David Soltany ~ Diversity (2005)


http://www.davidsoltany.com/

On dira ce qu'on voudra, l'autoproduction en France n'est pas morte. Ni le metal. Ni le metal progressif. Encore moins le metal progressif instrumental. Ok, c'est tout de suite moins évident. Et pourtant, voilà qu'en revenant d'une dure journée de labeur (ahhh le lycée), je regarde mon courrier, et pouf, je tombe sur l'album Diversity de David SOLTANY que j'avais commandé. Avec les échos que j'en avait eu (critique dans Guitar Part, avis sur divers forums), je ne pouvais pas passer à côté.

M. SOLTANY, d'abord. Violoncelle à 4 ans, conservatoire à 7, apprentissage de la guitare à 18, compositions à 9 ans, on cerne facilement le bonhomme : surdoué et éclectique. En 2005, il remporte un concours spécial Kiko Loureiro et empoche une guitare électrique Tagima Signature (dans le peloton de tête, on retrouvait Thomas BRESSEL entre autres - donc pas des nullards). Autant dire qu'il n'est pas manchot.

Fin 2005, il sort enfin Diversity, son premier album solo à l'artwork enchanteur et soigné.

Les moins
-Quand on a l'habitude de jouer dans la cour de l'instrumental, il n'est pas forcément évident de créer des titres avec du chant (en tous cas moins que l'inverse - vous suivez?). Et c'est là que le disque pêche un peu : trois titres comportant du chant (Madjid, Mind Scape et Sous ton Regard) au milieu de morceaux instrumentaux font un peu un effet "cheveu dans la soupe". Par chance, on a droit à une perle : Madjid, aux consonnances très orientales, avec un chant un peu à la DEAD CAN DANCE, qui marie ambiances arabisantes au metal (TOOL serait-il passé par là?). Mind Scape et Sous ton Regard, même si elles sont bien composées, sonnent un peu plates à cause du chant (certes juste et bien arrangé), qui rapelle du punk-rock californien tendance Hoobastank/Simple Plan (sur Mind Scape, un chant à la James LaBrie aurait été parfait - d'ailleurs dans les paroles on retrouve "Seize the Day", l'un des thèmes principaux de A Change of Seasons de DREAM THEATER). Le chant féminin sur Sous ton Regard n'est pas mauvais non plus en lui-même, mais les paroles un peu faciles/mièvres gâchent le plaisir. Mais tout cela ne gâche pas la qualité de l'instrumentation qui, elle, est excellente.

Les plus
-La premier truc qui frappe lorsque l'on a l'album en main, c'est la qualité de l'artwork. Réalisé par Dominique PICONE (connu pour avoir travaillé pour Christophe GODIN (METAL KARTOON, MÖRGLBL TRIO)) a ici réalisé un travail d'excellente facture. A aucun moment on ne croirait à une pochette d'album autoproduit. D'ailleurs, on ne croirait même pas à un album de metal prog/shred/fusion bizarre.
-La qualité de la prod, assurée intégralement par lui-même, dans son "modeste appartement" comme il le rapelle dans le booklet. Le home studio fait décidemment des progrès fulgurants...
-L'éclectisme musical proposé tout au long de cet album. On passe du metal prog pur (Dissolution) à la power ballade instrumentale entraînante (Fast Line) en passant par du hip-hop ("faites pas cette tête", comme il le dit lui-même, "y a pas de phrases rappées, juste une instru hip hop et une mélodie de guitare") au groove (d)étonnant ; et de la pop (Sous ton Regard). Le tout saupoudré de guitares saturées (car on ne renie pas ses préférences, même quand on multiplie les influences) et une forte tendance à faire des morceaux à tiroirs (Liquid World - presque 15 minutes). De ce point de vue, le titre de l'album tient ses promesses, pas de doute.
-Un jeu de guitare propre, carré, efficace, sans fioriture ni démonstration technique gratuite et sans intérêt. On a un sacré lot de mélodies très agréables, même lorsque ça tricote.
-Des ambiances très réussies au niveau orchestration (Liquid World, Dissolution). Le bonhomme est pro, passionné et jusqu'auboutiste, ça se sent.
-La longueur de l'album, 56 minutes. C'est presque trop pour une autoproduction, et pour 15€, on a presque l'impression de voler l'auteur. Car un album de cette qualité, on le paye volontiers 22€.

