Trust est à ce jour le seul groupe de Hard rock français à avoir acquis une véritable reconnaissance national mais également international (surtout en Allemagne). Si Trust à bénéficié pour cela du succès énorme du tube "Antisocial" et d'un contexte musical très favorable il ne faut pas oublié non plus que le groupe disposait d'arguments sérieux : l'alliance entre un frontman charismatique et un guitariste talentueux devenu le premier guitare-héro français étant son plus sérieux atout.
Tout commença en 1977 avec la rencontre entre le guitariste Norbert "nono" Krief et Bernie Bonvoisin, batteur refoulé reconverti en chanteur, puis rejoint par le bassiste Raymond Manna (qui deviendra plus tard leur "personal manager"), la question du poste de Batteur restera un éternel problème pour le groupe, les batteurs se succédant les un aux autres, sur ce 1er album c'est Jean-émile Hanela qui officie derrière les fûts. Après avoir écumé de nombreux club parisiens, et enregistré un single anecdotique mais qui aura permis au groupe de se lié d'amitié avec les membres d'AC/DC (rencontré au studio d'enregistrement du single) Trust parvient enfin à sortir son premier album en mai 1979.
Ce premier album est un véritable pamphlet! Bernie, enfant des cités de Nanterre, banlieue difficile, crache toute sa haine de la société à travers ses textes. Traitant des difficulté de la vie quotidienne mais abordant aussi des thèmes tel que le totalitarisme (« H&D » à propos de la Russie communiste), ses textes sont toujours très engagés frappant là où ça fait mal à grand coup de slogan.
Trust est alors un groupe qui su digéré ses influences : Punk et hard rock, alliance alors plutôt inattendu à l'époque, les deux style étant antagonistes. Bernie se réclamant autant d'AC/DC que des Sex Pistols! Le son de l'album est particulièrement marqué par cet héritage punk : son garage, guitares très saturés (pour l'époque). Trust est alors, à l'instar d'Iron Maiden, un groupe de hard Rock avec à sa tête un chanteur punk, pour avoir vu un extrait live du groupe en 1978 je peux confirmer que l'attitude scénique de Bernie (look punk, bière à la main!) était alors purement punk. Mais Nono quant à lui demeure profondément un enfant du hard rock, de Led Zeppelin à AC/DC. Ainsi le groupe parviendra à la fois à rallié un public punk et un public hard rock.
L’album contient son lot de morceaux agressif, rapide et percutant, en premier lieu l‘hymne « Préfabriqués » qui démarre l’album, débutant par un break de batterie puis un super riff de Nono et une rythmique speed qui écrase tout sur son passage, ce morceau permet tout de suite de mettre les point sur les i, Bernie impose tout son charisme de par la conviction qui émane de son chant et Nono s'impose comme un riffeur de folie mais aussi un super soliste. Les autres morceaux ne sont pas en reste notamment "Bosser huit heures" où la guitare de Nono brille de part sa mélodie entêtante agrémenté d'une wah-wah phénoménale (Kirk Hammet lui-même ayant déclaré à l'époque de Load qu'il avait toujours envié le son de wah-wah de Nono et qu'il ferait n'importe quoi pour avoir le même son!). "Police-milice" et sa rythmique puissante , bien avant les rappeurs qui rabacheront le sujet à outrance, fait une critique assassine (mais un peu caricaturale) de la police. "Comme un damné" et "dialogue de sourds" sont deux titres plus anecdotique mais toujours très efficace, "dialogue de sourds" et d'ailleurs de loin le titre le plus punk de l'album, très court, brouillon et dépourvu de solo.
Et bien sur LE morceau d'anthologie de l'album et un des meilleurs de Trust, si ce n'est le meilleur : j'ai nommé "l'élite"! Titre speed, porté par un riff génial de Nono, un refrain hyper efficace, un passage instru de folie où l'on retrouve la wah-wah exceptionnel de Nono pour un solo plein de feeling et d'efficacité puis une montée en puissance pour une fin d'une rare intensité.
Mais Trust sait aussi faire la part à des morceaux plus rock’n’roll tel que "palace" débutant de façon très calme et romantique pour ensuite enchaîner sur un rythme rock'n'roll se terminant par une accélération final excellente et "Toujours pas une tune" dont l'influence d'AC/DC l’emporte cette foi-ci largement sur le côté punk.."Le matteur" est un titre intimiste , agrémenté d'un solo de saxo bien soul très réussi (Bernie ayant toujours particulièrement apprécié cet instrument). "Ride on" est une reprise d'un blues d'AC/DC (sur l'album dirty deeds), cette reprise est plus riche que l'originale, agrémenté de piano et de choeurs féminin, elle permet de prouver que Bernie est capable de faire autre chose que de gueuler, ainsi il chante "pour de vrai" avec un certain feeling, bref un morceau tout en finesse qui contraste avec le reste.
Cet album de Trust est donc, vous l'aurez compris, excellent! Ces défauts essentiels étant lié à la production, premier album donc moyen limité, on sent que la voix de Bernie est parfois un peu étouffé, on peu aussi noté la pochette horrible faite dans l'urgence. Néanmoins cet album est un album phare (et donc indispensable) du hard tricolore mais aussi international, et amorcera la carrière tumultueuse du plus grand groupe de metal français!