Hey, dit papa, c’est quoi le sleaze ?

D’une, je ne suis pas ton père, Luke. De deux, le sleaze c’est quoi ? Tout simplement quelques faux durs qui s’amusent a rejouer les riffs des quatre premiers albums de Motorhead plus ou moins vite, planqués derrière des degrés divers de punk, de stoner, de rock’n roll vintage, et de glam. Tout en essayant de se tirer un max de groupies au passage. Esprit rock, tout ça.

Euh, c’est pas très précis comme définition…

Ben je dirais que c’est plus un état d’esprit et un certain feeling de composition qu’un réel genre musical formel.

J’ai rien compris. Si il y a du glam, ça veut dire que c’est un truc de filles non ?

Hum, il y a peut être un peu de ça, oui. Mais c’est moins marqué. C’est facile, accessible, léger et parfois ça parle d’amuuur. Et puis a un moment donné ce qui est un truc de filles devient une affaire d’hommes. Ces messieurs se doivent d’aller chercher les filles là où elles sont.

J’ai écouté un peu. Ca ressemble drôlement a du punk.

Pas faux. Mais ça dépend un peu des groupes. Comme je t’ai dit, c’est plutôt un état d’esprit. Et puis, même si c’est musicalement proche, le sleaze c’est moins embarrassant que le punk, tu n’as pas a t’y investir. Pas de convictions politiques à brandir ou de commentaire social ennuyeux à se farder. C’est pas engagé le sleaze.

C’est vieux ?

Bah ça, j’en sais rien… Moi tu sais je ne m’intéresse qu’au sleaze moderne, daté de moins de 10 ans. Avant, ça s’appelait peut être pas comme ça. Et puis la définition a sans doute changé au cours des années. Y’a des noms d’anciens qui me viennent : The Wildhearts, Hanoï Rocks… En remontant un peu, on pourrait dire que ça a des accointances avec le hair metal et le glam, tout ces trucs des années 80. Mais enrichi au fuel punk et au rock’n roll.

Y’a quoi comme groupes ?

Tu commences a m’emmerder mon petit, et là ma bière se réchauffe. Je vais te parler des Backyard Babies et pour le reste tu verras avec ta mère.

Les Backyard Babies sont tout sauf des mômes. En effet, la formation du groupe doit dater de 1987, dans une petite ville suédoise du nom de Nässjö (a vos souhaits). Le line up est alors identique a l’actuel, à savoir Tobbe au chant, Dregen a la gratte, Johan Blomqvist a la basse et Peder Carlsson au bandonéon. Nicke Borg arrive en 1989 pour remplacer Tobbe, et joue en plus de la guitare. Ca n’a pas bougé depuis.

Cette formation est donc largement antérieure au revival rock suédois de la fin des 90’s et par voie de conséquence a celui qu’on connaît plus ou moins actuellement.

( Juste pour l’anecdote : en 1994 le guitariste Dregen monte un petit side project avec son pote Nicke Andersson. Ils décident d’appeler ça « The Hellish Helicopters from Sweden » puis, voyant que le nom ne loge pas sur les pochettes, décident de le raccourcir en « Hellacopters ». Tout de suite, ça va mieux. Dregen jette l’éponge en 1998 pour se concentrer sur son bébé (d’arrière-cour). )

Et maintenant, en avant les harengs.

Diesel and Power

Déjà ça part bien. Après une intro qui mélange bizarrement un air countroïde et la BO d’un documentaire sur l’Egypte, on enquille sur un Bad to The Bone chaloupé. Le ton est donné : d’entrée ça fume gras, et on entend les carbus de six pouces aspirer le diesel pour le transformer en power. La route 66 est a deux mètres de vos enceintes.

Tout l’album est empreint d’un américanisme envahissant (rien que d’en parler je sens l’odeur du chewing gum), pas forcément désagréable au demeurant mais qui surprend de la part de branleurs suédois tous justes sortis de l’adolescence et de leur patelin. Par rapport a pas mal de « debut-album » du style, les tempos sont bien plus lents et moins typés punk. Et ça a tout de suite 10 fois plus de gueule. D’ailleurs on remarque une maturité étonnante pour un coup d’essai. La production et le chant ne sont qu’a peine approximatifs, et les compos étonnement variées.

Ce disque souffre du défaut classique ; 54 minutes c’est vraiment trop long, surtout pour ce style musical. Vous vous appelez les Backyard Babies ou les Flower Kings ? Diesel and power. On se serait passé du mazout pour garder que le power. De 20 minutes au moins.

Note : 6.5/10

Strange Kind of Attitude : Allez, ça parle encore de gonzesses. Vous pensez donc qu’a ça ? Oui ? Bon, si ça vous permet d’écrire des trucs pareils, c’est ok.