Bilan :
Une sacrée claque que cet album aux influences très diverses qui ravira les aficionados de DREAM THEATER et de metal progressif en général. L'album est très accessible musicalement, vous pouvez vous jeter dessus sans hésitations. Une seule question : à quand la suite?

Morceau +: Dissolution
Morceau - : Sous ton Regard
Note finale : 19/20

Je sens que ça va me plaire.
Merci Valf.

Où peut-on l'acheter ce bel album!

Ça n'a rien de perso mais y a plein de trucs balancés comme des évidences dans ta chro et qui sont tellement faux que je ne peux me retenir...


Je me demande bien où tu as pu lire / entendre ça. On a jamais autant autoproduit que ces dernières années, grâce à / la faute à l'arrivée de solutions d'enregistrement informatique relativement facile d'accès et la baisse (relative) du prix de certains matériels.
Quant au prog et ses dérivés, il semble super bien se porter si j'en crois le nombre d'albums chroniqués partout. Il en sort autant que du black. C'est dire.


J'ai bien suivi et je ne suis pas d'accord. Faire un instru c'est pas faire une chanson et enlever la ligne de chant. Donc je vois pas en quoi c'est plus facile pour le mec qui fait des chansons de faire un instru.
A moins que penses au problème des paroles. Cela dit c'est pas vraiment un critère, tout le monde s'en fout des paroles, surtout dans nos genres préférés.


La qualité de l'artwork n'est pas vraiment une question de pognon ou de production. Sinon Maiden aurait eu une belle pochette pour son dernier album (et je parle pas de 98% des pochettes de Gamma Ray). C'est même pas un problème d'impression. Les coûts sont très abordables. Suffit juste d'avoir un bon pote pour te faire la pochette.


Perso, j'ai arrêté de payer bien volontiers un album 22 euros. On se fait assez niquer par tous les intermédiaires. Vaut mieux payer une autoprod à 15 euros avec au moins la moitié de la thunes qui va au type que 22 pour un album "signé" où l'artiste ne touche qu'un euro par skeud (et encore souvent il ne touche rien avant une certaine quantité de disques écoulés, puisqu'il doit "rembourser" l'avance de la maison de disques pour l'enregistrement. Les chacaux).

Et je ne comprends pas le rapport entre la durée du disque et l'autoprod. Ce n'est ni "trop" ni "pas assez". Le mec enregsitre chez lui pour zéro euros (je parle du coût du temps passé évidemment, pas de celui du matos). Il peut bien faire un triple album et le vendre 10 euros.
Si ce mec est aussi pro que tu le dis, il n'y aucune différence entre un de ses albums et ceux de gens "signés". Donc il peut bien faire un album normal avec une jolie pochette et la longueur "normale" non ?

Voilà. C'est juste quelques éléments de réflexion / discussion hein...

PS : ça m'a aussi fait mal au cul de lire que Hoobastank c'est du punk parce que je n'ai entendu d'eux qu'une con de ballade de merde. Mais peut être que le reste est super punk... J'ai un doute mais bon...

Un peu partout. Des gens fatalistes ("de toutes façons les majors dominent tout, faut arrêter de lutter"), des gens réalistes (car il arrive, malheureusement dans pas mal de cas, que les autoprods soient de la merde en boîte avec une qualité pourrie et que les créateurs osent mettre en vente au prix d'un CD normal), etc. Je considère pas ça comme quelque chose de vrai hein, merci de pas déformer mes propos.
Encore une fois, ça dépend de ce qu'on entend par "bien se porter". Se base-t-on sur la qualité ou la quantité?



Ce que je veux dire, c'est quand on a l'habitude de faire de l'instru, c'est pas forcément facile de créer des morceaux avec du chant, parce que la chanson est quelque chose de complètement différent d'un instrumental. Parce qu'il faut écrire les paroles, parce qu'il faut créer une orchestration qui laisse de la place au chant, parce que c'est une façon de composer qui change du tout au tout.
Je sais bien que faire un instru c'est pas faire une chanson en enlevant la ligne de chant. Prends moi pour un con, aussi.



Bah 90% des pochettes d'autoprod que je vois, c'est réalisé sur du papier basse qualité avec un dessin, même s'il est beau, qui est flou. Généralement la police de caractère c'est soit du Lucida Blackletter soit du Comic Sans MS. Là, y'a vraiment un travail de fait (et si tu me crois pas achètes l'album, tu pourras peut-être parler en connaissance de cause).



