
KING DIAMOND: ABIGAIL (1987)
Le jury du festival du film fantastique d’Arkham est sur le point de décerner son grand prix spécial, cuvée 1987. Etaient nominées les oeuvres suivantes :
-Alice Cooper : Raise Your Fist And Yell
-Wasp: Live In The Raw
-King Diamond: Abigail
Les membres de l’assemblée ont unanimement estimé que le Cooper donnait par trop dans des effets gore faciles et indignes du personnage. Même commentaire pour les jeunots de Wasp : ils ont le temps de mûrir !
Cette année, c’est à King Diamond de connaître l’honneur suprême ! Abigail est indéniablement une histoire mémorable.
Equipe technique : Mikkey Dee, batterie.
Timi Hansen, basse.
Michael Denner, guitare.
Andy La Rocque, guitare.
Roberto Falcao, claviers.
King Diamond, chant et vociférations.
Description de l’affiche : en haut, le nom du groupe, sous forme d’un logo prometteur (la chauve-souris). En bas, le titre : Abigail.
Par une nuit nuageuse, un sinistre corbillard tiré par deux chevaux semble foncer sur une mauvaise route de campagne. Couleur dominante : un bleu « nocturne ».
Résumé du scénario :
FUNERAL :Tout commence par une étrange musique à base de claviers. L’ambiance est étrange et funèbre. Il s’agit d’ailleurs d’un bien curieux enterrement. Un récitatif sinistre se fait soudain entendre : “ We are gathered here tonight,to lay to rest Abigail La Fey whom we now know was first born dead on the 7thDay of July 1777. ” Nous sommes au XVIII siècle. Abigail, un bébé mort-né, est enterrée d’horrible manière par 7 mystérieux cavaliers. Ceux-ci fixent le corps de l’enfant dans le cercueil à l’aide de 7 pieux. L’un d’eux est enfoncé dans la bouche du cadavre. Tout cela sur fond de chœurs sépulcraux. Des parties de claviers viennent rehausser l’ensemble. Le rythme s’accélère soudain. La musique est un heavy metal à la fois agressif et toujours mélodique. Le jeu du batteur (futur Motorhead) est bien mis en valeur. La qualité de la production impressionne dès le prologue.
ARRIVAL : 1845. Un jeune couple, Jonathan,27 ans, et Miriam, 18 ans, arrive au manoir familial dont Jonathan vient d’hériter. Sept étranges cavaliers noirs tentent vainement de les dissuader d’aller plus loin. « Allez-vous en ! Je ne crois pas un mot de ce que vous dites » leur déclare le jeune homme. La musique devient plus rapide, King Diamond varie ses intonations et passe du grave à l’aigu avec une déconcertante facilité. Des vocaux démoniaques alternent avec des chœurs angéliques. Il y a aussi des breaks habiles et d’extraordinaires solos. Tout cela nous mène devant une vieille maison.
A MANSION IN DARKNESS : les deux jeunes gens pénètrent dans le manoir délabré et s’y installent. Des riffs mélodiques envoûtants nous emportent dans cette vieille bâtisse. Un climat baroque et fou est perceptible. Cette musique est complexe et foisonnante. Paradoxalement, il s’agit de l’un des titres qui déménagent le plus. L’ambiance est même démente. La base est du pur heavy, sombre et prenant. Mikkey Dee est royal. Les solos sont encore une fois de toute beauté, techniques, mais jamais ennuyeux… On n’est pas là pour faire de la démonstration stérile… Ce morceau s’achève d’ailleurs par une partie de guitare absolument hallucinante.
THE FAMILY GHOST : musicalement, ce titre est dans la lignée du précédent. Toujours ces invraisemblables parties de guitare… Des beuglements graves suivis d’éclats de rires démoniaques et des chœurs a la Uriah Heep période Byron font de cette chanson un must. Jonathan reçoit la visite du fantôme de l’un de ses ancêtres, le Comte de la Fey. Celui-ci a d’étranges révélations à faire au jeune homme.
THE 7th DAY OF JULY 1777 : le Comte assassina sa femme lorsqu’il apprit qu'elle attendait un enfant d'un autre. Il brûla le corps de son épouse. Le bébé mort-né fut, lui, momifié et enterré au cours de l'étrange cérémonial initial. Cette composition démarre lentement, on s’attend à un instrumental paisible placé là pour calmer le jeu. Mais, un solo hystérique se fait soudain entendre et la chanson commence alors véritablement. On a ici un mélange d’agressivité et de mélodie. Douceur et violence se côtoient. C’est un véritable festival de guitare hard, on a droit a des solos parfaits qui évoquent même un Randy Rhoads.
OMENS : le début est particulièrement réussi avec une fantastique section rythmique, en particulier la basse qui est mise en avant. Un riff de guitare rentre-dedans se fait alors entendre et crée un sentiment d’urgence. Le King s’énerve vraiment et pousse des cris de petite fille perverse. Il y a un morceau de ce type dans tous les albums de King Diamond. L’ambiance devient lourde et irrespirable. Des événements terribles sont sur le point de se produire et de bouleverser irrémédiablement l’existence de Jonathan et de Miriam.
THE POSSESSION : encore un rythme véloce dans la lignée du titre précédent. Toujours ce sentiment d’urgence. Une ambiance hystérique proche de L’Exorciste de Friedkin. Miriam est maintenant possédée par l’esprit de l’enfant qu’elle porte et qui n’est autre que l’âme tourmentée d’Abigail, le bébé mort-né du début.
ABIGAIL : toujours la même ambiance démentielle et hystérique. C’est l’heure de la confrontation pour les deux protagonistes.
BLACK HORSEMEN : le morceau de conclusion, le finale de cette horrible histoire. Un début accoustique puis des breaks savants. L’ensemble est très contrasté, avec de brusques accélérations. Miriam provoque la mort de Jonathan alors que celui-ci tentait de la tuer pour empêcher le retour d’Abigail.
Une scène particulièrement pénible nous montre Abigail, re-née, en train de dévorer le cadavre de Miriam. Tels un deus ex machina, les cavaliers noirs arrivent alors au galop et éliminent à nouveau Abigail, l’enfant-démon aux yeux jaunes. Mais tout est-il vraiment fini ? Le conteur se lance lui aussi dans un baroud d’honneur : « That’s the end of another lullaby, Time has come for me to say goodnight ».
Voilà donc la fin de cet étonnant spectacle. Nous attendons la suite avec une impatience mal dissimulée. Ce film et sa B.O. sont bien évidemment à réserver à un public averti.