Love : Ce titre traite de la plantation du tabac en Guinée équatoriale. Non, je déconne, en fait il cause du championnat de lutte mongole d’Oulan-Bator. Bref, un mid tempo naïf, paré de cuivres du plus bel effet, qui tisse ce genre d’atmosphère délicieuse de fin de vacances d’été.

Kickin’ the Dust around You : ça commence avec un air qui aurait pu être celui des pubs Malboro d’il y a 20 ans, avant de repartir sur le même genre de truc avec option guitares. Ils en font plus des titres comme ça les Babies, et c’est vachement dommage.

Total 13 chro en révision !

Broum, la deuxième livraison. Les Babies ont resserré d’un cran la vis des tempos, et c’est très clairement gonflé de riffs vitaminés que cet album nous apparaît.

C’est du côté des ‘Copters qu’il faut rechercher les accointances : gros brassage d’influences rock’n roll, rockabillesques, combinés avec une assise punky drapée de relents 70’s, la recette est efficace et « live-friendly ».

Oui mais voilà.

On peut trouver ces mitraillages de caisse claire et ce riffage épileptique sympas, mais la plupart du temps ça ne mène pas a grand chose. C’est énergique, mais ce n’est pas un gage de qualité. Et puis, autant Diesel and Power soignait la variété des tempos, autant Total 13 s’en cague un peu.

Ne vous méprenez pas. C’est de la bonne came « au global », mais la qualité est en dents de scie. Les moments top côtoient ceux qui auraient pu l’être, si toutefois ils avait bénéficié d’un élagage en règle des riffs et mélodies un peu trop typiques du style.

Comme un amant(e) fougueux qui s’y prend comme un pied, ce total 13 finit par lasser dans sa débauche d’énergie plus ou moins maîtrisée. Exactement comme leur précédent effort, une partie des titres ne sert strictement a rien. Total 13, 13 morceaux. Total 10 ça aurait suffit.

Note : 7.5/10

U : Oui, toi.

Get Dead : Ce titre a été joué le 24 avril 1984 en Ukraine avec les conséquences que l’on sait.

Spotlight the Sun : On retrouve ces relents 70’s chers aux Hellacopters. Des choeurs aaaahhhoooohhhh sur le refrain, deux guitares qui se causent pas longtemps mais bien, et du riff fabriqué en 1972.

Interlude : Je me permet d’insister sur le fait que ces deux premiers efforts des babies sont réellement gâchés par trop de mauvais morceaux ou de passages insignifiants, et « dégraissés » leur note aurait vite grimpé d’un point. Chez moi c’est ce qui sépare le bon du très bon, et on serait d’ailleurs a 7.5/10, a un demi point de ma note « charnière » soit 8/10, qui est celle où on taquine les références absolues. Dommage hein ?

Making Enemy is Good

Mixé a Hollywood, cet opus marque la fin d’une époque « garage » pour les Backyard Babies. Enfin disons que le garage est plus grand, et qu’il abrite autre chose qu’une Méhari rouillée.

Le son est bien plus massif. La prod est léchée et moderne. Cela aurait relevé de la faute de goût la plus totale si les suédois n’avaient pas revu l’optique de leur sleaze rock. En effet, Making Ennemis is Good est un disque inspiré, sophistiqué, alimenté par un bouillonnement créatif maîtrisé. Un peu éloigné de l’esprit ouanetoutrifor punky qui fait habituellement souche dans ce style musical, et bien plus ambitieux que ce qu’ils avaient produit jusqu’alors. Parés de structures assez recherchées, on ne trouve que peu cette uniformité tempistique coutumière du genre, qui lénifie plus qu’elle excite. Le producteur a même poussé le vice jusqu’à foutre des effets zarbis un peu partout dans les compos (« Ex-Files »), ou bien des chœurs vaporeux, du piano… bref une quantité invraisemblable de détails sonores qui font merveille.

Les mid tempos, où la voix doucement éraillée de Nicke fait merveille (il livre d’ailleurs sur cet album la meilleure performance vocale de toute la carrière des Babies), se font plus nombreux et plus francs. Tout « coule », tout se déroule avec évidence, mais pourtant vous n’avez jamais écouté quoi que ce soit de réellement semblable.

De l’intro qui vous s’ouvre par un « I Love to Roll » beuglé avant de se terminer par le glougloutement d’un shoot bang aux heures de service, des effleurements délicats de « Painkiller » ou « Colours » en passant par un « Bigger W/A Trigger » turbocompressé a 18 bars, tout est au top absolu.

