
Judas Priest - Demolition
Judas Priest - Demolition (2001)
Pourquoi faire une chronique sur cet album ? Ce n’est ni le meilleur, ni le plus reconnu, il fait limite album de transition pour un groupe qui n’attend qu’une chose : le retour de son
Metal Messiah. Et pourtant, il est attachant. De par ses imperfections il en devient unique, atypique et finalement appréciable.
Replaçons nous un instant dans le contexte. 2001, le Prêtre n’a pas buggé en passant dans l’autre millénaire, mais il est moribond. Il faut dire que le Metal God, parti depuis presque 10 ans, a laissé un grand vide. Son remplaçant, le jeune et talentueux, Tim Ripper Owens, n’a pas démérité sur l’ultra-heavy
Jugulator. Néanmoins, les ventes ne sont pas à la hauteur. Que peut donc sortir ce groupe qui a toujours su innover, avoir un train d’avance sur les autres au point de les influencer ? Continuer la démarche du tout heavy ? Le groupe a certainement atteint son maximum de ce côté là. Que faire alors ? Taper dans le neo ou l’indus styles qui cartonnent bien ?
Le groupe au final ne prend pas énormément de risque, c’est-à-dire qu’il ne révolutionne pas sa musique. Tout au mieux il l’adapte. Il adapte son
Jugulator à quelques uns des styles phares du moment. Ou plutôt il tente de se les réapproprier. Parfois cela marche, d’autres fois non.
Le commencement est pourtant classique, limite clichesque avec ce sympathique
Machine Man introduit par une batterie voulant rappeler les heures glorieux du Calmant (quel nom de merde une fois traduit…). Le titre basé sur un riff ultrasimple est efficace et Ripper se démène comme un beau diable avec une voix agressive. Par la suite le groupe montre deux visages (comme son
Jekyll & Hyde) : une classique et une autre plus aventureuse. Le premier est bizarrement le moins réussi. Car quand le groupe veut refaire du
Jugulator, il sort des titres plats comme tout, exemple ce
One On One beaucoup trop long et pas des plus inspirés. Encore une fois heureusement que Ripper est là. Même cas avec les deux infamies que sont
Devil Digger (le titre n’est pas mauvais, il est carrément anecdotique) et
Bloodsuckers qui fait un peu
Blood Stained bis (en moins bien). D’autant que ce n’est pas la prod qui ne fait pas dans la finesse qui va donner un meilleur éclairage à ces titres. Il n’y a qu’à écouter le son des soli pour s’en convaincre… surtout que ceux-ci sont loin d’être les meilleurs de la paire Tipton/Downing.
A côté de ça, le groupe sait innover ou plutôt s’approprie les styles dans le vent. Les effets electro sur
Cyberface ou
Subterfuge donnent un réel cachet à ces titres. Pour Subterfuge, le tempo lent couplés aux riffs rammsteinien et à la voix ultra-agressive de Ripper fait mouche. Il est bon de préciser que les mélodies sont présentes comme sur cette power-ballade (et superbement réussie) qu’est
In Between. Encore une fois (et comme pour tous les titres finalement), il doit beaucoup à la performance du petit nouveau bien à son avantage sur le plus heavy (mais toujours mélodieux)
Feed On Me. Bien sur les parties plus calmes, il est excellent (l’intro de
Hell Is Home et ses OHOH à la
Cathedral Spires ou la ballade
Lost & Found qui peut le remercier de tenir le micro). Le groupe enfonce finalement le clou sur la dernière compo,
Metal Messiah, où Ripper prend plusieurs intonations de voix sur des couplets quasi-rappés !!! Le bridge qui suit introduit néanmoins un refrain typiquement NWOBHM que je rapprocherai facilement d’un Maiden. Le genre de truc qui te donne envie de le reprendre en chœur.
Comme vous l’aurez compris,
Demolition doit beaucoup à Ripper Owens qui se lâche beaucoup plus que sur le précédent album. Il sauve un album inégal qui fait le grand écart entre plusieurs influences du Priest. Car son plus grand problème est qu’il n’a pas réellement d’unité, sa tape dans tous les sens et il n’y a pas une atmosphère donnant du liant à tout ça. Néanmoins il comporte son lot de titres sympathiques, donnant un autre aperçu de ce que peut être le Priest.