naturels" à la culture américaine.
La clope, à la limite, il y a encore Edward Norton pour imposer que son personnage soit fumeur juste pour emmerder les studios. Mais finalement pour ça comme pour le nu à l'écran, ce sont des choses enracinées dans le cinéma par des censures qui n'ont plus lieu d'être (je vous parle d'un temps que les moins de 70 ans...) mais que le publique autant que les créateurs se sont tellement appropriés que les enfreindre semble anormal, étrange. Et il faut bien dire que finalement, aussi ridicule qu'elle soit, cette histoire de "full frontal" dont les américains font si grand cas alors que ça arrive tous les quatre matins dans nos films les plus communs, n'est absolument pas une entrave à la liberté narrative. Parce que dans 99% des cas, ça ne change rien du tout, et dans le pour-cent restant, le choix de la nudité, qu'il soit esthétisant ou naturaliste, n'en a que plus de poids (en gros, l'absence de nichons ne fait pas de mal à un blockbuster, et rien n'empêche un petit film moins lié au box-office d'en montrer).
Mais bon, je dévie sur des questions artistiques alors qu'on ne parlait que socio, au temps pour moi. Reste qu'effectivement, les américains sont excessifs avec leur hantise de la clope (tu cites Friends : au regard de la tendance bisounours des personnages, ce qu'ils font subir à Chandler lorsqu'il fume revient à être mis au ban de la société !), et tolèrent plus les nanas à moitié à poil en rollers à NY qu'au cinéma. Chacun son truc.

edit : Un exemple d'une conséquence heureuse de cette "autocensure" devenue naturelle à tout créatif ricain : les "frak" de BSG, qui permettent d'éviter de dire "fuck" à tout bout de champs, tout en donnant une certaine coloration SF au langage des personnages. Autant censurer le mot "fuck" est ridicule en soit (si un perso doit être vulgaire, qu'il le soit), autant le choix d'un terme moins habituel apporte beaucoup à l'univers de la série.

Je suis super d'accord avec ce passage en particulier :



Je précise que je me fous pas mal que les nanas gardent ou non leurs slips dans les films US. C'est juste que ce "décalage" entre ce type de détails et les messages de fond est assez cocace. Et parfois pas cohérent, pour reprendre le cas de Friends, quand ROSS fait n'importe quoi de chez n'importe quoi dans ses relations sentimentales tout le monde est là pour le soutenir, alors que Chandler doit subir la tyrannie du groupe pour une pauvre latte de clope. Du coup, une série comme "Sex & the City" (très NY) assez "pro-tabac" apparaît comme originale. Conséquence paradoxale, isn't it ?

Ceci dit, si les scénaristes des séries ont l'excuse de l'exception culturelle. Les médias beaucoup moins.

Il faut bien dire que si par rapport à la culture américaine, Hollywood est plutôt à gauche, New York est carrément en Europe. (Soit dit en passant, les trois quart de ce qu'on voit de l'Amérique passe à travers l'un de ces deux prismes.)

Et bien sûr, les médias n'ont jamais aucune excuse. Et je dis ça au premier degré. Parce que ce qu'ils font ne peut pas avoir de valeur "en soit", mais doit interagir avec diverses réalités. Que Friends n'ai presque aucun lien avec la réalité, c'est un choix justifié par d'autres buts (et comme on l'a dit, lorsqu'il y a bien une volonté de jugement de la réalité avec la question du tabac, ça tourne au ridicule parce que le décalage avec le reste de la série est trop grand), mais que The Wire (encore et toujours) soulève des points très grave de la culture et de la politique de son pays, alors que les médias eux mêmes en sont majoritairement écartés, c'est une disgrâce pour ces derniers.

J'imagine un éditorialiste de Libé ou du Figaro qui entendrait un humoriste traiter du même sujet que lui, en allant plus en profondeur, ça doit coller un sacré malaise. La situation des médias à grande audience est la même. Et le fait qu'une frange de plus en plus visible de la fiction (le roman depuis longtemps, le cinéma depuis un moment, et maintenant même le genre le plus guindé, la série tv) vole cette profondeur aux médias n'en fini par de m'inquiéter. Merde, de ce point de vue, qu'un philosophe ait écrit "l'homme moderne est l'animal qui va au cinéma", et pas "qui lit le journal", c'est assez démoralisant !

Je ne m'y connais pas du tout sur la question, je me rend compte que ça manque à ma culture geek (surtout après la vision de Big Bang Theory - très bonne sitcom sur des geeks physiciens), mais j'ai entendu du bien de DS9, qui est souvent comparée à B5, en bien comme en mal d'ailleur, certains disent qu'il y a eu un plagiat d'un côté ou de l'autre (les deux séries ont été diffusées en même temps).

Merci pour la piste à suivre.

Vu hier soir.
J'ai encore passé un bon moment. Qualité vidéo pas top, mais acceptable.
Un p'tit cliffhanger en fin d'épisode qu'on sentait bien venir.
Souhaitons que cette 3ème saison soit à la hauteur des 2 premières. Ca a l'air bien parti...

Breaking Bad.



LA série du moment (enfin la saison 1 est terminée là, avec seulement 7 épisodes ;( ) pour moi, c'est du niveau de Dexter.

http://www.ecrans.fr/Breaking-Bad,3708.html


Sinon je remate les The Shield, toujours aussi bon.
Y'a combien de saisons au fait? Je m'étais arrêté à celle avec Forest Whitaker (saison 4 ou 5 je crois...), y'a autre chose après?

Je vais essayer Breaking Bad alors. Merci des conseils.

L'acteur qui joue dans Breaking Bad, c'est celui qui jouait le père de Malcolm, non ?

Sinon, the Shield, il y a 6 saisons diffusées, et la 7eme en cours sera la dernière.

Je sais pas ce que les auteurs bouffent au petit dèj ou la formule vaudou qu'ils utilisent, mais The Shield est bel et bien repartit comme en 40 avec sa septième saison.

Bon en fait, je pense qu'un scénar qui était bouclé dans les grandes largeurs dès la première saison ça doit aider.
Sans compter une mise en scène au top et un sens inné du rythme.

Bref, après quelques minutes pour se replonger dans l'imbroglio de la 6e saison, on reprend sans peine ses marques, ça sent la sueur, le sang, les larmes, le drame en suspend.

Malgré la densité du scénar, ils se payent même le luxe d'accorder une place à la sous intrigue de billings, toujours aussi fendard.
Aucun temps mort, sitôt une intrigue est-elle résolue que deux trois autres sont ébauchées.

Du beau boulot.

Si j'ai bien compris, malgré mon post de 458 lignes personne ne s'est mis à Babylon 5...
Qu'est ce que vous faites ? Vous attendez d'y retomber dans dix ans et d'éprouver des regrets (déjà que vous avez 15 ans de retard ???). Ça sert à rien de se palucher sur BSG si vous avez pas vu Babylon 5 !!!!

Dépêchez-vous.

Rassure moi, c'est une image du jeu video là???

Tu es un vilain.

C'est dans ma liste, mais pour l'instant je finis the wire.

Enfin quelqu'un qui réagit à mes appels du pied.

J'ai la première saison aussi. Mais je finis Babylon 5.
Et c'est même pas une vanne.

En fait, j'en avais entendu parler avant que tu en parles, mais j'étais resté dans l'idée série réaliste donc serieuse et chiante, même si intéressante.
Erreur.

Bon bah House ça tue toujours, sinon.