Cet album a tout simplement une putain de classe. Dans le genre, pas loin du sans faute.

Note : 8/10

My Demonic Side : Racée et rutilante jusqu’au bout des riffs, nantie d’un refrain carton, assez spartiate en fin de compte, l’écriture de ce genre de compo est oxymore : Compliqué de faire simple.

Ex-Files : Gorgée de feeling, langoureuse a n’en plus pouvoir, lascive et sensuelle, c’est là dessus que vous emballerez le samedi soir. Mais pas pour promettre une belle histoire où vous aurez beaucoup d’enfants et un crédit immobilier sur 25 ans, mais pour faire comprendre a votre belle que ce soir on teste l’étanchéité des capotes.

The Kids are Right : Mais bien sûr que j’ai raison.

Stockholm Syndrome


Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique bien connu des forces spéciales qui veut que, lors d’une prise d’otages, les capturés se prennent « d’affection » pour leur bourreau. On sait pas ce que fout l’instinct de survie parfois.

En plus d’être un jeu de mots habile (les Babies sont suédois, Stockholm tout ça), rarement album n’aura si bien porté son nom. Les Backyard Babies se sont fait l’otage d’une production et d’une direction artistique empruntée. Mixé et masterisé a Los Angeles (et plus a Hollywood), il est bien entendu que le son est tout à fait propre et gros.

Cet album est loin d’être mauvais. C’est juste que ça manque un peu d’âme. Et puis cette prod de nantis avait du crédit sur « Making Enemies is Good », car ce disque en voulait. Là, « Stockholm Syndrome » est tout simplement surproduit par rapport a sa dimension artistique. D’où cette sensation persistante de « ça colle pas ». Pourtant, sur « A Song for the Outcast », l’album redevient cohérent. Car il vise haut, et là il se donne en plein accord avec ses ambitions.

Bon, ça tourne, car les bouffeurs de rollmops savent écrire, et pas forcément toujours la même chose : Du lourd avec « One Sound », du vigoureux avec « Everybody Ready » ou « Shut the Fuck Up « , et du fadasse avec « Minus Celsius ».

On note quand même un titre vraiment marrant : « Friends », qui voit des potes des Backyard Babies pousser la chansonnette alternativement sur un titre frais et fun. Et tenez vous bien : parmi leurs amis, les suédois comptent … Joey Ramone ! Ca vous la coupe hein ? Lui aussi d’ailleurs, puisqu’il est parti sniffer de la colle à la droite du Saint Père avant la sortie de l’album, et les Babies lui rendent d’ailleurs un petit hommage dans le (magnifique) livret.

Making Enemy is Good avait cette volonté de proposer un disque a nul autre pareil, taillé dans un sleaze racé. Stockholm Syndrome semble vouloir réitérer l’effort, avec les mêmes ingrédients, mais sans la recette qui va bien.

Cette prod, c’est l’instrument de votre perte que vous ne voulez pas quitter. Que fout votre instinct de survie les gars ?

Note : 6.5/10

Everybody Ready ?! : Moi je le suis.

A Song for the Outcast : Un des meilleurs titres écrits par les babies, des riffs, mélodies jusqu’au texte. Je n’en peut plus de cette chanson. Brasser l’énergie et la mélancolie a ce point, putain ça a de la gueule.

Say When : Assez radio friendly, ça n’en reste pas moins un titre fort bien troussé.

People like people like people like us

Quel titre a la con. On dirait celui d’un album de post rock pseudo intello. Après un Stockholm Syndrome englué dans une prod bourgeoise, on est étonné d’entendre ce son basique et dégraissé. Beuh, c’est moche. Je veux dire vraiment. On dirait presque celui de British Steel de Judas Priest, en 2006. Ah oui, le contre-pied ils l’on pris, mais beaucoup trop a gauche. Ca manque de testostécouille.

Bon, un album c’est d’abord de bonnes compos. Je me demandais a quelle sauce j’allais être mangé ce coup ci. Un disque de néo métal ? Déconnez pas, quand on voit le chemin parcouru, on peut s’interroger. Les mecs qui vivent de leur musique, faudrait interdire. Ca embourgeoise le bonhomme. Surtout quand on fait du rock’n roll. Demandez a Axel Rose.

Ben déjà, les Backyard Babies, faudrait leur changer les piles. Mou. C’est la première impression que ça m’a faite. Mais avec des refrains supers. Ca y est ils ont viré pop. Le moderne et puissant Stockholm bidule ayant foiré ses objectifs de vente, il faut taper dans les kermesses dominicales et autres maisons de retraite.

