Chroniquer un album d'Opeth n'est jamais chose aisée, pour la simple raison que le groupe pratique un style si riche que l'on ne peut pas en faire le tour en quelques jours.

Opeth est un groupe que l'on peut considérer d'ores-et-déjà comme culte, ne serait-ce que par le style si particulier qu'il pratique depuis ses tout-débuts: la formation Suédoise (hé oui) exécute en effet un savant mélange entre le rock progressif des années 70 et... le death metal !!! Oui, vous avez bien lu ! Pour les néophytes, il s'agit un peu du croisement entre des ambiances très travaillées, subtiles et feutrées, sur lesquelles viennent s'apposer le plus naturellement possible une voix parfaitement naturelle, douce, très chargée en émotions et en feeling, et, à de nombreuses occasions, de purs riffs metalliques avec une voix d'outre-tombe, qui débarquent par l'intermédiaire de breaks distillés ça et là avec, toutefois, la plus infime délicatesse (on n'est pas chez les bourrins de Cannibal Corpse quand même).

Malgré l'étrangeté du style musical des Suédois, force est de reconnaître que le groupe maîtrise à fond son sujet, car l'enchaînement agressivité-douceur se fait de manière absoluement naturelle. Si, lors des premières écoutes, cela ne peut que surprendre, on ne peut qu'apprécier et adopter ce style au fil des écoutes de plus en plus passionnantes des albums de ce groupe, ce qui demande, évidemment, un minimum d'implication de la part de l'auditeur, comme toute forme d'Art qui se respecte.

Non-content d'officier dans un style déjà difficile d'accès, le groupe se paie le luxe de proposer des morceaux toujours très longs: la moitié des morceaux composés par Opeth dure plus de dix minutes, et cet album ne déroge pas à la règle. Rassurez-vous cependant, les morceaux s'avèrent si passionnants et prenants que vous ne verrez jamais le temps passer, bien au contraire ! Et on s'aperçoit ainsi que cette longueur excessive demeure une nécessité pour que l'appropriation des morceaux se fasse le plus aisément possible.

Toutefois, et contrairement aux précédentes réalisations du groupe, notamment Blackwater Park, son chef-d'oeuvre auquel il fait immédiatement référence, ce disque est un tantinet moins chargé en émotions, et l'option choisie par le groupe est cette fois-ci celle de la diversité, un parti-pris parfaitement assumé puisque le groupe a choisi de s'allouer les services de Jens Borgen, un producteur peu expérimenté en matière de metal, car d'ordinaire plus abonné aux choeurs ou à la production de guitares classiques, et pouvant ainsi apporter une certaine nouveauté au groupe.

L'album lorgne ainsi souvent vers le rock progressif, bien sûr, mais également par moments vers le jazz, comme en attestent le final très réussi de "The Baying of the Hounds" et surtout, surtout, ce vrai régal que constitue l'excellent "Atonement", aux tambourins discrets et à la musique chatoyante qui, c'est un comble, s'inscrit de manière très naturelle entre deux morceaux franchement plus agressifs.

Toutefois, l'émotion reste suffisamment présente par endroits pour que tout le monde soit content: ainsi, le très alambiqué "Reverie/Arlequin Forest" (sans doute la perle de l'album, soit-dit en passant) dispose, en son milieu, d'un long passage émotionnellement fort, de même que "Hours of Wealth", le morceau suivant qui, avec ses claviers aux sonorités brumeuses dans l'introduction et son chant a cappella qui constitue son noyau dur, marquera à coup sûr les esprits. A vrai dire, la rareté des passages gorgés d'émotions pures ne fait que les renforcer davantage. Assurément un très bon point.

Enfin, le groupe sait toujours faire parler la poudre, notamment sur le long "The Grand Conjuration", très typé death metal, avec ses riffs assassins mais toujours avec ces sonorités 70's, et son final épique au possible, qui nous achève avant la très belle outro, où le groupe nous laisse sur une mélodie formidable, fortement teinté de cette mélancolie dont il a le secret.

A l'époque de Blackwater Park, le magazine Hard N'Heavy avait décrit l'écoute de cet album comme donnant "l'impression de regarder un paysage forestier enneigé et voilé par une brume persistante, à travers des carreaux encrassés" (quelque chose dans le genre, en tout cas), un ressenti que je partageais entièrement à l'époque. Ghost Reveries, lui, me donne plus l'iimpression de fouiller dans un coffre à souvenirs, à regarder de vieilles photographies en noir et blanc représentant des êtres chers, dans un grenier au plancher vermoulu où la lumière tamisée se fait chaleureuse dans la pénombre ambiante.

Un des plus beaux disques de l'année, sans aucun doute... Un de ces bijoux dont je vous recommande chaudement l'écoute.

Salut Thrasheux, belle chronique, et bienvenue ici !

En un mot je suis tout à fait de ton avis sur la conclusion, un des plus jolis albums de l'année.

Merci pour ton accueil, Ancestor

clap clap clap pour la chronique !!!

Et quel album !!!!

Tiens, je l'avais zappée ta chro (le système de gestion des messages non-lus de phpBB, c'est vraime pourri )

J'en avais parlé longuement à sa sorite, j'avais décortiqué l'album à l'époque, je n'ai pas vraiment changé d'avis à son propos depuis.
C'est un très bon album, mais c'est le moins bon du groupe.

Ou le meilleur. Pour un progueux.

La premiere impression de cet album est bizarre , je l'ai trouvé assez mainstream pour du Opeth , pis a force de l'ecouter , il me semble vraiment plus fouillé qu'au début, et je sens qu'il va prendre tout son sens dans la durée ce ghost reveries.