AVALON - Eurasia (2000)



On parlait de Holy Land récemment et de l’engouement qu’il avait suscité à l’époque. C’est vrai, ce mélange de heavy mélodique et de musique traditionnelle brésilienne n’était pas fréquent. Dans un autre registre, Sepultura peut paraître comme un précurseur au même titre qu’Angra. Et ces mélanges permettent de renouveler ces genres et de les faire avancer (oui Heavy Metal will never die…).

Avalon l’a bien compris et décide, quelques années après le Holy Land, de tirer partie des éléments constitutifs de son groupe. Imaginez un peu le casting varié au possible : un guitariste, un claviériste et une bassiste (ce n’est pas si courant dans ce genre) allemand, un batteur français et un chanteur d’origine sri lankaise. C’est par lui que va se faire l’apport d’éléments traditionnels de son pays d’origine à ce heavy prog-mélodique somme toute assez commun… et par la même de donner une vraie personnalité au groupe.

Pour mener à bien son projet, Avalon s’octroie les services du renommé Sascha Paeth (et de son acolyte Olaf Reitmeier). Et de ce côté, ils sont servis, le son et le mix sont excellents. La guitare est peut être un peu en retrait mais comme on n’a pas à faire à l’espèce la plus bourrine du heavy, cela ne gêne guère.

Aurora introduit ainsi l’album par des chants traditionnels bouddhistes. Le mid tempo (et ils sont nombreux sur l’album) qui suit (Burning Souls) continue dans cette voie en tentant de mêler heavy teuton et musique sri lankaise (écoutez la sitar avant le solo rageur de Sebastian Eder). Il faut avouer que tout cela passe bien. La voix de Chitral Somapala aide bien il faut dire. Il ne chante pas trop haut, il a presque un grain hard. Les refrains sans taper dans l’hymne heavy par excellence sont dans l’ensemble accrocheurs. Je pense là à l’excellent The Stranger. Celui-ci est intégré dans le registre heavy prog teuton. Point de place aux éléments traditionnels ici. Pour contrebalancer ça, on a un morceau complètement folklorique, le bien nommé Save The Holy Land. Ce titre entièrement acoustique fait mouche avec son refrain très mélodique qui nous plonge directement en Asie. Eurasia suit cette veine, même si elle est un peu plus musclée. Le mariage entre heavy et musique folk atteint son paroxysme avec l’épique Eternal Flame : le résultat est bluffant.

Malheureusement, le groupe a du mal à trouver un équilibre entre composante heavy et folk. Résultat, on a soit des titres heavy soit des titres traditionnels. Un titre comme Eternal Flame fait figure d’exception. Du coup, le disque tape un peu dans tous les sens. Et je parle même pas de l’inclusion de la reprise Kyrie incluse en 11ième titre (sur 12). Je me suis toujours demandé ce qu’elle venait faire là.

Le groupe aurait mérité de continuer dans cette voie, malheureusement après une tournée européenne (très bonne prestation au festival hard rock à Paris), le groupe splitte pour d’obscures raisons. Il est possible que la suite eut été plus consistante, voire même qu’ils nous sortent un album digne de leurs frères brésiliens, ils en avaient le potentiel. Mais, aujourd’hui, il reste seulement un album ambitieux, au demeurant sympathique… mais qui ne va pas au-delà.