Et puis en fait… Tout s’est mis en place. Un peu comme « By the Grace of God » des ‘Copters, on y revient souvent parce qu’on se surprend à chantonner « Dysfunction Professional » en tortillant des fesses. Parce que vous remarquez que votre esprit ne peut pas se dépêtrer de ces chœurs youhou sur les refrains. Parce que quand vous écoutez un autre disque vous vous demandez pourquoi il n’y a pas cette alternance de chant si super comme sur le dernier disque des ByBbies. Et puis un beau matin vous vous apercevez que Last Fm a comptabilisé 17 écoutes de « The Mess Age » dans la semaine. La production ne pose soudain plus de problème, le léger agacement provoqué par la relative linéarité de l’album est loin, et finalement vous l’aimez ce disque. Pas une de ces passions fougueuses et calcinantes, mais de cette tendresse d’avoir retrouvé une vielle copine pour qui vous nourrissiez des sentiments secrets. Excuse moi ma belle, j’ai un truc à te dire…

Note : 7,5/10

Roads : Une bluette a la con qui vous obligera à serrer votre chéri(e) par la taille en fourrant votre nez dans ses cheveux. J’adore.

I Got Spades : ouais, moi aussi. T’en veux ?

Heroes and Heroines : Encore une compo toute naze, bricolée avec deux bouts de ficelle et une paire de riffs punk d’entrée de gamme. Expliquez-moi pourquoi ça fait la quatrième fois que je l’écoute d’affilée.

Bonne chro pour un très bon groupe. J'avais découvert grâce à un morceau du live à Paris dans un Rock Hard de l'an dernier, j'ai de suite foncé sur ce live (qui était vendu avec un Best Of pas dégueu non plus). J’ai aussi chopé Making Enemy is Good qui est une vrai tuerie et le dernier que j’ai pas trop écouté pour l’instant. En tout cas j’adore vraiment leur style et le côté fun/pas prise de tête du groupe et de leur musique. Bref, j’adore. Faut que j’écoute les autres albums.

Ward, t'es mon pote.

Romdu, Queenie et toi me donnez envie de découvrir les BB. Je vais donc m'y employer et faire péter les mp3. J'espère juste qu'on me laissera les écouter au taule.

y me faut ce nouvel album bon sang, les autres m'ont déjà scotché et en live c'est tout bonnard !!!

z'avez vu, chez Hard'n'Heavy y sont de plus en plus méchant, ils lui ont collé 1,5 sur 5 au dernier album !!! Ils les écoutent pas c'est pas possible, ils prennent aucun recul !!!

tu sais le Rage a pris 1 chez eux, je ne tiens guere compte de l'avis de ces peintres perso, au contraire, ça donne envie d'écouter

ah mais je suis d'accord avec toi, je m'occupe pas des chroniques, heureusement, sinon on passerait à coté de bijou bien souvent !!!

Kiki n'est pas fan des babies (elle c'est les 'copters), mais ça ne saurait tarder. Suffit que je retrouve une photo du guitariste blond avec un chapeau (et qui est surnommé "Nicke" lui aussi) et c'est dans la poche. J'en profite aussi pour dire que vais un peu réviser mon jugement pour Total 13. En fait il est meilleur que ce que j'ai écrit. Il gagne 1pt, et sans doute quelques mots supplémentaires dans ma chro.

hop :

http://www.backyardbabies.com/pictures/ ... press2.jpg

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Voilà. Mais si ça se trouve elle va préferer Dredgen avec sa bouche en cul de poule et son mascara.

Elle n'est pas fan, mais a quand même poussé des hurlements à l'annonce d'un concerts des Babies (avec les 'Copters, justement, et Millencolin) en Suède. Et après, elle m'assure qu'elle n'est pas une groupie. ^^ (Je me moque, pardon, pardon.)
Enfin, je ne sais pas trop pour lequel des groupes elle exultait le plus. Je vais encore profiter d'elle et me faire envoyer les BB. Etant, je le rappelle, musicalement influençable, je suis déjà sûr de taper du pied et remuer la tête (j'ai même aimé Rock & Roll Is Dead, c'est dire).

Crois bien que ses hurlements étaient poussés a l'adresse de Nicke Andresson alias Nicke Royale alias le chanteur des 'Copters. Pour ce qui est de sa groupitude, personne n'est dupe. Pas même elle.

Vous êtes des monstres. Je n'ai JAMAIS vu en photo Millencolin ou les BB (par contre, j'ai écouté ce qu'ils font. Tsssss.)

Chuis pas une groupie.

Allons allons, je te crois.

/me tend une fleur à Queenie pour se faire pardonner.

J'ai écouté dysfunctional quelque chose sur le cd de rock hard, j'ai adoré, un tube ! Je sens que je vais tenter le cd.