Ces temps-ci je me replonge dans mes disques de punk et je me suis repassé les McRackins. Il s’agit d’un trio canadien on ne peut plus underground sur lequel j’ai radoté pendant des années lorsque je les ai découverts au point d’acheter (quasiment) toute leur production.
The McRackins n’est pas un groupe banal. Faut dire que le Bil (guitare / chant) et Fil sont deux oeufs échappés du poulailler avec l’aide de Tommy, le coq (Spot le chien le remplacera ensuite).
Je le prouve :
Le line-up originel avec Tommy... Cöté corpse paint Merduk n'a qu'à bien se tenir ! Ahahahaha !
Le line-up avec Spot
Tenue de scène stupide (le groupe ne les porte plus maintenant et je le prouve.. Admirez ce magnifique t-shirt Mötley Crüe).
Concept stupide. Paroles pour le plus souvent stupides également. En somme des héritiers rigolards des Ramones (en pire…).
Et je le prouve avec cet extrait d’interview sur le web :
9. Are you still influenced by The Ramones?
BIL: Do bears shit in the woods? Always have been always will!
Autre particularité du groupe : en 3 ans (de 1995 à 1997 il a sorti 6 albums, un live, 2 EP, des dizaines de singles (vinyles) et a participé à des dizaines de compil (la plupart de ces titres sont regroupés sur Oddities & eggcentricities Vol. 1.
On peut ajouter l’album
Comicbooks & bubblegum sorti en 1999 (en tapant cette chronique j’ai constaté que le nouveau site web du groupe est mis à jour avec un nouvel album en 2005,
Bat out of shell… vous savez quoi m’offrir.. Ahahahah… en tout cas je me lance dans ma nouvelle quête : trouver ce disque).
Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce concept fumeux et cette prolifération de disques ? La réponse c’est Bil, un song-writer unique, fabriquant du tube à la chaîne (quand on entend la pauvreté de la pop radiophonique et que l’on sait que des mecs comme lui existe, on se demande…).
Pour Bil McRackin, tout est chanson, il raconte sa vie, son quotidien… Son goût pour telle chaîne de fast food, la bière… Le groupe a un accident en tournée aux USA ? Hop le maxi
Colorado van crash enregistré sur 4-pistes sort : guitare à droite, basse à gauche. Et l’article de journal qui raconte l’accident en pochette. Dernière chanson de l’album de I
am the eggman ? : “The end” avec ces paroles inoubliables "This is the end, the end of the album..." On passe parfois à la philosophie avec "What came first ?" (sous entendu la poule ou l’œuf ?), chanson de l’album éponyme, premier de la série… Bref humour crétin, romantisme de losers adolescents, culture bubblegum…
Mais dans cet univers plastique, Bil Macrackin excelle dans l’art de trousser des pop songs à trois accords, immédiates, acidulées et légères, entraînantes et joyeuses, sans complexes, naïves et belles.
Côté son, c’est limite. Tout est cheap chez les McRackins. Question de moyen ou démarche artistique : les deux mon colonels. Les pochettes sont nulles pour la plupart, livret au minimum, affirmation dans les notes du livret de In on the yoke : "
The McRackins exclusively use $75 Yamaha guitars and $50 fender basses because they want the best". J’adore.
Cela n’empêche pas Bil de caser des grattes acoustiques, des claviers Bontempi (comme on dit au Finnvox), des solos chiadés ou des chœurs à tomber. Et cet ensemble bricolo (les McRackins ça ne "tabasse" pas du tout) donne un charme fou à ces disques, parce que la passion du "refrain qui tue" est là, du "petit truc qui accroche", du gimmick ultime… Parce qu’il est possible, même avec des guitares en plastique de faire de bonnes choses (certains groupes qui ont le son avant d’avoir même un riff devraient en prendre de la graine).
Côté live le groupe joue à l’économie : aucune fioriture, les titres sont envoyés "à la Ramones"… Ouanetoutrifor, zéro arrangement, que des accords barrés, pas de solos (je n’ai pas le
Live in Madrid mais j’ai pu me procurer une vidéo amateur d’un concert du groupe à Toulouse, au Bikini je crois).
Je pourrais parler des McRackins des heures et radoter autant qu’avec mes Ramones ou mes Shériffs adorés. A titre perso (ce n’est pas vraiment une référence mais bon), ce groupe m’a donné envie de monter mon propre groupe (il y a bien longtemps) parce que comme tout disque punk, le message est clair : do it yourself… Même sans moyen et sans sortir du conservatoire on peut faire des trucs bien. Et même si on est moins bon que ces mecs là (et c’est mon cas), ça valait le coup d’essayer.
Petite disco commentée :
What came first ?
Premier album. Assez moyen. Quelques titres excellents ("Bittergreen", "What came first ?", "Forget me not"...) mais malheureusement ça ne tient pas la longueur.
S.T.U.P.I.D
Une des deux pochettes réussies pour un contenu moyen. Des bons titres ("Crash, boom, bang", l’excellentissime "Saving grace"… et un peu de remplissage. Du même niveau que
What came first ?
Planet of the eggs
Le plus anecdotique. Pour les fans absolus et pour la reprise planquée (et hilarante) de « I was made for loving you ».
In on the yoke ! (ou In on the yolk ! ... y a une erreur d’impression sur la pochette AHAHAH)
Là c’est parfait. C’est pop, enlevé et ça fait mouche : ouverture sur "Uh uh uh" (refrain plus con tu meurs, mais impossible de se l’enlever de la tête !), "Teenage Valentino", "Hangin' on a star" (un poil mélancolique comme les punks savent si bien le faire), "Bubble punk", etc. A écouter comme on boit un demi-citron glacé.
Best friend
Un très bon EP. Les inédits sont vraiment bien et on a droit à quelques titres live.
Back to the crack
Le chef d’œuvre, la "masterpiece" ! Quasiment que des tubes (18 titres...), des speederies, des mid-tempos, des ballades, le tout avec les arrangements cheaps mais très réussis de Bil. La mégaclasse. "I tripped", "Envelope", "The heart", "Sad happy"…
Short & sweet
Deux maxis (Colorado van crash et Mickey & mallory) rassemblés en un EP (8 titres). Enregistrement dans le garage pour un son correct mais riquiqui. Les chansons sont bonnes pour la plupart.
Oddities & eggcentricities - Vol. 1
Une compil des titres parus en 45t et sur différentes compils de labels. On trouve à boire et à manger. Pour les fans.
I am the eggman (paru sous le nom Bil Mcrackin)
Ce disque est un album solo de Bil mais il n’y a aucune différence avec le reste de la production du groupe. Très réussi, du niveau de Back to the crack et de In on the yolk !
De grand moments : "Tears you cried", "Beverly hills 90210" (putain de refrain !!!!), "The end"...
Comicbooks & bubblegum
Le premier album "un peu bien produit". J’étais tellement surpris par le son que j’avais été un peu déçu. En fait ce disque est vraiment réussi, mais me parait un peu plus subtil dans les mélodies et les arrangements. Et toujours du tube à la pelle : "She don’t wanna know", "Chasin’ my tail", "We like to make records", "Good girls don't", "Tattoo"....