Iron Maiden poursuit sur sa lancée, son deuxième album sort très rapidement après Iron Maiden, dans l’intervalle, le groupe a changé de guitariste, Adrian Smith a remplacé Dennis Stratton, celui-ci a donné son dernier concert ave le groupe le 13 octobre 1980 à la fin de la tournée européenne du groupe. Il faut savoir que Smith, ami de longue date de Dave Murray, avait eu une proposition de Maiden dès 1979, mais à l’époque il avait privilégié son groupe Urchin, entre temps Maiden a explosé et Urchin à décliné, de ce fait Smith accepte cette fois d’intégrer le groupe. L’arrivé d’Adrian Smith est un réel plus pour le groupe, Stratton ne s’était jamais vraiment intégré au groupe, il n’était pas grand fan de métal et ne supportait guère la manière de vivre du groupe, Smith, par son talent gigantesque, va aider le groupe à franchir un pallier supplémentaire.
Le groupe fit en novembre-décembre quelques concerts pour roder son nouveau guitariste, on notera que le dernier concert à Londres au Rainbow Theater est sorti en vidéo quelques temps après. Le travail pour le nouvel album ne commence donc qu’en décembre 1980, aux Battery Studios à Londres avec un producteur de renom, Martin Birch (Deep Purple), on peut se souvenir que la production du 1er album était son point faible principal. Ainsi armé le groupe ne perd pas de temps, la plupart des morceaux de Killers étant joués depuis quelques temps sur scène ne l’oublions pas.
L’album sort le 9 février 1981 et c’est une réussite totale qui va entraîner le groupe encore plus haut, c’est d’ailleurs une des plus grosses ventes du groupe dans une époque bénie pour le heavy metal.
D’un point de vues compositions, rien à jeter, Steve Harris a composé seul 90% de l’album mais cela n’est en rien négatif, le son est énorme, Birch a su donner au groupe sur album la même puissance qu’il dégage sur scène.
La chose principal à noter est aussi la parfaite combinaison entre la voix de Paul Di Anno, limite punk et la musique heavy metal du groupe, le rendu est excellent et permet à Maiden de s’extirper de la masse, de plus ce disque à un côté fonceur et rageur que le groupe n’aura plus par la suite.
L’album commence avec un très court instrumental, The ides of march, il est excellent et à servit à ouvrir les concerts sur la tournée qui suivit, son enchaînement avec Wrathchild est parfait, on a tendance à prendre ça pour un seul et même morceau. Il y a une anecdote sur ce morceau, on retrouve sa copie presque parfaite sur l’album Head on de Samson sorti en 1980 sous le nom de Thunderburst et crédité à Steve Harris et au batteur Thunderstick, ce dernier avait écrit le morceau avec Harris lors de son court passage dans le groupe. Sur Killers, elle est créditée au seul Steve Harris, ce dernier l’a sans doute légèrement modifié pour se l’approprier seul.
Wrathchild enchaîne donc, la chanson est déjà bien rodée, elle apparaît dans une version différente sur la compilation Metal for Muthas en 1980 et est joué sur scène depuis les débuts du groupe, celle de Killers est encore plus efficace avec des ajouts de guitares par Adrian Smith. C’est un des grands tubes du groupe, joué encore en concert aujourd’hui, c’est tout Maiden en un titre et un très bon concentré de ce que le heavy metal des années 80 représentait.
Avec Murders in the rue morgue, on a le premier titre composé exprès pour cet album, c’est un morceau rapide qui colle à merveille à la voix de Di Anno, il démarre tout en douceur avant un départ ultra heavy soutenu par la batterie très efficace de Clive Burr, la chanson s’inspire de la nouvelle d’Edgar Allan Poe du même nom, et c’est un titre taillé pour la scène qui d’ailleurs ouvrira les concerts sur la tournée suivante
Another life est moins directe et pourrait passer pour plus anecdotique, mais c’est un bon petit morceau soutenu par une très bonne intro et des soli très efficaces. Derrière on trouve le deuxième instrumental de l’album, Genghis Khan, c’est sans doute l’un des meilleurs de Maiden, il possède des partie de batterie énormes et de très bons riff de guitare. Innocent Exile est l’un des premiers morceau de Maiden, joué depuis longtemps sur scène à cette époque, c’est un titre plus complexe, mais il se révèle excellent au fil des écoutes.
Le titre suivant est le tube de l’album soutenu par une intro à la basse superbe, Killers est un très grand titre, heavy mais légèrement épique, il est à noter que le titre existe en deux versions, l’autre a des paroles complètement différentes, on peut l’entendre sur la vidéo tournée fin 1980, mais celle-ci est meilleure, les paroles collant à merveille à la musique.
Prodigal Son a aussi été écrite à l’occasion de cet album, c’est un morceau semi-acoustique, une semi ballade très réussie, plus réfléchie, elle change du ton général du disque mais s’y intègre très bien et annonce un peu le futur du groupe en montrant que celui-ci a de nombreuses cordes à son arc. On peut noter que les paroles nous ramènent encore avec ce titre sur le même thème, celui d’un tueur, ce n’est pas un concept album mais la plupart des titres semblent former une histoire à suivre.
Purgatory est la version moderne d’un très vieux titre de Steve Harris, Floating joué entre 76 et 77, c’est un excellent titre, il sortira d’ailleurs en single, aisément mémorisable avec une excellente partie rapide. Twilight zone est une chanson qui n’apparaît à la base que sur la version américaine du disque, en Europe elle a été ôtée parce que sortie en single peu avant, elle mérite amplement sa place sur l’album, c’est un morceau très rapide écrit en partie par Dave Murray.
Drifter est un titre plus léger, l’un des plus longs de l’album, il ne marque pas particulièrement, mais c’est un bon titre longtemps joué en live et qui y prend toute son ampleur, il joue beaucoup sur les ambiances et les changements de rythmes.
Avec cet album, Iron Maiden confirme tout les espoirs placés en lui et s’impose comme le leader de la scène metal, la tournée qui suivra sera énorme et durera toute l’année 1981. Mais ce rythme infernal va user l’un des principaux artisans de ce succès naissant, Paul Di Anno lui-même, les divers abus commis en tournée vont lui coûter sa place. C’est un coût rude pour le groupe en pleine ascension et à l’époque on pouvait se demander si le groupe allait s’en remettre. Mais le manager historique, Rod Smalwood a plus d’un tour dans son sac.
Au final, on a la fin d’une époque en quelque sorte, la NWOBHM ne va bientôt plus se résumer qu’à quelques leaders, c’est aussi la fin de l’innocence pour le groupe, avant le passage à la très grosse artillerie, mais le groupe ne serait sans doute pas devenu ce qu’il est si Di Anno était resté, on peut être nostalgique de cette époque et de cet album très brut de décoffrage mais ce qui suit s’annonce tout aussi passionnant.
Un petit mot pour la pochette, une des plus réussies de Derek Riggs et la dernière à être ancrée dans la réalité quotidienne, elle donne au groupe un côté agressif qui va contribuer à sa popularité. A noter qu’on aperçoit tout en bas à gauche le Ruskin Arms, le club des débuts de Maiden et tout en haut, on peut distinguer la célèbre Charlotte The Harlot.
