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 Yann Tiersen - Le Phare 
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Crimson Idol
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Message Yann Tiersen - Le Phare
Yann Tiersen – Le Phare

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Tu le sais sans doute déjà, je suis musicalement influençable. Il suffit qu’un quelconque me balance un CD (ou des MP3, je suis moderne à l’occasion) à la tronche en me beuglant « tiens, écoute ça, c’est de la bombe de balle », et je suis fan. Bon évidemment, j’exagère. Certes pas sur mon « influençableté », mais personne ne me dit jamais ce genre de chose : je ne traîne pas avec les individus usant de ce genre d’expressions. J’ai mon amour propre, tout de même.
Où en étais-je ? Ah oui, je suis donc musicalement influençable. Il suffit pour t’en persuader de lire dans les archives du forum les centaines de posts où je paraphrase feu mon Maître Jedi, Heavy REM. Et, si, par chance, mon influenceur se trouve être une jolie jeune fille, il est évident que mon intérêt pour le disque susdit en sera décuplé. Ce n’est pas pour rien que je carbure aux Hellacopters, Mr. Big et autres albums honteux de Queensrÿche.
D’où cette chronique. Que je ne sais pas comment commencer. Bon, alors, je plante le décor.

C’était le mercredi 10 Mai 2006. Sur MSN.
Queenie me demande d’un ton malicieux si je connais Yann Tiersen. Je réponds par la négative. Enfin, je veux dire, ça faisait bien « tilt » dans ma tête : Amélie Poulain, toussa. Film que je n’ai pas vu par ailleurs (oui, j’ai un don pour passer au travers des mailles des filets médiatiques). Queenie, évidemment, n’attendait que cette réponse pour se jeter sur sa proie. Vile créature.
Elle m’envoie un titre, pour voir – Comptine d’été n°2 que ça s’appelle. De toute façon, je ne peux pas refuser, je viens de la torturer avec Salisbury de Uriah Heep et la « voix de taré » (je cite) de David Byron. Bref. Elle me dit que c’est très « dimanche soir ». Le morceau arrive. Je l’écoute. Stupeur ! C’est une petite piécette au piano, délicate, évoquant une nuit estivante, sans nuage – les étoiles brillent ! – et solitaire. Forcément solitaire. Le ton est doucement mélancolique, l’air simple et immédiatement touchant. J’en veux plus.
Finalement, Queenie finira par me faire une compile maison dont j’aimerai, sans exception, tous les titres.

Je vais écouter la compile, mais surtout cette comptine, en boucle trois jours durant - et d’ailleurs, si last.fm voulait bien mettre à jour mes overall charts, je pense qu’elle serait largement en tête des titres écoutés.
Finalement, le coup de foudre sera tel que trois jours plus tard, je filai chez le disquaire le plus proche pour en ressortir avec un exemplaire de L’Absente, et du Phare. Objet de cette chronique, tu ne l’auras pas oublié, ami lecteur.
Non, je vérifie, parce que, mine de rien, je tape le troisième paragraphe et je n’ai toujours pas causé de l’album dont auquel il est fait allusion dans le titre de la chro. Même que tu dois te dire que ça commence à bien faire ce cirque bien que tu sois trop bien élevé pour me le dire en face. Tu es un chic type, ou bien une chic fille, je ne te vois pas bien d’ici.

Bon, alors, l’album. J’y viens.
Tiersen nous livre ici, lors de morceaux courts pour la plupart (quatorze pour quarante quatre minutes), des pensées, introspections, et nous cause évidemment de Rupture. Alors, je te vois venir. « Pff. Encore un album nombriliste d’un artiste qui ne l’est pas moins, nous étalant ses états d’âme ainsi que ses petits tracas dont tout le monde se contrefiche royalement. » C’est vrai. Et c’est faux. Mais principalement faux quand même.
Faux parce qu’il y a peu de paroles, Yann préférant laisser l’imaginaire de l’auditeur vagabonder et arpenter les chemins sinueux de sa propre expérience plutôt que d’imposer la
sienne.
Musicalement, on a donc droit à des morceaux simples de projet, d’allure et de propos. Descriptifs, réminiscents. Là encore, la mélancolie prévaut, se distille et s’installe aussi profondément que sûrement dans l’esprit de son public. La sensation qu’en fait, il parle de nous, là, le Yann.
Il est d’autant plus proche de nous, qu’il s’exprime en employant des moyens populaires (sans néanmoins jamais sombrer dans la vulgarité), mélodies accessibles, jamais compliquées. Et puis de l’accordéon, instrument franchouillard s’il en fût, contrebalancé par un violon jouant une mélodie celte ici (Le Fromveur), arabisante là (Le Quartier) ; soudain le violon se lance dans un crescendo endiablé tranché net (Sur le fil). Un piano tristoune – mais qui ne s’épanche jamais au-delà du raisonnable – occupe l’espace sans envahir (encore Sur le fil, la seconde partie de La Dispute, chopineuse dans l’esprit, La Chute).
Et puis, un peu de chant (situé en début et fin de disque), féminin et monocorde sur La Rupture, masculin sur Monochrome, Les Bras de mer et L’Effondrement. Pas de grande performance, bien sûr. Ce serait incongru et déplacé. Les voix sont humbles, pas toujours très assurées, à nu. Et le disque emporte l’adhésion.

Cet album est bien du dimanche soir, lorsque tu te retrouves seul chez toi, que de gros nuages menacent à l’horizon et que te monte une boule à la gorge sans que tu ne saches trop pourquoi. Ce Phare n’illuminera pas ta route : il t’achèvera malgré les quelques touches positives qui s’en échappent presque en s’excusant, apparaissent fugacement et disparaissent furtivement, comme pour mieux te faire sentir qu’elles n’y sont pas à leur place.
En fait, je ne sais pas si je le conseille vraiment. Evite si tu es dépressif en tout cas. Enfin, je dis ça, tu fais ce que tu veux, hein, et je ne suis pas ta mère.

Voilà, j’aurais bien voulu faire une chronique super drôle (et des tas d’anecdotes croustillantes, malheureusement je n’ai pas assez de vécu honteux avec ce disque), mais son sujet ne s’y prête pas. Allez, si tu es sage – et si j’ai envie –, je te ferai un petit topo sur un ou deux trucs punk mélo. Et tu sécheras tes larmes dans ton mouchoirs triple épaisseur à l’aloe vera. Et tu pourras emballer Queenie sur ton skate dans le Palais Chaillot. Si je suis pas trop sympa, moi.

P.S. : ah oui, le disque a bien un défaut, la Comptine d’été qui me plait tant n’y figure pas. Elle est sur Rue des Cascades, mais celui-là je l’ai commandé.

P.P.S. : merci Queenie ! :x

_________________
"Pour passer de 100 à 83, nous n'utilisons pas, nous, scientifiques, la règle civile de 3 parce que bon voilà. On utilise une règle un petit peu à nous qui est la règle de : 3 [(3^1 x 1) / 3]. On obtient des résultat sensiblement équivalents."


19 Mai 2006 16:00
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