
IRON MAIDEN: SOMEWHERE IN TIME (1986)
Résumé des épisodes précédents : le monstrueux tueur en série Eddie avait perpétré des crimes atroces dans les bas-fonds de Londres. Après moult péripéties, il semblait avoir définitivement disparu du monde civilisé. En réalité, il avait réussi à pénétrer dans le laboratoiredu docteur Wells et avait enfourché sa machine à explorer le temps. Cela lui avait permis de partir sévir dans l’ Egypte ancienne. Le grand prêtre d’Anubis lui lança un sort terrible et puissant qui parut l’anéantir à jamais. Hélas, au moment crucial, l’ignoble individu avait à nouveau activé les manettes de l’engin… Il se trouvait maintenant dans un lointain futur… Dans ce bouge de Megalopolis, il s’envoyait verre après verre de Cybergnôle, pensant à ses prochains méfaits. Il ne lui avait pas été difficile de se mettre au service du cruel Metallium, chef de la triade des Mutants bioniques, ce qui lui permettait de se consacrer totalement à son activité préférée : l’assassinat sous toutes ses formes. Une musique se fit soudain entendre et Eddie, qui commençait à subir l’influence émolliente du terrible breuvage couleur d’émeraude, se laissa emporter par une série de notes majestueuses…
Caught Somewhere In Time: une intro grandiose, absolument somptueuse. La basse est très en avant. Cette longue plage épique baigne dans une atmosphère sophistiquée. La voix de Bruce Dickinson est un élément parmi d’autres de ce prodigieux bloc d’énergie. Car il s’agit quand même de heavy metal. Mais d’un heavy racé, classieux… Steve Harris a mis en musique l’un des thèmes majeurs de la science-fiction : la machine à voyager dans le temps. De magnifiques parties de guitare et d’incessants changements de rythme contribuent à rendre Caught Somewhere In Time trépidant. « Time is always on my side » chante Bruce, clin d’œil au vieux “Time Is On My Side”?
Le thème du temps est aussi présent dans le Wasted Years d’Adrian Smith, à l’intro accrocheuse : « Don’t waste your time always searching for those wasted years ». Un morceau court et mélodique au refrain chantant, bien qu’empreint d’émotion. Le message demeure positif : « realize you’re living in the golden years.”
Sea Of Madness est une autre composition d’Adrian, riche et ambitieuse (j’aime beaucoup la reprise finale du premier couplet).
Pour finir la face, Steve Harris a sorti la grosse cavalerie. Heaven Can Wait est l’un des chevaux de bataille scéniques du groupe. Difficile de rendre compte de l’ambiance des concerts de Maiden au moment où le public reprend les chœurs de Heaven Can Wait. « C’est la chanson qui m’a demandé le plus de travail, celle qui a été la plus longue à mettre au point, celle aussi qui est la moins évidente à la première écoute », déclarait Harris à l’époque (Best, n° 219, oct.86). Cette remarque finale est d’ailleurs valable pour l’ensemble de l’album. Ses richesses ne se dévoileront qu’après bien des écoutes. Harris ajoutait : « …c’est une chanson sur quelqu’un qui ne se sent pas vraiment prêt à passer au ciel, qui revient à la vie, mais qui ne sait plus vraiment, du coup, où il en est. » Il précisait aussi qu’il n’avait pas vu le film Heaven Can Wait.
The Loneliness Of The Long Distance Runner ouvre la seconde face et s’inspire du roman du même nom d’un certain Allan Sillitoe. Les paroles d’Harris et le chant de Bruce décrivent bien les pensées de ce coureur et sa volonté de ne pas abandonner, de continuer jusqu’au bout.
Stranger In A Strange Land marque le retour d’Adrian Smith. C’est un titre très mélodique à la construction traditionnelle, avec un refrain facilement mémorisable.
On retrouve le thème du temps dans le passage : « Was many years ago that I left home, now it seems to me that all is lost and nothing gained”. On peut aussi citer le “No brave new world » qui semble involontairement annoncer un album futur. Mais la partie la plus enthousiasmante de cette compo se situe dans l’extraordinaire solo poignant et mélodique d’Adrian. Lorsque j’ai découvert cet album qui peut sembler monolithique de prime abord, j'en retenais uniquement deux passages : l’intro de Caught Somewhere… et le solo de Stranger…(mais je ne me souvenais jamais sur quelle chanson il figurait ! Bon prétexte pour repasser le disque.)
Déjà-Vu est l’œuvre de S.Harris et Dave Murray, que ce dernier décrivait comme un morceau de guitariste (signalons aussi les excellentes parties de batterie de Nicko). Comme son titre l’indique, il fait référence à l’étrange impression dite de « déjà-vu ». Pas la chanson la plus évidente mais elle est réellement intéressante.
L’album s’achève sur le grandiose Alexander The Great, un péplum signé Steve "Epopée" Harris. Les premiers couplets sont assez proches de Rime Of The Ancient Mariner mais on se laisse très vite captiver et emporter par les somptueuses mélodies et le chant génial de Bruce. Cette fois, on remonte le temps et nous baignons dans la fureur et dans le sang.
Ainsi s’achève ce superbe album aux climats futuristes et prenants que je persiste à trouver bien supérieur à son successeur si apprécié.
La porte du troquet s'ouvrit brusquement, livrant passage à un Eddie qui avait repris tous ses esprits... il était même en pleine possession de ses moyens. Cette musique aux influences subliminales lui avait permis d'activer son fameux sens-radar. Il avait détecté le danger et des éclairs rougeoyants avaient jailli de son arme fétiche, ce fameux désintégrateur récupéré du côté de Sirius. Les adversaires n'étaient plus en état de boire ou d'écouter quoi que ce soit. La petite serveuse tentait de nettoyer les environs, jonchés de tripaille et de morceaux de cervelle carbonisée...
En avant pour de nouvelles aventures!