Bah à part ça, faut payer le mec qui a fait la pochette, les coûts de pressage, d'impression, les frais de port pour l'envoi du CD, etc. Mine de rien, fait le compte, ça fait des sous.
Et comparé à d'autres autoprods dont la durée dépasse pas les 33 minutes toutes mouillées, 56 minutes c'est quand même pas mal. Avec en plus la qualité de son qui a probablement demandé beaucoup de temps au mastering (parce que y'a de la guitare, mais aussi de la batterie, du saxo, du chant, des claviers, des percus et j'en passe - c'est pas du prog de 73ème zone bordel).



Tu lis un peu? Punk-ROCK CALIFORNIEN. Rien à voir avec le vrai punk.

Et sinon pour ceux qui veulent l'acheter, vous pouvez envoyer un mail à lixir1@free.fr

Cool gars, je sais que l'ami Rockwood n'y va pas toujours avec le dos de la cuiller, mais pas la peine de s'emballer là, franchement.

1- NOFX c'est du punk rock californien et donc c'est du punk. Un peu comme quand on dit death suédois. C'est du death.

2- J'ai compris. Tu assimiles les démos à l'autoproduction. C'est pour ça que tu parles de mauvais papier et de typo pourrie, de durées limitées etc. Au temps pour moi. Remarque : le mec qui met de la Comic Sans sur sa pochette fait sa pochette sur Word. Et j'appelle pas ça de l'autoprod. J'appelle ça du n'importe quoi.
Quant à la pochette de l'album dont tu parles, ça m'a l'air effectivement très joli et bien fait, j'ai jamais dit le contraire.

Côté coût, l'autoprod c'est pas très cher. En gros pour un pressage de bonne qualité pour 1000 unités (impression offset des livrets 4-8 pages) faut compter 10 ou 12000 balles. Arrondissons à 2000 euros. Si tu penses gagner de l'argent faut payer les déclas à la SACEM (l'inscription coûte en gros 100 euros et c'est à vie, donc pas cher). Faut ajouter la SDRM. Pas facile de te faire un prix à la louche mais t'en as bien pour 1000 euros.
Bref t'arrives en gros à 3000 euros (et encore, si tu payes pas la SACEM et la SDRM la note baisse en flèche). Alors ok, ça se trouve pas dans le cul d'une vache, mais en même temps c'est pas très cher. C'est jamais que 12 concerts payés 250 euros (net bien entendu...)
Après y a la distrib et la pub mais c'est un autre problème.

3- L'autoprod, une lutte contre les majors... Hmmm... oui et non. Je ne crois pas que les mecs qui s'autoproduisent le fassent par militantisme. Le circuit des majors est fermé depuis toujours aux groupes de rock (je parle de la France). Epargnons nous les trois exceptions qui confirment la règle. Ils le font parce que c'est la seule solution pour avoir un support "sérieux" à fourguer lors des tournées, à faire passer auprès des tourneurs et des festivals. C'est une moyen de diffusion. Mais tous les mecs en autoprod ne rêvent que d'une chose, se faire signer (en gardant le final cut sur la zique bien sûr...)

Et côté qualité ben... là encore j'suis pas d'accord avec ce que tu sous entend. La qualité est au rendez-vous. A peu près dans les mêmes proportions que pour la scène "produite". Dans mon coin j'ai pas mal suivi les groupes. Je pense que depuis que je traine dans les concerts (une quinzaine d'années) j'ai vu 5 groupes qui avaient du talent. Ils se sont tous autoproduits, certains ont été signés (Cali, les Kargols...). Un groupe de pote a approché le truc sur un micro label mais ils ont pas tenu la distance. Je ne doute pas qu'un très bon ami soit signé dans les deux ans qui viennent. Et un groupe de "néo metal gothique" a sorti un quatre titres qui tue TOUT. Faut d'ailleurs que je fasse une petite chro de ce maxi parce que ces quatres chansons là sont meilleures que tout ce que j'ai entendu dans le genre depuis des années.
Pour le reste y a des tonnes de nullités. Mais même dans gros tas de médiocrité, y a des dizaines de skeuds super bien autoproduits. C'est nul, y a aucun talent mais c'est sorti.

3- Je vois pas pourquoi heu... disons Kai Hansen aurait plus de facilités à faire des instrus que Satriani à écrire des chansons. Je vois pas trop le joint. J'ai pris deux mecs que j'aime bien hein. J'aurais pu choisir Jon Shaffer (qui ne sait pas écrire une chanson) et Tony MacAlpine (qui ne sait pas composer un instrumental).